Aoun : Les services de sécurité travaillent chacun pour son propre compte

À l’issue de la rencontre hebdomadaire du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun s’est adressé aux journalistes. Il a estimé que « celui qui entrave les décrets d’extraction du pétrole est complice du complot ourdi contre le Liban ». Il a ainsi indiqué que certains décrets expirent le 2 septembre et n’ont pas encore été signés, précisant aussi qu’Israël ne veut pas que le Liban exploite ses ressources pétrolières pour pouvoir prendre une avance et prendre le monopole du marché pour les dix prochaines années.
Aoun est aussi revenu sur le dossier des déplacés syriens, rappelant que depuis le premier jour de la crise syrienne, il avait demandé aux autorités de contrôler les frontières et de recenser les déplacés syriens. Mais cela n’a pas été fait, et l’état de la sécurité laisse à désirer. Selon lui, les complots ourdis à l’étranger ne peuvent pas réussir s’il n’y a pas des complicités à l’intérieur. Il a ajouté dans ce contexte que « sans cette complicité, les forces de sécurité auraient pu contrôler la situation ».
Interrogé sur l’avertissement d’Ahmad el-Assir aux chrétiens sur la possibilité qu’ils soient visés par les attentats, le général Aoun a répondu que « les chrétiens ne sont pas différents des autres Libanais. Nous sommes tous plongés dans les complots qui ne s’arrêteront que si la sécurité est contrôlée ». Selon lui, si la sécurité était sous contrôle, les mesures prises auraient été suffisantes pour contrôler les frontières et les régions. Aoun a aussi demandé aux autorités compétentes de ne pas se contenter d’attendre les éléments armés dans les rues, mais de perquisitionner les dépôts d’armes, ajoutant qu’il est difficile de contrôler la sécurité tant qu’il y aura des parties qui assurent des couvertures et un environnement favorable aux éléments armés.
Aoun a encore précisé que le nombre de déplacés syriens a dépassé le million et demi, rappelant qu’ils sont traités comme de simples travailleurs, alors que les ministres du bloc du Changement et de la Réforme avaient proposé un plan de solution à ce problème. Il a affirmé que « la distanciation avec Ersal, le Akkar et Tripoli est inacceptable. Il s’agit de terres libanaises et de citoyens libanais, a-t-il déclaré. Nous avons déjà dit que 500 éléments armés à Tripoli et dans ses environs prennent 400 000 personnes en otages ».
Le chef du CPL a précisé que les takfiristes apparaissent d’abord comme inoffensifs, mais lorsqu’ils prennent de l’importance, il devient impossible de les contrôler et commencent à former des cellules terroristes. Il a rappelé qu’il avait proposé une stratégie de défense en 2008 face au danger des cellules terroristes... Aujourd’hui, il y a un manque de contrôle au sein des services de sécurité eux-mêmes, qui travaillent chacun pour son propre compte. Il s’est ainsi demandé qui assume la responsabilité de la situation actuelle. « Les responsables actuels, qu’ils soient complices par négligence ou pas, peuvent-ils encore faire quelque chose ? s’est demandé le général Aoun. Qu’ils prennent donc les mesures concrètes que nous leur réclamons. Une seule patrouille qui effectue une perquisition dans une permanence où il y a des terroristes a plus d’efficacité que 500 éléments à un barrage. »
Aoun a révélé que 500 personnes font des barrages dans la banlieue sud de Beyrouth, mais il s’est demandé qu’est-ce qui est fait pour cette banlieue. « La patrie est une seule scène, a-t-il déclaré. Tant que certains assureront un environnement favorable (aux takfiristes), on ne pourra pas se débarrasser d’eux. »
Interrogé sur une éventuelle frappe occidentale en Syrie et ses répercussions sur le Liban, le général Aoun a répondu : « La Russie a affirmé qu’elle ne mènera pas de guerre pour qu’on ne dise pas que telle partie a déclaré la guerre à l’autre. » Il a aussi relevé le fait que les préparatifs en vue d’une telle frappe contre la Syrie sont très limités, ajoutant que les réactions psychologiques sont plus fortes que les autres, mais il a émis le souhait que l’on puisse éviter un incendie.
Interrogé sur la responsabilité du 8 et du 14 Mars telle qu’évoquée par le patriarche Raï, Aoun a répondu que celui qui a décidé de provoquer des explosions au Liban n’est lié ni au 8 ni au 14 Mars. Il a enfin conclu en affirmant sa confiance dans les institutions légales comme l’armée et les FSI.