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Culture - Concert

Machrou3 Leila lance son nouvel album, « Ra’asuk », au Music Hall

Le groupe libanais a fait salle comble pour le lancement de son troisième opus, « Ra’asuk ». Il s’agit du premier album de Machrou3 Leila à bénéficier du « crowdfunding » pour sa campagne de distribution.

Ibrahim Badr, Carl Gerges, Haig Papazian, Omaya Malaeb, Firas Abou Fakher et Hamed Sinno ont assuré le show pendant plus d’une heure et demie... Photo Marwan Assaf

Machrou3 Leila n’a définitivement plus rien à prouver. Après cinq ans de succès au Liban et dans le monde arabe, le groupe de pop « indé » arabophone a su se faire une place parmi une jeunesse qui a vu en sa musique une désinvolture nouvelle, une plume novatrice et une affinité réconfortante, quoique déroutante, avec le quotidien. Fort de leurs sonorités alliant rock occidental et thèmes beyrouthins, le groupe a pu se produire en France, en Turquie, en Jordanie, en Tunisie, mais aussi sur la prestigieuse scène du Festival de Baalbeck l’an dernier. Et ce qui était destiné à n’être que « le projet d’une nuit » semblerait avoir réussi à s’assurer une continuité et se hisse aujourd’hui sur un palier supérieur avec la sortie de son troisième opus après l’album éponyme Machrou3 Leila et Lhall Romansi, Ra’asuk (Ils t’ont fait danser).
Après six mois passés à rechercher l’endroit convenable pour se produire à l’occasion de la sortie de son album, le groupe a finalement opté pour le très chic Music Hall de Beyrouth, désempli de ses divans pour accueillir les 1 500 fans au rendez-vous. L’occasion est de mise : Ra’asuk est, jusque-là, l’album le plus attendu de Machrou3 Leila, celui pour lequel les membres du groupe ont consacré plus de deux ans de travail acharné, ayant espéré un album plus mature et plus travaillé, à l’écriture plus précise. Ils ont enregistré leurs nouvelles chansons à Montréal, aux studios Hotel 2 Tango.
Mercredi soir, Ibrahim Badr, Carl Gerges, Haig Papazian, Omaya Malaeb, Firas Abou Fakher et Hamed Sinno, le chanteur du groupe, ont assuré le show pendant plus d’une heure et demie, alternant avec générosité leurs nouvelles chansons et les titres-phares des deux précédents albums. Parmi ceux-ci, Fasateen, Raksit Leila, Habibi, El-Hall Romancy, Shim el-Yasmine qui traite de l’homosexualité, ou encore Im-Bim-Billilah, reprise en cadence par le public. Sautillant, dansant, débridé et débridant, jurant de temps à autre, fidèle à ses habitudes et arborant des chaussettes fuchsia criardes assorties aux couleurs du nouvel opus, Hamed Sinno a chanté l’amour, la guerre, la patrie, la différence et la liberté, dans une atmosphère conviviale.
« Cela fait plus d’un an que nous ne nous sommes pas produits sur une scène à Beyrouth, a clamé le chanteur à la voix cassée. Nous sommes vraiment heureux d’être là. » Des affirmations sincères, sans doute, le groupe ne se laissant pas prier deux fois à l’issue du concert pour regagner la scène et interpréter quatre autres tubes à la demande du public. « Nous amorçons avec ce concert le début d’une grande tournée qui passera par Londres, Paris, New York et Berlin », poursuit Hamed au terme du concert, dévoilant les prochaines stations du groupe qui a été reçu au printemps par l’humoriste égyptien Bassem Youssef dans son émission Al-Barnameg.
Cette tournée internationale, Ra’asuk devrait enfin permettre à Machrou3 Leila d’exporter sa musique en Occident, un idéal auquel le groupe aspire. Soucieux en effet d’assurer une campagne massive de promotion et une large distribution à leur nouvel album au Liban et à l’étranger, sans toutefois recourir à une boîte de production qui pourrait réglementer leur musique au prix même de lui faire perdre de son identité, l’ensemble musical a eu recours, il y a quelques mois, au « crowdfunding », sollicitant ses fans pour des donations par Internet pour atteindre la somme de 66 000 dollars, nécessaires au lancement de l’opus. « Aidez-nous à revendiquer un art meilleur. Aidez-nous à rester nous-mêmes. Aidez-nous à occuper la pop arabe », martelait le message sur la toile.
Il faut dire que rien ne manque à Ra’asuk pour s’expatrier avec ses chansons, subtilement écrites. Nous en retiendrons Iskandar Maalouf, ode aux jeux interdits ; Ma Tetrekni Hayk, version Leila de Jacques Brel, et Wen3id. « Nous avons écrit cette chanson à Montréal quand a eu lieu l’explosion d’Achrafieh, place Sassine, expliquait Hamed Sinno. C’est alors que l’album a plutôt laissé tomber les thèmes de l’amour pour se consacrer plus à la politique. »
Un album déjà disponible dans les bacs et qui s’inscrit dans la lignée musicale du groupe. Car s’il a voulu conserver sa liberté de création et son identité singulière, le pari du groupe est gagné : Ra’asuk ne porte que les traces d’empreintes de Leila.
Machrou3 Leila n’a définitivement plus rien à prouver. Après cinq ans de succès au Liban et dans le monde arabe, le groupe de pop « indé » arabophone a su se faire une place parmi une jeunesse qui a vu en sa musique une désinvolture nouvelle, une plume novatrice et une affinité réconfortante, quoique déroutante, avec le quotidien. Fort de leurs sonorités alliant rock occidental et...
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