Un sunnite de Ersal tué par un clan chiite dans une embuscade dans la Békaa

Un Libanais du village sunnite de Ersal, dans la Békaa, a été tué par des membres d'un clan chiite dans cette région en représailles à un meurtre il y a près de deux mois, a affirmé à l'AFP une source militaire. 

Un responsable de services de sécurité avait affirmé plus tôt que quatre hommes de Ersal ont été tués par des membres du clan Jaafar à Laboué, dans la région de la Békaa (est). Mais selon une source de l'armée libanaise et des responsables de la localité de Ersal, le bilan s'est établi à un mort et trois blessés dont un grave. 

La voiture, à bord de laquelle se trouvait notamment le fils du chef de la municipalité de Ersal, "est tombée dans une embuscade alors qu'ils rentraient à Ersal après avoir participé à un échange d'otages" entre des habitants de cette localité sunnite et une autre famille chiite, le clan Moqdad, d'après la source militaire. L'embuscade a été tendue par des membres du clan Jaafar avec l'aide du clan Amhaz, deux des plus influents de la Békaa, précise la source.

Le chef de la municipalité de Ersal, Ali Hojeiry, qui se trouvait à bord d'une autre voiture blindée, a été légèrement blessé. Certains médias locaux ont fait pour leur part état d'un enlèvement de Ali Hojeiry, des informations démenties par des sources de sécurité qui ont assuré qu'il va bien et qu'il est actuellement dans le village.

Selon un communiqué de l’armée, deux Syriens qui faisaient partie du convoi ciblé ont été en outre enlevés. L'un d'eux, Mohammad Abbas, aurait été libéré plus tard en soirée, selon la chaîne LBC. La troupe a par ailleurs pris des "mesures de sécurité exceptionnelles" dans la région afin de prévenir une escalade et s'est lancée à la poursuite des assaillants, selon le texte.

Le 16 juin, deux membres du clan Jaafar, un des plus influents de la Békaa, ainsi que deux autres personnes ont été tués par balles dans cette même région, alors qu'ils faisaient de la contrebande de mazout.

Si l'affaire reste liée à de la contrebande, une pratique très courante dans cette région frontalière de la Syrie, le premier meurtre et celui de dimanche interviennent dans un contexte de tensions confessionnelles entre sunnites et chiites libanais exacerbées par le conflit syrien.

Les sunnites soutiennent la cause de l'opposition, tandis que la majorité des chiites au Liban, emmenée par le Hezbollah qui combat avec l'armée syrienne, est favorable au régime de Damas -dirigé par le clan Assad, membre de la minorité alaouite (branche du chiisme). Des localités à majorité sunnite comme Ersal sont résolument hostiles au pouvoir à Damas. Ersal sert de point de passage entre les deux pays pour les réfugiés, les armes et les rebelles, selon des sources de sécurité et a été visée par plusieurs raids de l'aviation syrienne.

Commentant l'incident, le président Michel Sleiman a demandé aux autorités concernées de prendre toutes les mesures nécessaires pour arrêter les coupables et les traduire en justice. "Alors que le dossier des otages avançait (en référence à l’échange qui a eu lieu plus tôt dimanche), recourir à de tels moyens complique la situation et ne la résout pas", a déploré M. Sleiman.

De son côté, le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati a souligné l'importance de la coopération entre tous les habitants de la région afin de prévenir la discorde.

Le Premier ministre désigné Tammam Salam a pour sa part estimé que l'attaque prouve la précarité de la situation dans la Békaa et le besoin urgent pour toutes les parties politiques de déployer des efforts afin de contrer toutes les tentatives de discorde.

 
Même son de cloche pour l'ancien Premier ministre Saad Hariri qui a appelé à l'arrestation des coupables. Selon lui, l'incident est une nouvelle tentative visant à entraîner le pays vers plus de tension.

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