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Liban

La crise des réfugiés syriens, l’un des thèmes principaux de la Journée mondiale de l’aide humanitaire

Le PNUD et la Banque mondiale lanceront à la mi-septembre un projet pour aider à stabiliser la situation socio-économique au Liban afin que le pays préserve son équilibre politique. C’est une façon de réagir aux retombées de la crise syrienne sur le Liban.

Watkins : « Un programme visant à la stabilité socio-économique du Liban devrait être lancé à la mi-septembre. »

Les Nations unies ont célébré hier la Journée mondiale de l’aide humanitaire, initiée au départ pour rendre hommage aux agents des organismes humanitaires ayant perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.
Célébrée tous les 19 août, cette journée a été instaurée à l’issue de l’attentat perpétré contre le bureau des Nations unies à Bagdad, le 19 août 2003, dans lequel 22 personnes, dont Sergio Vieira Mello, représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour l’Irak, ont été tuées.


Robert Watkins, représentant permanent du PNUD au Liban, souligne dans un entretien avec L’Orient-Le Jour que « l’attaque de Bagdad n’était pas la première attaque contre les Nations unies, mais la première de cette ampleur. Ce n’était pas la dernière non plus ».
« Cette journée a été instaurée également pour réfléchir sur ce qui inspire les gens à se lancer dans le travail humanitaire, a-t-il déclaré. Et cela n’implique pas uniquement les personnes qui travaillent auprès des ONG ou des institutions humanitaires ; il y a aussi toutes les personnes qui prennent l’initiative d’entreprendre de simples actes humanitaires. Il faut reconnaître, dans le cadre des crises humanitaires, que ce sont généralement les personnes directement affectées par une crise qui entreprennent des actes humanitaires, notamment lors de tremblements de terre, d’actes terroristes ou de guerre. Les organisations internationales suivent et leur appui s’étale sur le long terme », poursuit-il.


M. Watkins prend l’exemple du Liban dans le contexte de la crise syrienne, avec le flot de réfugiés syriens et palestiniens qui sont arrivés dans le pays et l’initiative de la population locale d’accueillir et d’aider les déplacés.
Notons que jusqu’au week-end dernier, 684 000 réfugiés syriens ont été enregistrés, ou attendaient de l’être, auprès de l’UNHCR. L’Unrwa compte 90 000 réfugiés palestiniens ayant fui la Syrie vers le Liban. De plus, 40 000 Libanais vivant en Syrie sont rentrés chez eux.


Au Liban, le poids des réfugiés syriens influe sur la communauté hôte, notamment en ce qui concerne le logement, la santé et l’éducation. La communauté internationale travaille en partenariat avec le gouvernement libanais afin de trouver une solution au problème.
Au début de 2013, les autorités libanaises avaient souligné qu’il fallait 1,2 milliard de dollars pour pouvoir couvrir les besoins des réfugiés. Près de 36 % de la somme a pu être rassemblé.
« On ne peut jamais faire assez, il y a toujours beaucoup à faire », indique le représentant permanent du PNUD.

Contribuer à la stabilité politique du Liban
« À la demande du Premier ministre Nagib Mikati, nous venons d’entreprendre, en tant qu’agence des Nations unies, en coopération avec la Banque mondiale, une évaluation nationale de la population libanaise, a indiqué M. Watkins. L’idée a été lancée il y a deux semaines. Nous effectuons une analyse relative à l’impact socio-économique de la crise syrienne sur le Liban en abordant ce qu’il faut faire pour aider le Liban afin qu’il puisse préserver sa stabilité socio-économique et lui amener une assistance supplémentaire. Cela contribuera à la stabilité politique du pays », explique-t-il.


« L’aide vise les institutions libanaises, par exemple les écoles qui reçoivent désormais des élèves libanais et syriens, et les hôpitaux qui accueillent aussi bien des citoyens libanais que des réfugiés syriens », ajoute-t-il, soulignant que « ce programme devrait mobiliser le gouvernement libanais, les agences onusiennes et les principaux pays donateurs ».
« Le programme sera développé et lancé à la mi-
septembre avec la mise en place d’une série de projets visant à aider les secteurs économique et social, a-t-il ajouté. Les domaines les plus touchés par la crise sont notamment la santé, l’éducation, l’infrastructure et la cohésion sociale. Il faut essayer de mesurer les besoins dans ces domaines, les stabiliser, apporter une assistance d’appoint et revenir aux conditions sociales et économiques qui prévalaient avant la crise syrienne », poursuit-il.
À la question de savoir si des prévisions ont été effectuées concernant le nombre de réfugiés syriens que le Liban pourrait encore accueillir, M. Watkins indique que « l’on ne peut pas déterminer leur nombre, mais l’on peut effectuer des pronostics en extrapolant les tendances et données actuelles ». « Il y aura un million de réfugiés syriens inscrits auprès de l’UNHCR d’ici à la fin de l’année, précise-t-il. Il est, et il sera, difficile de déterminer combien de ressortissants syriens (dont les non-inscrits officiellement auprès de l’ONU) se trouvent effectivement au Liban. »


Invité à commenter les attentats terroristes qui visent les Nations unies, M. Watkins, qui était lui-même à la tête du PNUD en Afghanistan quand des locaux abritant des bureaux de l’ONU ont été attaqués, affirme : « Malgré nos efforts de séparer l’humanitaire de la politique, il y a toujours des éléments dans la société qui veulent les mélanger. Une attaque contre les Nations unies est un acte politique. C’est un acte terroriste contre le bien que nous voulons faire. Nous restons stupéfaits devant les faits, mais nous essayons toujours d’aider de notre mieux les populations. Malgré cela, il existe toujours des éléments dans les sociétés où nous sommes présents qui ne veulent pas de notre assistance. Il faut sensibiliser le personnel des Nations unies à la sécurité, mais aussi il faut sensibiliser les populations afin qu’elles comprennent l’acte humanitaire et qu’elles le différencient de la politique ; ceci est une mission très difficile, notamment dans des sociétés comme l’Afghanistan où l’on fait face à des communautés isolées, où la communication est difficile et où le taux de pauvreté est très élevé. »


Commentant le slogan qui marque cette année la Journée de l’aide humanitaire (« De quoi le monde a-t-il le plus besoin »), M. Watkins souligne en conclusion que « pour venir à bout des problèmes humanitaires, il faut plus de compassion, de patience, d’assistance et de sensibilisation ».

 

 

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