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À La Une - Crise

En Egypte, le compte à rebours sur les places Rabaa et Nahda

L’ultimatum du pouvoir expire, les pro-Morsi appellent à manifester malgré la menace de dispersion.

Malgré l’ultimatum des autorités, les partisans de Morsi n’en démordent pas, faisant craindre un bain de sang.  Photo AFP

Les partisans du président islamiste destitué Mohammad Morsi ont appelé hier à de nouvelles manifestations en Égypte alors qu’expire un ultimatum de fait et que les autorités s’apprêtent à disperser de force leurs sit-in sur deux places du Caire.


L’Alliance contre le coup d’État et pour la démocratie a appelé hier ses partisans à « 10 marches » dans toute la capitale pour « défendre la légitimité des élections ». Ce groupe, qui organise les sit-in de Rabaa et Nahda, est dirigé principalement par les Frères musulmans. Ces derniers répètent à l’envi que leurs manifestations sont pacifiques, réclament la libération de M. Morsi et des principaux dirigeants de la confrérie arrêtés depuis le 3 juillet et la restauration du président et de la Constitution suspendue par les militaires. Le nouveau gouvernement intérimaire a promis des élections pour début 2014 auxquelles pourront participer les Frères musulmans, mais menace de déloger de force les pro-Morsi après les fêtes de fin du mois de ramadan, qui se sont achevées hier. De hauts responsables ont annoncé le plan d’action de la police : elle va disperser « graduellement », en « plusieurs jours » et après « plusieurs sommations », les manifestations des pro-Morsi. Les forces de l’ordre vont d’abord « encercler » les places pour permettre de laisser sortir ceux qui le veulent et ne laisser entrer personne dans le périmètre, mais ces sources, un haut responsable de la police et un général attaché au ministère de l’Intérieur, n’ont pas précisé quand aurait lieu le début de l’opération, l’une d’elles assurant hier soir que « la décision n’est pas encore prise ».


« Quand le siège commencera, la police va d’abord encercler les manifestants. Ils recevront plusieurs sommations pour quitter les lieux et personne ne sera autorisé à entrer dans le rassemblement », a détaillé le haut responsable de la police, ajoutant : « Cela va durer deux ou trois jours avant que la police se mette en mouvement pour disperser les manifestants. »



Électricité et panique
La communauté internationale, Union européenne et États-Unis en tête, a multiplié les tentatives de médiation ces 10 derniers jours, en vain pour l’heure. Elle redoute un bain de sang : en un mois, plus de 250 personnes, pour l’essentiel des manifestants pro-Morsi, ont été tuées dans des affrontements avec les forces de l’ordre et des partisans du nouveau pouvoir.


Ahmad al-Tayyeb, le grand imam de la mosquée et de l’Université d’al-Azhar au Caire, la principale institution sunnite au monde, a appelé hier à la réconciliation nationale et assuré qu’il avait invité toutes les parties à venir négocier un compromis dès aujourd’hui. Il y a peu de chances que les Frères musulmans acceptent, l’imam al-Tayyeb ayant ouvertement pris fait et cause pour le général Sissi le 3 juillet.


Signe que la tension monte et que l’intervention de la police est imminente : une coupure d’électricité dans le quartier de Rabaa dans la nuit de samedi à dimanche a provoqué un début de panique sur les réseaux sociaux et dans les salles de rédaction, certains annonçant le début de l’assaut. Place Rabaa, les organisateurs ont dit qu’ils avaient immédiatement dépêché sur les barricades de briques et de sacs de sable le personnel de sécurité improvisé des manifestants pour « voir ce qui se passait ». « Fausse alerte », ont-ils immédiatement indiqué.


« Nous approchons du moment que nous préférerions éviter », a averti jeudi le Premier ministre Hazem el-Beblawi en annonçant l’intervention imminente de la police. Pour l’organisation de défense des droits de l’homme International Crisis Group (ICG), « en l’absence d’un accord politique, le résultat le plus probable est une impasse prolongée, des heurts à répétition ». Mais, « personne ne doit sous-estimer le risque que certains islamistes, convaincus qu’ils n’auront pas de place dans le processus démocratique, se tournent vers la violence », ajoute ICG dans un rapport.

 

 

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