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À La Une - Liban

Tripoli : Calme et sécurité renforcée au lendemain du drame

El-Qaëda accuse le Hezbollah d'être derrière les attentats.

Un habitant de Tripoli circule à vélo près d'un des sites de l'attaque meurtrière. AFP/IBRAHIM CHALHOUB

Un calme précaire régnait samedi à Tripoli, au lendemain d'un double attentat meurtrier qui a secoué la capitale du nord du Liban, faisant 45 morts, selon un nouveau bilan diffusé par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).

Selon l'ANI, au moins 15 corps calcinés n'ont toujours pas été identifiés, alors que trois enfants de la même famille font partie des victimes. La Croix rouge libanaise a fait état de 500 blessés, le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati avançant, lui, le chiffre de 900 blessés. Samedi, 280 blessés étaient toujours hospitalisés.

Cette attaque est la plus meurtrière depuis la fin, en 1990, de la guerre civile au Liban qui pâtit du conflit en Syrie.

 

Carte réalisée par Elie Wehbé

 

 

Enquête

Samedi, déclaré journée de deuil national, la ville portuaire qui d'habitude grouille de monde semblait paralysée, avec des rues désertes, très peu de circulation et des magasins fermés, alors que la Défense civile et les autorités compétentes sont revenues tôt sur les sites des explosions afin d'évaluer les dégâts et poursuivre l'enquête.

Sur ce plan, les services de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) ont arrêté un cheikh, a annoncé l'ANI. Selon l'agence libanaise, cheikh Ahmad el-Gharib a été arrêté car il apparaît dans un des enregistrements d'une caméra de surveillance de la mosquée al-Salam, près du site de l'explosion. Une force des SR a saisi plusieurs armes et grenades au domicile du cheikh, après son arrestation, a précisé l'ANI.

 

Le site internet américain SITE a par ailleurs indiqué samedi qu'el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi) accuse le Hezbollah du double attentat et le menace de représailles. "Cet ignoble parti [le Hezbollah] (...) devrait savoir qu'il sera bientôt puni", déclare Aqmi, selon SITE. "Nous savons avec certitude que derrière cet acte déplorable il y a la main de l'ignoble (...) Hezbollah, qui est aux côtés de Bachar [el-Assad] en Syrie", déclare Aqmi dans ses tweets cités par SITE.

 

Le double attentat de Tripoli est intervenu huit jours après l'explosion d'une voiture piégée à Roueiss, dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah chiite. Cet attentat, qui a fait 27 tués, était le deuxième frappant la banlieue sud en un peu plus d'un mois.

 

Cette vague d'attentats risque d'exacerber les tensions confessionnelles au Liban. Des tensions qui vont en s'aggravant depuis le début du conflit en Syrie. Alors que des hommes du Hezbollah combattent sur le terrain aux côtés des troupes d'Assad, des éléments sunnites apportent leur soutien aux rebelles syriens. Tripoli est en outre régulièrement le théâtre d'affrontements entre sunnites, qui soutiennent en majorité la rébellion syrienne, et alaouites (une branche du chiisme), favorables au régime Assad.

 

L'opposition syrienne a d'ailleurs accusé le régime de Bachar el-Assad d'être derrière les attaques perpétrées au Liban. "Les deux attentats de Tripoli et celui perpétré dans la banlieue sud de Beyrouth récemment sont un projet de dissension ourdi par un régime criminel d'un autre temps, pour provoquer un conflit odieux qui entraînerait la région vers la destruction et le chaos", affirme la Coalition nationale syrienne, principal mouvement de l'opposition, dans un communiqué diffusé vendredi soir tard. Cette situation de chaos "entraînera le Liban et la région dans l'abîme", indique l'opposition.

 

 

(Témoignages : « Je me sens en danger, mais surtout complètement perdu... »)

 

 

Psychose
Dans ce contexte tendu, des hommes armés en civil se sont postés dès vendredi soir devant les mosquées dans certains quartiers, mais aussi près de sièges de partis politiques, de maisons de députés et de dignitaires religieux. Les forces de sécurité arrêtaient et fouillaient toute voiture suspecte.
Des commerçant ont également mis des barrières en métal devant leurs magasins, signe de la psychose des habitants qui craignent un nouvel attentat.

Mercredi, l'armée libanaise avait annoncé être en "guerre totale" contre le "terrorisme", affirmant poursuivre depuis des mois une cellule "qui prépare des voitures piégées", dont celle qui a explosé à Roueiss le 15 août, dans le but de "provoquer une dissension confessionnelle".


Une réunion sécuritaire extraordinaire a eu lieu au domicile du chef du gouvernement sortant Nagib Mikati à Tripoli. Plusieurs responsables y ont participé, dont le ministre sortant de l'Intérieur Marwan Charbel et le ministre sortant des Finances Mohammad Safadi. Les discussions ont porté sur les mesures à prendre après les attaques.

 

 

(Lire aussi: Pour la énième fois, la classe politique condamne, unanime...)



Dans le même temps, les premières funérailles des victimes ont eu lieu dans le Akkar, non loin de Tripoli. Plusieurs familles ont choisi d'enterrer à la hâte dans la nuit leurs morts en raison du mauvais état des corps dont certains étaient carbonisés. Des funérailles étaient néanmoins prévues pour les autres victimes après la prière musulmane de midi à Tripoli.

Les explosions se sont produites à quelques minutes d'intervalle devant deux mosquées sunnites de Tripoli distantes d'environ 2 km. Des images prises par les caméras de surveillance au moment des explosions montrent les fidèles écoutant la prière dans la mosquée avant d’être interrompus par le souffle énorme de l’explosion suivie d’un mouvement de panique, les gens se mettant à courir dans tous les sens. Immédiatement, c'est le chaos, avec, dans la rue, des corps carbonisés, des manifestations de colère, des personnes en pleurs à la recherche de leurs proches, des dizaines de voitures en feu, des devantures d’immeubles dévastées et une immense fumée noire dans le ciel, tandis que des hommes transportaient dans leurs bras des blessés, le visage en sang.

 

Une vidéo postée par la chaîne LBC montrant les fidèles prier dans la mosquée al-Salam quelques secondes avant l'explosion.



Réactions internationales
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a "condamné avec vigueur les attentats terroristes de Tripoli".

Il a dénoncé "les groupes takfiris (extrémistes sunnites, ndlr) qui cherchent à semer la division pour porter atteinte à l'unité nationale du Liban et à la coexistence pacifique des différentes communautés libanaises", ajoutant que ces groupes faisaient le jeu "des sionistes".

Côté occidental, les Etats-Unis ont condamné avec force le double attentat. "Les Etats-Unis pressent toutes les parties de faire preuve de calme et de retenue et d'éviter toutes les actions qui contribueraient à alimenter le cycle des violences et des représailles", selon un communiqué du département d'Etat.

L'Union européenne s'est déclarée "horrifiée".

Dans une déclaration unanime, le Conseil de sécurité de l'ONU a "condamné fermement les attentats terroristes", et souligné "l'importance pour toutes les parties libanaises (...) de s'abstenir de toute implication dans la crise syrienne". Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a lui aussi condamné le "lâche" attentat.


L'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth a publié un avis appelant ses ressortissants à la prudence, leur rappelant d'éviter tout voyage au Liban et demandant à ceux qui y travaillent de "considérer attentivement les risques qu'ils prennent".


 

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Un calme précaire régnait samedi à Tripoli, au lendemain d'un double attentat meurtrier qui a secoué la capitale du nord du Liban, faisant 45 morts, selon un nouveau bilan diffusé par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Selon l'ANI, au moins 15 corps calcinés n'ont toujours pas été identifiés, alors que trois enfants de la même famille font partie des...

commentaires (2)

Malheureusement, c'est parti pour ! (1975) car vous disiez les FSI avaient des informations pour 7 voitures piégés. 2 ont explosés à Tripoli, donc il en reste 5 , ou vont elles exploser ? dans une zone chrétienne ? ou dans une zone chiite pour l'effet de balancier ?

Talaat Dominique

12 h 28, le 25 août 2013

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Commentaires (2)

  • Malheureusement, c'est parti pour ! (1975) car vous disiez les FSI avaient des informations pour 7 voitures piégés. 2 ont explosés à Tripoli, donc il en reste 5 , ou vont elles exploser ? dans une zone chrétienne ? ou dans une zone chiite pour l'effet de balancier ?

    Talaat Dominique

    12 h 28, le 25 août 2013

  • Tripoli mérite un deuil national mais il faudra tirer les leçons pour ne pas retomber dans les erreurs de 1975 . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    12 h 32, le 24 août 2013

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