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Liban - La situation

La perspective des frappes ajourne la formation du cabinet et multiplie les initiatives civiles de dialogue

À l’heure où les frappes occidentales contre la Syrie se confirment, le Hezbollah n’est pas près d’agir en vaincu sur la scène politique libanaise, quand bien même il tenterait de la réintégrer subtilement. Le retrait de ses combattants de Syrie serait prévu à la mi-décembre, comme le confirment des informations du 8 Mars, qui réfutent toutefois l’allégation selon laquelle ce retrait ferait suite à la responsabilité de Damas dans l’attentat de Roueiss (banlieue sud).

 

En même temps, l’imminence de la formation d’un nouveau gouvernement n’a jamais été autant ressentie, depuis la désignation du Premier ministre Tammam Salam. La grève initiée par les organismes économiques, marquée par la fermeture des banques et des commerces aux quatre coins du pays, notamment dans la capitale, est un ultime cri d’alarme pour remplir le vide de l’exécutif, devenu une véritable menace au niveau de la vie quotidienne, aussi bien au plan socio-économique que sécuritaire. La revendication claire des instances économiques, dont les délégués se sont rendus à Baabda, n’est pas seulement la formation d’un cabinet, mais la reconnaissance de la déclaration de Baabda et de la politique de distanciation comme constante substantielle du prochain gouvernement.


Le 14 Mars, qui s’était attelé à défendre la formule d’un cabinet neutre, seul garant de la non-participation du Hezbollah au pouvoir exécutif, à l’heure où le parti chiite participe aux combats en Syrie, s’est résigné tout récemment à consentir à toute formule gouvernementale, sous réserve d’insérer la déclaration de Baabda au cœur des constantes ministérielles. En contrepartie, le Hezbollah devrait renoncer à la condition du tiers de blocage. Ces concessions devraient permettre la naissance du cabinet préconisé par Tammam Salam, selon la formule des trois huit (huit portefeuilles relevant respectivement du 8 Mars, du 14 Mars et des centristes). Jusqu’à hier, la détermination du président de la République (salué hier à Dimane, où il réaffirmait ses efforts « rassembleurs ») et celle du Premier ministre désigné se dirigeaient vers la formation d’un gouvernement « fédérateur et juste », sur base de noms avancés par chaque partie, le choix final revenant à Mousseitbé, en coordination avec Baabda. Des informations circulaient même sur la formation du prochain cabinet avant le départ du chef de l’État à Nice, où il doit prendre part demain à la cérémonie d’ouverture des Jeux de la francophonie.


Il semblerait néanmoins, comme l’indiquent les milieux de Mousseitbé, que les deux présidences se soient résolues à attendre les répercussions sur le Liban de l’attaque occidentale contre la Syrie. Notons que le Premier ministre désigné est attendu aujourd’hui à Baabda.


C’est dans ce cadre que paraît s’inscrire la position ferme exprimée par le « numéro deux » du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, qui a marqué hier un refus net de la formule des trois huit, « non représentative des poids respectifs de chaque partie ». Des milieux diplomatiques occidentaux cités par l’agence d’information al-Markaziya relient d’ailleurs « la rigidité » du Hezbollah sur le dossier ministériel aux concertations diplomatiques en cours pour trouver une issue à la crise syrienne. Il semblerait, selon ces milieux, que l’Iran n’est pas près de livrer une bataille régionale et préfère que Damas endosse toute initiative russe pour une solution politique à la crise, en l’occurrence la formation d’un cabinet de transition, présidé par le général Ali Habib, avec le maintien du président syrien jusqu’à l’échéance de 2014. Toutefois, pareille solution ne serait pas à même d’épargner au Liban des répercussions, qui pourraient se traduire par de nouveaux attentats, comme disent le craindre ces mêmes milieux.


Dans le cadre de cet attentisme – encore et toujours –, l’échiquier semble se redessiner : après sa seconde initiative, appelant d’urgence à une séance de dialogue en vue de la formation d’un cabinet, initiative vivement contestée par le 14 Mars, le président de la Chambre aurait choisi de se murer temporairement dans le silence et se trouve en dehors du pays ; le général Michel Aoun doit recevoir aujourd’hui l’ambassadeur saoudien à Rabieh, dans le cadre d’un rapprochement dont les contours n’ont pas encore été entièrement élucidés (la conférence hier du ministre sortant de l’Énergie, qui a mis en garde contre « les agents pétroliers israéliens qui veulent empêcher les forages au Liban », serait-elle un rappel de l’attachement aouniste au portefeuille de l’Énergie ?) ; enfin, le la commission commune du Courant patriotique libre et du Parti socialiste progressiste tiendra sa première réunion aujourd’hui dans l’après-midi, dans le but « d’immuniser le Chouf et le Mont-Liban des répercussions désastreuses du dossier des réfugiés »... D’autres initiatives, comme celle d’un futur sommet islamo-chrétien annoncé par le député Salah Honein, ou encore la mise en commun des constantes de Saydet el-Jabal et de la Concertation chiite pour « une feuille de route vers la paix » sont autant d’indices d’une mouvance civile et politique, liée à une volonté de sauver le Liban de la crise régionale. Comme si le dialogue national avait déjà été lancé...

 

 

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"La perspective des frappes" : Encore un autre alibi-dada !

Antoine-Serge KARAMAOUN

10 h 34, le 05 septembre 2013

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Commentaires (2)

  • "La perspective des frappes" : Encore un autre alibi-dada !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 34, le 05 septembre 2013

  • GOUVERNEMENT D'UNION NATIONALE AUJOURD'HUI AVANT DEMAIN ! ACCEPTATION DE LA DÉCLARATION DE BAABDA PAR TOUS SANS EXCEPTION !

    SAKR LOUBNAN

    07 h 59, le 05 septembre 2013

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