Il s’agit du droit fondamental de chaque citoyen, reconnu dans le préambule et l’article 8 de la Constitution libanaise de Taëf ainsi qu’à l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme: le droit à la sécurité/à la sûreté publique.
Dans un pays comme le Liban, faisant face de manière récurrente et journalière à des troubles sécuritaires, ce droit, malheureusement marginalisé et victime de la normalisation d’une patente instabilité, retrouve toute son ampleur avec la nécessité de réclamer son respect.
Il faut rappeler, dans ce contexte, que le droit à la sécurité est l’assise de tout État de droit respectueux des libertés publiques. Il s’agit d’un devoir étatique d’assurer le droit à la sécurité publique des citoyens.
Ainsi, la question majeure qui se pose est la suivante : le droit à la sécurité consacré par les textes de loi a-t-il une effectivité pratique ? La réalité libanaise et régionale est-elle respectueuse de ce droit fondamental consacré par la Constitution et les traités internationaux ?
À travers l’étude du terrain libanais, la réponse est malheureusement négative. Nous sommes tous les jours témoins de l’atteinte à notre droit à la sécurité publique, se traduisant pratiquement par des routes barrées, la présence d’îlots de sécurité et l’impossibilité d’accéder à certaines régions. Cette situation met en péril le respect des droits de l’homme, tel que notre liberté de circulation, notre liberté de déplacement, mais surtout elle ébranle l’autorité publique et nous fait sombrer dans le cauchemar de la justice privée, celle qui consiste à se faire justice soi-même.
Cette atteinte à notre droit à la sécurité se retrouve également dans ce que l’on appelle le printemps arabe. Ce soi-disant printemps arabe qui a débouché sur une avancée démocratique s’est malheureusement traduit aussi par une régression sécuritaire flagrante qui représente une menace pour les droits fondamentaux des citoyens ; il risque de se transformer en un rude hiver pour l’ensemble des populations.
Nous pouvons ainsi recenser de nombreuses atteintes aux droits de l’homme résultant de l’état d’insécurité, dont les populations tunisienne, égyptienne, libyenne et syrienne sont les principales victimes. Nous sommes témoins tous les jours d’actes de torture, de traitements inhumains, d’atteinte à la liberté d’expression, aux droits des enfants, pour n’en citer que quelques-uns.
Il ne fait aucun doute que la mise en place de régimes démocratiques constitue une avancée majeure dans le respect des droits de l’homme, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la sécurité, qui en est un préalable nécessaire.
Le droit a la sécurité est un droit intrinsèque à la condition humaine ; nous devons, en tant que citoyens, nous en prévaloir et en exiger le respect.
Il est vrai que ce droit ne doit pas être poussé à l’extrême car l’on risquerait alors de se retrouver en présence d’un État oppressif, portant atteinte aux libertés publiques. Il faut donc veiller à garder un équilibre entre une dérive sécuritaire et une utopie sécuritaire. Il n’empêche que nous pouvons affirmer que la sécurité est nécessaire pour l’exercice de la liberté. La sécurité est à la fois l’argument ultime justifiant l’atteinte aux droits fondamentaux et, dans le même temps, le reposoir de ces droits. C’est donc dire que le droit à la sécurité fait référence autant à un idéal à atteindre qu’à un ordre à maintenir.
En conclusion, le droit à la sécurité revêt une importance majeure dans la région mais surtout au Liban. Le droit à la sécurité est un droit fondamental de l’homme et une garantie de vie en paix dans une société. Il faut donc réclamer le respect du droit à la sûreté publique, condition préalable à toute vie paisible dans un État de droit et non dans une anarchie.
Zeina OBEID
Avocate, doctorante à l’Université Panthéon-Assas Paris II