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À La Une - Conflit

Syrie : La diplomatie s'active, mais l'option militaire reste sur la table

Réunion cruciale à Genève aujourd’hui entre Lavrov et Kerry.

Des manifestants à Kfarnobol : « Aujourd’hui, l’Amérique et la Syrie sont deux nations partageant deux tragédies : le 11-Septembre et l’anniversaire d’Assad. » Photo Le Comité de coordination de Kfarnobol

La Russie a transmis hier aux États-Unis des propositions pour placer sous contrôle international l’arsenal chimique de la Syrie. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui a proposé lundi le démantèlement sous contrôle international du stock d’armes chimiques de Damas, a de fait annoncé un « plan réalisable, précis, concret » pour y parvenir, en concertation avec la Syrie. « Nous avons transmis aux Américains notre plan pour mettre sous contrôle international les armes chimiques en Syrie. Nous comptons en discuter à Genève », a d’ailleurs déclaré hier une source au sein de la délégation russe. M. Lavrov et son homologue américain John Kerry se retrouvent en effet aujourd’hui en Suisse pour tenter de sortir de l’impasse entre les Occidentaux et la Russie, fidèle alliée de Damas, sur la manière d’inciter la Syrie à renoncer à ses armes chimiques. Des experts en armement américains seront présents lors de cette rencontre qui pourrait se prolonger jusqu’à samedi, ainsi que l’envoyé spécial de la Ligue arabe et de l’ONU Lakhdar Brahimi. Les négociations s’annoncent toutefois difficiles, et le président russe Vladimir Poutine a appelé les États-Unis à renoncer au recours à la force en Syrie. « Il est difficile de contraindre la Syrie ou un autre pays à se désarmer de façon unilatérale s’il y a une action militaire en préparation contre ce pays », a-t-il déclaré, selon la télévision russe.

 

 

(Eclairage : La concession d’Assad pourrait se retourner contre lui)

 


Projet de résolution « inacceptable »
Moscou a par ailleurs jugé « inacceptable » un projet de résolution préparé par Paris sur les armes chimiques de la Syrie affirmant la responsabilité du régime dans l’utilisation de telles armes et envisageant l’emploi de la force contre Damas en cas de violation des dispositions de la résolution. Confrontés à ce premier refus de Moscou, les présidents américain et français, Barack Obama et François Hollande, craignent une manœuvre dilatoire et n’écartent toujours pas la possibilité de frappes militaires. La France restera « mobilisée pour sanctionner l’usage d’armes chimiques par le régime syrien et le dissuader de recommencer », a annoncé la présidence française hier. Le chef de l’État s’est toutefois dit déterminé à « explorer toutes les voies au Conseil de sécurité des Nations unies, pour permettre au plus vite un contrôle effectif et vérifiable des armes chimiques présentes en Syrie », alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine) se sont réunis hier pour poursuivre leurs discussions à ce sujet, peu après que la ministre européenne des Affaires étrangères Catherine Ashton les eut appelés à « assumer leurs responsabilités » dans la résolution du conflit syrien, et tous les acteurs à avancer vers une « solution politique ».


Côté américain, la Maison-Blanche a affirmé hier que la Russie jouait son « prestige » dans le processus diplomatique qui s’engage sur les armes chimiques syriennes. Lors de son point de presse quotidien, le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, a en outre concédé que les États-Unis abordaient cette nouvelle phase en étant « sceptiques » quant à la sincérité du régime du président syrien Bachar el-Assad. Ces déclarations se sont inscrites dans le sillage d’une intervention la veille de Barack Obama, qui a jugé que la proposition russe de placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international constituait un signe « encourageant ». « Cette initiative peut permettre de mettre un terme à la menace des armes chimiques sans recourir à la force, en particulier parce que la Russie est l’un des plus puissants alliés d’Assad », a déclaré le président américain, tout en reconnaissant qu’il était « trop tôt » pour dire si ce plan aboutirait, et demandant au Congrès de ne pas voter immédiatement sur un éventuel recours à la force. À ce sujet, opposants et partisans de frappes contre la Syrie au Congrès campaient donc sur leurs positions après le discours mardi de Barack Obama, mais approuvaient sa décision d’explorer la possibilité de neutraliser le stock syrien d’armes chimiques avant toute opération militaire. Parallèlement, un représentant de l’insurrection syrienne a annoncé mardi que les États-Unis ont commencé à livrer des armes aux rebelles, lors d’une conférence de presse à Washington, alors que l’assistance américaine se limitait jusqu’ici à du matériel « non létal ». « Les États-Unis fournissent une aide non létale (...) et aussi une certaine assistance létale au CMS », a déclaré Khaled Saleh, évoquant le Conseil militaire suprême qui supervise les opérations de l’Armée syrienne libre (ASL).

 

 

(Eclairage : Le grand silence d’el-Qaëda...)

 


Recours possible à la force, une question-clé
Toujours concernant un éventuel recours à la force contre la Syrie, le président israélien Shimon Peres a affirmé n’avoir aucun doute sur une intervention militaire américaine si la Syrie n’est pas « sincère » sur son arsenal chimique. « Il est toujours mieux d’obtenir des résultats par la diplomatie que par la guerre, mais la question centrale actuellement est la sincérité du régime syrien », a déclaré M. Peres. Ce dernier et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont tous deux exigé hier le démantèlement de l’arsenal d’armes chimiques du régime syrien. Partisane d’une intervention massive en Syrie, la Turquie a exprimé des « doutes » sur l’engagement de Damas à se conformer à un accord sur les armes chimiques, tout en saluant la proposition russe, et demandant que les auteurs de l’attaque chimique du 21 août soient punis. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a quant à lui estimé hier que le recours aux armes chimiques en Syrie devait être « condamné » et nécessitait « une réponse forte ».
Fidèle allié du régime syrien, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a lui espéré hier que la décision de Washington d’attendre les résultats de la proposition russe était « sérieuse ».


Par ailleurs, à Genève, la commission d’enquête mandatée par l’ONU sur les crimes contre les droits de l’homme en Syrie a dénoncé hier des « crimes contre l’humanité » commis par les forces gouvernementales et des « crimes de guerre » commis par l’opposition armée. « Notre échec collectif à prévenir les atrocités commises en Syrie depuis deux ans et demi pèsera lourdement sur la réputation de l’ONU et de ses États membres », a admis le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, lors d’un débat à l’Assemblée générale de l’ONU consacré à la « responsabilité de protéger ».

 

 

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