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À La Une - Exposition

Saïd Baalbaki, de chaos et d’exode...

À la galerie Agial, seize huiles de Saïd Baalbaki réunies sous l’intitulé « Belt » forment un accrochage en phase avec l’actualité.

« Belt », huile sur toile, 200 x 160 cm (2013). Photo Michel Sayegh.

À peine franchi le seuil de la galerie, une grande toile représentant une veste d’officier, de dos, vide au niveau de la tête mais les poings rageurs et haut tendus, vous saute aux yeux. Écrasant toutes les autres par la véhémence et la violence qui en émanent, cette représentation symbolique de la barbarie du pouvoir, du chaos et du fracas des bottes qui sévissent dans la région ne manque pas d’interpeller les visiteurs de l’exposition que consacre Agial* aux récentes peintures de Saïd Baalbaki.
Un accrochage intitulé «Belt», en référence à une autre huile de la même veine, dans laquelle ce même personnage décapité, surdimensionné et émergeant d’un tas de débris brandit une ceinture comme un fouet !
Deux œuvres élaborées entre 2009 et 2011 mais qui évoquent, inévitablement, certains monstres d’inhumanité qui massacrent, détruisent et sèment la terreur à nos
frontières !

Brutalité de l’histoire
Obnubilé par la guerre, les conflits, la brutalité de l’histoire contemporaine, celle du monde, de la région et, plus particulièrement, du Liban, Saïd Baalbaki n’en finit pas d’explorer, à travers son art, les thèmes de la violence des armes, de ses répercussions et de ses séquelles. À savoir : le déracinement, l’exode, le sentiment de perte identitaire...Creusant dans ses propres souvenirs d’enfant arraché à son Sud natal par l’occupation israélienne et réfugié avec sa famille à Beyrouth dans le quartier de Wadi Abou Jamil, cet artiste, qui partage aujourd’hui son temps entre Beyrouth et la capitale allemande (il est titulaire du President’s Prize de l’Université des beaux-arts de Berlin), poursuit inlassablement dans ses peintures, mais aussi dans quelques œuvres plus conceptuelles un travail d’exorcisme de son vécu de guerre.
À travers des toiles – pouvant apparaître quelque peu répétitives – reproduisant différentes configurations d’amoncellement d’objets personnels (paperasse, livres, vêtements, radio...), de balluchons et de malles, Saïd Baalbaki exprime les sentiments de déracinement, d’instabilité et d’insécurité qui imprègnent son histoire. Et s’infiltrent dans son rapport à son pays.
Une relation ambivalente faite de fantasme et de réalité, de souvenirs et de vérité se dessine ainsi dans la dizaine d’huiles de moyenne et grande dimension (qui vont de 40 x 30 cm à 200 x 160 cm), réalisées entre 2009 et 2013, qu’il accroche sur les cimaises jusqu’au 28 septembre.
Des sortes de «natures mortes» aux harmonieuses variations chromatiques qui flirtent avec l’abstraction, le symbolisme et le surréalisme pour donner aux objets représentés l’expressive et poétique narration d’une expérience humaine.
Mais aussi une série de petits « paysages d’objets », juxtaposés sous un « Mon [t] Liban » en néon clignotant, qui joue avec un mélange d’humour et de lucidité sur la réinterprétation contemporaine des célèbres « vues de montagne » des pionniers de l’art libanais.

* Agial, rue Abdel-Aziz. Horaires d’ouverture : de lundi à vendredi, de 10h à 18h. Les samedis : de 10h à 13h. Tél. 01/345213.



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