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À La Une - Crise

Israël est derrière la destitution de Morsi, accuse Erdogan

La direction des Frères musulmans décapitée en Egypte.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Adem Altan/AFP

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mardi qu'Israël se trouvait derrière la destitution en Egypte par l'armée du président Mohamed Morsi.

Le chef du parti de la justice et du développement (AKP), issue de la mouvance islamiste, a étayé sa thèse en affirmant que lors d'un forum en France avant les élections de 2012 qui ont conduit au pouvoir les Frères musulmans de M. Morsi, "le ministre (israélien) de la Justice et un intellectuel juif utilisent ces termes: +Même si les Frères musulmans remportent les élections, ils n'en sortiront pas vainqueurs, car la démocratie ne repose pas sur les urnes".

 

La Turquie a vivement condamné la destitution du président Morsi et a opté pour un ton très ferme pour réagir à la répression menée par les forces de sécurité égyptiennes contre des rassemblements de soutien au président islamiste déchu.

La Turquie a rappelé son ambassadeur au Caire, ce à quoi l'Egypte a riposté par le rappel de son ambassadeur en poste à Ankara, signe d'une dégradation des liens bilatéraux, traditionnellement bons.

 

Le gouvernement intérimaire installé par l'armée en Egypte a dénoncé ces déclarations "sans fondement et qu'aucune personne sensée ne peut croire", assurant que la "patience de l'Egypte arrivait à sa limite".

 

Ces propos sont très "agressifs, sans fondements et faux", a réagi de son côté un porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest.

 

 

Arrestation de Badie

Parallèlement, les nouvelles autorités égyptiennes ont décapité mardi la direction de la confrérie en arrêtant leur Guide suprême Mohamed Badie.

Cette arrestation est un rude coup porté au mouvement islamiste créé il y a 85 ans et engagé depuis six jours dans une épreuve de force extrêmement sanglante avec les forces de l'ordre, avec près de 900 morts, en majorité des manifestants pro-Morsi, et des centaines d'arrestations.

 

Les Frères musulmans ont cependant assuré que M. Badie "n'était qu'un individu parmi les millions qui s'opposent au coup d'Etat", laissant entendre que le mouvement poursuivrait sa "semaine du refus du coup d'Etat".

 

Les partisans de l'ex-chef de l'Etat déposé et arrêté le 3 juillet par l'armée, font l'objet d'une répression meurtrière à chacune de leurs manifestations depuis que les forces de l'ordre ont rasé mercredi leurs campements au Caire, faisant plus de 280 morts sur la seule place Rabaa al-Adawiya.

 

Rien ne semble arrêter l'armée dans sa répression des Frères musulmans, ce qui fait planer la menace d'un nouveau passage des islamistes dans la clandestinité et le retour des années noires de 1990 avec leur lot de violences sanglantes.

 

M. Badie, 70 ans, a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi dans un appartement proche de la place Rabaa al-Adawiya, devenue emblématique pour les Frères musulmans, qui avaient remporté coup sur coup depuis 2011 les premières législatives puis présidentielle libres du pays.

 

Depuis, les télévisions publiques comme privées, acquises à la cause de l'armée et vantant la méthode forte contre le "terrorisme" dont elles accusent les Frères musulmans, passent en boucle les images de M. Badie, à la barbe blanche bien taillée, l'air prostré, habillé d'une simple gellabiya, la longue tunique traditionnelle égyptienne.

 

 

M. Badie a été transféré à la prison de Tora au Caire, où se trouvent ses deux adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, avec lesquels il sera jugé dimanche pour "incitation au meurtre" de manifestants anti-Morsi.

 C'est dans cette prison qu'est aussi détenu Hosni Moubarak, le président chassé du pouvoir par une révolte populaire début 2011. Ce dernier y est encore détenu dans le cadre d'une seule affaire après avoir obtenu la liberté conditionnelle dans trois autres.

Quant à M. Morsi, toujours détenu au secret, il est depuis lundi sous le coup d'un nouveau chef d'accusation: "complicité de meurtre et de torture" de manifestants.

 

Apparu une seule fois en public depuis la destitution de M. Morsi, M. Badie ne s'était pas rendu aux funérailles de l'un de ses fils tué vendredi au Caire dans des heurts avec les forces de l'ordre désormais autorisées à tirer sur tout manifestant considéré comme hostile.

 

Quelques heures après l'arrestation de M. Badie, les Frères musulmans ont annoncé qu'ils avaient nommé Mahmoud Ezzat pour remplacer temporairement leur guide suprême.

 

 

(Pour mémoire : Le fondateur de Tamarrod veut libérer l’Égypte de « l’organisation fasciste des Frères musulmans »)

 

 

Cycle de la violence relancé

Malgré le tollé déclenché dans la communauté internationale qui a dénoncé un "carnage", le chef de l'armée et nouvel homme fort de l'Egypte, le général Abdel Fatah al-Sissi, a martelé dimanche que son pays ne plierait pas devant les "terroristes".

 

Ces derniers jours, le cycle des violences a été relancé avec la mort en moins de 24 heures de 25 policiers dans l'attentat le plus meurtrier depuis des années au Sinaï et le décès de 37 détenus, tous Frères musulmans, asphyxiés dans un fourgon pénitentiaire.

 

Lundi matin, dans la péninsule désertique du Sinaï, base arrière de nombreux groupes islamistes armés, une attaque à la roquette contre un convoi a tué au moins 25 policiers, portant à 102 le nombre de policiers tués en cinq jours. La télévision d'Etat a retransmis l'arrivée des cercueils au Caire et affichait mardi un bandeau noir en signe de deuil national.

 

Dimanche, dans des circonstances encore troubles, 37 Frères musulmans ont péri asphyxiés dans un fourgon pénitentiaire qui les transportait vers une prison du Caire. La police a évoqué une tentative d'évasion, le camp de M. Morsi a dénoncé un "assassinat" et l'ONU a réclamé une enquête.

 

 

(Pour mémoire : « Les monarchies du Golfe craignaient l’exportation de la révolution des Ikhwane chez eux »)

 

 

"Carnage total"

Human Rights Watch (HRW) a affirmé que les bilans officiels des morts étaient sous-évalués et Amnesty International a dénoncé un "carnage total".

 

Les pays de l'Union européenne, qui se sont dits prêts à "réexaminer" leurs relations avec Le Caire, tiendront mercredi une réunion ministérielle. Les Etats-Unis ont appelé à la réconciliation et dit continuer à examiner leur aide à l'Egypte -1,5 milliard de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée-, tout en reconnaissant que leur capacité d'influence y était "limitée".

 

L'Arabie saoudite a assuré de son côté que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse de l'aide occidentale à l'Egypte et le Qatar, pourtant soutien de M. Morsi, a envoyé une deuxième cargaison gratuite de gaz naturel liquéfié.

 

L'état d'urgence et le couvre-feu nocturne décrétés jeudi restaient en vigueur mais Le Caire, mégalopole de 20 millions d'habitants, a repris une vie quasiment normale la journée, si ce n'était les chars de l'armée déployés sur toutes les grandes artères.

M. Morsi était accusé par ses détracteurs, et des millions de manifestants fin juin, d'avoir accaparé le pouvoir au profit des Frères musulmans et d'avoir achevé de ruiner une économie déjà exsangue.

 

 

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Commentaire

C’est l’autoritarisme qui pose problème, pas l’islam !

 

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mardi qu'Israël se trouvait derrière la destitution en Egypte par l'armée du président Mohamed Morsi.
Le chef du parti de la justice et du développement (AKP), issue de la mouvance islamiste, a étayé sa thèse en affirmant que lors d'un forum en France avant les élections de 2012 qui ont conduit au pouvoir les Frères...

commentaires (5)

j'ai loupé ma bouillabaisse hier...c'est encore de la faute de ce con de Netanyahou.

GEDEON Christian

12 h 23, le 21 août 2013

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Commentaires (5)

  • j'ai loupé ma bouillabaisse hier...c'est encore de la faute de ce con de Netanyahou.

    GEDEON Christian

    12 h 23, le 21 août 2013

  • IL N'Y A QU'ERDO QUI TROUVE À REDIRE !

    SAKR LOUBNAN

    10 h 15, le 21 août 2013

  • C'est pas que je n'apprécie pas la chute de ce mouvement fanatique, mais j'aime pas trop le terme décapité...on décapite beaucoup depuis quelques années par chez nous, et pour de vrai. J'sais pas moi, mise hors d'état de nuire (trop long),emprisonnée(trop faible),pulvérisée (trop définitif)...bon finalement décapitée, c'est pas si mal...au figuré...mais j'y pense,ils aiment pas le figuratif non plus...

    GEDEON Christian

    16 h 51, le 20 août 2013

  • Message clair au petit qatar, à erdogan (que nous allons bientôt entendre cracher son venin encore) et à leurs maitres de l'outre atlantique. La décision Egyptienne est prise. Je rigole... combien je paierai pour assister à la prochaine conversation entre les saoudiens qui soutiennent l'armée Egyptienne (A moins qu'il s'agisse d'un coup de bluff, chose assez normale chez les arabo-golfiens! ) et les américains qui soutiennent le projet obamien de la domination au MO des ses "amis de circonstance" faux frères en Islam (c'est son plan A, le plan B étant de refermer en sandwich ces pays entre contestataires pro et anti charia pour les affaiblir afin de foutre la paix et oublier les criminels judéo-sionistes qui détermine en premier lieu leur politique dans notre région)... projet donc confié aux islamo-turco-qataries et le financier saoudien dans l'illusion de se mettre ensemble contre le "méchant" Iranien.

    Ali Farhat

    12 h 12, le 20 août 2013

  • Un feuilleton d 'horreur à suivre . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    10 h 59, le 20 août 2013

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