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À La Une - Égypte

Au Caire, « ce ne sont pas des sit-in comme les autres »

Entre une évacuation pacifique des manifestations et un assaut des forces de l’ordre, le gouvernement n’arrive pas à se décider.

Un manifestant anti-Morsi jette des pierres contre les supporters du président déchu. La police égyptienne a dû tirer des grenades lacrymogènes pour éparpiller les émeutes.  Gianluigi Guercia/AFP

Les partisans du président destitué Mohammad Morsi ont manifesté hier, en particulier aux abords de plusieurs ministères, défiant les autorités qui menacent de disperser à tout moment les milliers de pro-Morsi occupant deux places du Caire. L’une de leurs marches a brièvement dégénéré aux abords du ministère des Biens religieux, où des heurts ont éclaté entre des partisans de l’ex-chef de l’État islamiste et des résidents du centre-ville du Caire, poussant la police à tirer des grenades lacrymogènes.
Depuis l’expiration dimanche d’un ultimatum de la police, les islamistes multiplient les appels à défiler à travers l’Égypte pour maintenir la pression sur les nouvelles autorités et exiger le retour au pouvoir de M. Morsi. Au lendemain de la prolongation de 15 jours de la détention préventive du président déchu, accusé de s’être évadé de prison début 2011 avec la complicité du Hamas palestinien, des dizaines de personnes ont manifesté devant plusieurs ministères dans le centre du Caire, où des forces de l’ordre étaient déployées en masse. Des partisans de M. Morsi ont également défilé à Alexandrie. L’Alliance contre le coup d’État, une coalition pro-Morsi, avait appelé à une manifestation d’ « un million de personnes » hier, sous le slogan « Ensemble contre le coup d’État et les sionistes ». Cet élargissement du mot d’ordre traditionnel visait à faire vibrer la corde nationaliste après un raid aérien sur le Sinaï.

 

(Lire aussi: Lueurs d’espoir dans l’obscurité du Moyen-Orient)

 


Indécis
Les autorités, pour leur part, ont annoncé qu’elles disperseraient les protestataires de façon « graduelle », pour persuader certains manifestants d’évacuer pacifiquement avant que l’assaut ne soit lancé contre les plus déterminés. Mais la mobilisation ne faiblit toujours pas à Rabaa al-Adawiya et Nahda. Le gouvernement peine à adopter une stratégie claire, déchiré entre partisans de la manière forte, soutenus par une grande partie de la population, et tenants du dialogue, appuyés par la communauté internationale. Les dirigeants de la police et de l’armée seraient prêts à intervenir, mais les réticences de figures politiques, comme le vice-président et prix Nobel de la paix Mohammad el-Baradei, les poussent à la prudence, par peur de perdre des cautions morales indispensables, estiment des experts.
De plus, « ce ne sont pas des sit-in comme les autres », car « il s’agit de la force politique la mieux organisée du pays et la police sait que le prix à payer sera plus élevé », note Rabab al-Mahdi, professeur de Sciences politiques à l’Université américaine du Caire. Selon le journal officiel al-Ahram, la réunion du Conseil de sécurité nationale qui s’est tenue lundi soir a plutôt penché en faveur d’un bouclage des sit-in, plutôt que d’un assaut des forces de l’ordre. Les nouvelles autorités entendent cependant lancer une nouvelle période de transition qui doit mener à des élections début 2014 et ont nommé 20 nouveaux gouverneurs. Les États-Unis de leur côté ont demandé hier aux autorités égyptiennes de laisser manifester les pro-Morsi. « C’est un élément fondamental pour faire avancer le processus démocratique », a plaidé la porte-parole adjointe du département d’État, Marie Harf.

 

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