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À La Une - conflit

Syrie: le père Paolo Dall'Oglio tué par les jihadistes ?

Des rebelles chassés de leur QG à Raqa par des combattants de l'EIIL.

Un rebelle syrien, le 14 août 2013, à Alep. REUTERS/Melhem Barakat

Les rebelles islamistes syriens liés à el-Qaëda ont tué un prêtre jésuite italien porté disparu depuis la fin juillet dans l'est de la Syrie, rapporte mercredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

 

Selon l'ONG basée en Grande-Bretagne et proche de l'opposition, des militants présents dans la ville de Raqa, où Paolo Dall'Oglio avait été enlevé le 30 juillet, ont déclaré que le religieux avait été "tué dans les geôles de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL)". L'information n'a pu être confirmée dans l'immédiat.

 

Vivant depuis longtemps en Syrie, le père Dall'Oglio avait pris des positions très fermes contre la répression du régime de Bachar el-Assad. Le père jésuite a servi pendant une trentaine d'années au monastère de Saint-Moïse-l'Abyssin, ou Deïr Mar Moussa. Il en avait été expulsé en 2012 par les autorités de Damas après avoir aidé dans un monastère du massif de l'Anti-Liban les victimes de la répression gouvernementale.

 

(Pour mémoire: Dall’Oglio, de retour de Syrie : Le régime Assad est dans la logique du suicide)

 

Selon un diplomate occidental, Dall'Oglio avait traversé la frontière turque pour arriver en Syrie fin juillet, ignorant les avertissements de son entourage qui lui déconseillait de se rendre à Raqa, où des islamistes ont capturé plusieurs personnalités du camp libéral ces dernières semaines.

Sur sa page Facebook, le père jésuite avait posté, avant d'être porté disparu, un message en arabe où il exprimait sa joie d'avoir visité Raqa.

 

Le père Paolo Dall'Oglio. KENZO TRIBOUILLARD/AFP

 

 

Rebelles et jihadistes avaient remporté en mars leur plus grande victoire en deux ans de conflit en s'emparant de Raqa, seule capitale provinciale du pays entre leurs mains. Cette ville est dominée notamment par l'EIIL, mais ce groupe est dénoncé par les habitants, qui manifestent depuis deux semaines pour réclamer la libération de centaines de militants ainsi que du prêtre jésuite, selon l'OSDH.

 

 

Des rebelles chassés par des jihadistes

Au début de la révolte en Syrie en mars 2011, les insurgés syriens qui cherchaient désespérément de l'aide face à la puissance de feu de l'armée avaient accueilli à bras ouverts les jihadistes, dotés d'armes sophistiqués et aguerris au combat. Mais cet engouement a laissé progressivement la place au rejet en raison d'une pratique extrême de l'islam et d'arrestations arbitraires.

 

Toujours à Raqa, des rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) ont été chassés de leurs sièges par un groupe jihadiste dans le cadre d'une lutte pour le contrôle de cette ville, selon l'OSDH.
"Les combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris le contrôle total des locaux de la Brigade d'Ahfad al-Rassoul (les descendants du prophète) à Raqa", rapporte l'ONG.

Depuis une semaine, des combats opposent les jihadistes à la Brigade d'Ahfad al-Rassoul, un groupe islamiste qui adhère à l'ASL, la coalition rebelle dite modérée et soutenue par des pays arabes et occidentaux. Ahfad al-Rassoul est composé en majorité de Syriens de Raqa tandis que l'EIIL est formé dans une large mesure de jihadistes étrangers.

 

(Lire aussi : Un mariage collectif pour "remonter le moral" des troupes à Lattaquié)


Selon l'OSDH et des responsables de cette brigade, les combats ont éclaté lorsque l'EIIL a attaqué des sièges d'Ahfad al-Rassoul dans un quartier de la ville. "Ils voulaient mettre la main sur nos munitions et nos armes", a affirmé à l'AFP un responsable de la brigade via Skype, sous couvert de l'anonymat.
Mardi soir, le groupe jihadiste a fait exploser une voiture devant un autre siège, tuant au moins cinq militants d'Ahfad al-Rassoul, puis s'est emparé de l'ensemble de leurs locaux.


"L'EIIL veut contrôler toute la ville et son émir (chef) à Raqa a même dit que 'même les avions de Bachar' n'ont pas pu nous faire sortir" de la ville, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

"La population est avec nous et elle réclame l'expulsion de l'EIIL de Raqa", affirme le responsable d'Ahfad al-Rassoul. "Ils imposent leurs règles qui exaspèrent les gens", ajoute-t-il.

 

Programme de transition pour l'après-Assad

Sur le plan politique, des membres de l’opposition libérale syrienne ont rédigé mardi un programme de transition, qui devrait entrer en vigueur après la chute du régime et qui prévoit d’œuvrer à une réconciliation nationale en rendant justice à "toutes les victimes". Ce plan d’action doit être présenté aujourd'hui à Istanbul, en présence du chef de l’opposition Ahmad Jarba, sans qu’il soit toutefois adopté officiellement par la Coalition nationale de l’opposition.

 

Ses recommandations stipulent dans un premier temps que "les services de sécurité doivent être restructurés et les responsables corrompus devront être éliminés", question extrêmement sensible dans un pays où les services de sécurité sont omniprésents et omnipotents depuis un demi-siècle. Ensuite, en ce qui concerne les groupes armés constitués pour la plupart de civils, "tous (...) seront désarmés, leurs membres démobilisés et réintégrés dans la société syrienne", assure le groupe. 

 

Ce plan d’action ne satisfera cependant pas les jihadistes ; le chef du Front al-Nosra, affilié à el-Qaëda, a répété le 22 juillet son appel à la fondation d’un Etat islamique en Syrie. "Nous, en tant que musulmans, ne croyons ni aux partis politiques ni aux élections parlementaires, nous croyons à une gouvernance islamique basée sur la Choura (Assemblée de juges musulmans) et la justice", avait indiqué cheikh Abou Mohammad al-Joulani.

 

(Pour mémoire : Appliquer ou non la charia, l’autre combat en Syrie)


Enfin, sur le plan économique, la Banque centrale de Syrie (BCS) a autorisé les banques privées à vendre des devises étrangères aux Syriens afin de stopper la dégringolade de la monnaie locale face au billet vert, selon l'agence officielle Sana.


 

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