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À La Une - Conférence de presse

Près de 700 blessés de guerre syriens soignés par le CICR au Liban cette année

À la veille de son départ du Liban, Jurg Montani, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Liban, fait un bilan de deux années au cours desquelles la crise syrienne n’a fait que s’amplifier.

Quand il évoque devant les journalistes son séjour au Liban, Jurg Montani parle d’un « grand défi ». « Je suis arrivé juste au début de la crise syrienne, dit-il. Personne, en ce temps-là, n’imaginait l’étendue que cette crise allait prendre, non seulement en Syrie, mais aussi dans les pays avoisinants, notamment au Liban. Dans nos contacts avec le gouvernement les premiers temps, on disait qu’on pourrait gérer jusqu’à dix mille déplacés. Aujourd’hui, leur nombre est de presque 700 000, si l’on ne compte que les réfugiés enregistrés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Toutefois, je continue d’être surpris de la manière dont le Liban réussit à gérer cette crise jusqu’à présent, tout en restant relativement stable. »


Les acteurs qui interviennent le plus directement dans le domaine de l’assistance aux réfugiés sont l’UNHCR et le gouvernement. La question des réfugiés n’entre pas directement dans le mandat du CICR, mais celui-ci n’a pu qu’intervenir, vu l’ampleur de la crise. « Nous avons choisi des domaines où nous pouvions apporter une valeur ajoutée, explique M. Montani. Un des grands chapitres a été le traitement des blessés de guerre syriens, une question relativement sensible. Nous avons travaillé surtout dans la Békaa, mais aussi dans le Nord. Nous nous en sommes occupés avec la Croix-Rouge libanaise (CRL), notre partenaire principal puisque de la même famille, qui s’occupe du transfert des blessés vers les hôpitaux. Nous coopérons étroitement avec la CRL – qui a fait une nouvelle fois ses preuves – pour voir quels blessés répondent aux critères du CICR afin qu’ils soient envoyés dans un hôpital avec lequel nous avons un contrat. »


Une assistance bienvenue puisque le nombre de blessés de guerre traités au Liban était en hausse cette année. « Ils étaient 675 il y a deux semaines, leur nombre doit être proche des 700 actuellement, souligne-t-il. Ce chiffre est en hausse par rapport à l’année dernière – 600 pour toute l’année et encore moins l’année d’avant, soit 120 environ. C’est lors de la bataille de Qoussair que nous avons accueilli le plus de blessés. »

 


L’augmentation des effectifs
Cette activité qui s’est intensifiée a nécessité une augmentation des effectifs du CICR au Liban. « Depuis que je suis arrivé (en 2011), le budget annuel a plus que doublé, et nous avons 30 % d’employés en plus en poste au Liban pour répondre à la crise, précise le chef de délégation sortant. Même si notre mission est complémentaire par rapport à celle de l’UNHCR et du gouvernement, cela représente toujours un budget de 20 millions de dollars et une assistance à plusieurs milliers de personnes. Nous avons aussi développé deux nouveaux départements, l’un chargé de l’assistance au niveau de la distribution de vivres, l’autre chargé d’exécuter des projets hydrauliques. Et notre programme de financement du traitement des blessés de guerre a bien sûr été fortement développé. »


M. Montani précise que l’action du CICR englobe également les Palestiniens déplacés de Syrie, dont le nombre est estimé de 60 à 70 000 selon l’Unrwa. Interrogé sur d’éventuelles informations concernant le refoulement de réfugiés palestiniens à la frontière, il a préféré attendre davantage de précisions pour commenter l’affaire. « Nous n’avons rien de très concret, nous avons suivi l’affaire avec l’Unrwa et la Sûreté générale pour mieux comprendre la situation, dit-il. Nous avons eu des assurances que les systèmes n’avaient pas été modifiés, mais qu’ils sont désormais appliqués de manière plus stricte, en conformité avec une décision du gouvernement. Nous avons besoin de plus de temps afin d’évaluer comment ces procédures seront mises en place. »
Et d’ajouter : « Je comprends que le gouvernement veuille prendre des mesures pour contrôler le flux de réfugiés. Dans son dialogue avec les autorités, le CICR appelle cependant à respecter certains principes fondamentaux, notamment celui de non-refoulement. »

 


« En contact avec les familles des pèlerins »
M. Montani a été interrogé sur une éventuelle intention du CICR de jouer un rôle dans l’échange d’otages en Syrie, étant donné le nombre de personnes kidnappées dans ce pays. « Le CICR ne se charge pas à proprement parler de la médiation, a-t-il précisé. C’est une conception erronée qui découle de notre rôle d’intermédiaire neutre entre les différentes parties. En fait, les parties en conflit doivent se mettre d’accord sur l’échange d’otages, et le CICR s’occupe physiquement du transfert. Cela s’est vu lors d’échanges de prisonniers entre le Liban et Israël, comme en 2008. »
« La procédure est la même s’il s’agit de détenus entre le Liban et la Syrie, a-t-il ajouté. Nous offrons nos services aux autorités libanaises comme aux deux camps en conflit en Syrie. Mais jusque-là, on n’a pas fait appel à nous à ce propos. Ceci dit, nous sommes en contact avec les familles des pèlerins (chiites enlevés en Syrie il y a plus d’un an alors qu’ils rentraient d’Iran), et ils savent quel rôle nous pouvons jouer s’ils nous le demandent. Il faut préciser aussi que nous ne menons pas d’opérations transfrontalières. Les bureaux à Damas et à Beyrouth travaillent séparément. Toute opération de médiation devra être menée par le bureau de Syrie, et les otages seront remis à notre équipe au Liban. »


Le CICR serait-il prêt à aider des familles qui ont besoin de retrouver des proches disparus en Syrie ? « Nous avons déjà notre programme par le biais duquel nous espérons pouvoir visiter des lieux de détention pour, en partie, comprendre où sont les personnes disparues et rétablir des liens avec leurs familles, a répondu M. Montani. Nous acceptons également que l’une ou l’autre partie nous rapporte des cas d’arrestation, et nous agirons sur base de ces informations dès que la situation le permettra. Même si le conflit fait toujours rage, nous faisons de notre mieux pour être prêts à nous occuper du dossier des disparus qui sera soulevé après la fin des combats. »


Outre la question des disparus, le CICR peut également être sollicité pour élucider le sort de proches déplacés en raison du conflit, même si ce n’est pas évident. « Il est difficile de recueillir ce genre d’informations actuellement pour les personnes qui ont migré à l’intérieur de la Syrie, et nous sollicitons le Croissant-Rouge syrien pour tenter d’avoir de leurs nouvelles, souligne M. Montani. Toutefois, nous ne sommes pas très souvent approchés pour ce genre de cas, étant donné que les gens ont leurs propres moyens pour se retrouver. Mais si les proches déplacés sont hors du pays, nous pouvons compter sur notre réseau mondial d’associations nationales pour les retrouver. À titre d’exemple, nous avons pu réunir, il y a quelques mois, un garçon syrien mineur qui s’était réfugié au Liban avec sa famille qui se trouvait en Jordanie. »


C’est Fabrizio Carboni qui succède à Jurg Montani à la tête du CICR au Liban. Il était présent hier au point de presse, estimant que « les prochains mois et les prochaines années seront sans nul doute imprévisibles, mais pas nécessairement dans un sens négatif ». Pour sa part, M. Montani s’est dit « plus inquiet que par le passé pour le Liban, étant donné les derniers événements et les défis politiques que doit relever le pays ». « Je reste néanmoins fondamentalement optimiste, poursuit-il. C’est peut-être mon caractère, mais aussi parce que le Liban m’a toujours surpris ces deux dernières années. »

 

 

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