Les rebelles syriens progressent à Lattaquié

Les rebelles progressent dans la province côtière de Lattaquié, dans l'ouest de la Syrie, a rapporté lundi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Les combats des deux derniers jours ont été féroces", a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, selon lequel au moins 20 rebelles et 32 miliciens pro-régime ont été tués. Selon lui, "l'armée, les milices pro-régime de la Force de défense nationale et les bataillons du (parti au pouvoir) Baas envoient des renforts pour contrer les insurgés".

Les combats se déroulent près de Jabal al-Akrad, dans le nord de la province de Lattaquié, et les rebelles tentent d'avancer également dans le Jabal Turkman, deux régions dans lesquelles vit une population mixte d'alaouites et de sunnites.

Ces affrontements surviennent au lendemain de la prise par les rebelles de cinq villages alaouites dans la région, a indiqué l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de médecins sur le terrain. Lundi, l'armée a cependant repris l'un d'entre eux, Beit al-Chakouhi.

La population en Syrie est majoritairement sunnite, alors que les régions voisines de Lattaquié et de Tartous sont le fief de la minorité alaouite, une branche du chiisme à laquelle appartient le président Bachar el-Assad.

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Selon un militant de Lattaquié, les rebelles ont décidé d'ouvrir un nouveau front après que les poches rebelles dans cette région eurent été pilonnées depuis les villages alentour. "Il y a une bataille pour libérer les zones d'où sont pilonnés les civils", a expliqué à l'AFP Omar al-Jeblawi, via Internet. Selon lui, plusieurs bataillons anti-régime ont pris part aux combats, dont des groupes de rebelles locaux et des jihadistes.

Mais selon d'autres militants, comme Sema Nassar, les rebelles "ne sont pas prêts (à lancer un nouveau front) et la réponse du régime va être terrible". Selon ce militant basé à Lattaquié, les rebelles ont par ailleurs capturé un religieux alaouite, Badr Ghazal, qui avait édicté un décret religieux appelant à "anéantir complètement les forces rebelles".

Pour sa part, l'opposition a rendu hommage à l'action rebelle. "La Coalition nationale syrienne applaudit les combattants de l'Armée syrienne libre sur la côte", a indiqué le groupe. A l'exception de quelques poches rebelles, la majorité de la province de Lattaquié demeure sous le contrôle de l'armée.

Le régime savoure la victoire à Khalidiyé
Le régime, pour sa part, célébrait toujours la reprise de Khalidiyé, ancien secteur rebelle de la ville de Homs (centre), retombé dans le giron de l'armée fin juillet. Lundi, le ministre syrien de la Défense, le général Fahd al-Freij, a inspecté l'armée qui a pris position dans le secteur.

Le général a procédé à "une tournée à Khaldiyé, où il a inspecté les unités de l'armée ayant rétabli la sécurité et la stabilité dans ce quartier" au terme d'un mois d'intenses bombardements terrestres et aériens quotidiens.

"Libérer Khaldiyé signifie faire preuve d'un grand héroïsme", a lancé le ministre dans une allocution devant les soldats. "Faire face aux terroristes dans les ruelles étroites de ce quartier, en nettoyer les immeubles, est un grand exploit militaire", a-t-il affirmé, estimant qu'"aucune armée n'aurait pu faire de même".

"Nous sommes déterminés à poursuivre les criminels pour sauver la patrie", a-t-il ajouté. "Nous allons triompher de ce terrorisme soutenu par plus de 80 pays et dont l'objectif est d'exécuter le plan américano-sioniste dans la région".

La prise de Khaldiyé représente un nouveau succès militaire pour le régime du président Bachar el-Assad, après celle le 5 juin de la ville de Qousseir, longtemps bastion rebelle près de la frontière libanaise.

Khaldiyé était devenu un des symboles de la rébellion à Homs, troisième ville de Syrie surnommée par les rebelles "capitale de la révolution".

Dans un discours dimanche soir, M. Assad a réaffirmé sa détermination à écraser d'une "main de fer" la rébellion qui tente de le renverser depuis plus de deux ans.

HRW s'inquiète

La poursuite des violences continue de susciter l'inquiétude des organisations humanitaires. Lundi, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé l'usage par le régime syrien des missiles balistiques contre la rébellion qui tuent de nombreux civils, y compris des enfants. L'ONG a enquêté sur neuf missiles tirés entre février et juillet.

"Les commandants militaires devraient avoir pour politique de ne pas utiliser les missiles balistiques dans les zones habitées par des civils", a insisté l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York.

Les jésuites du Moyen-Orient ont, eux aussi, exprimé lundi leur "profonde inquiétude" pour plusieurs d'entre eux, notamment pour le père italien Paolo Dall'Oglio, dont les proches craignent l'enlèvement par des islamistes, et un autre jésuite, qui se trouvent en Syrie.

Dans un communiqué rendu public par l'agence vaticane Fides, le provincial Victor Assouad cite le père Dall'Oglio, disparu depuis une semaine dans le nord de la Syrie, mais aussi le père néerlandais Frans van der Lugt et les personnes qui vivent avec lui dans la résidence jésuite de Boustan Diwan, dans le centre de Homs, un quartier très dangereux où les religieux vivent en assiégés.

Il demande qu'aucun effort ne soit épargné pour protéger leur vie. Le père van der Lugt est renommé pour ses efforts de réconciliation sur place.

Parallèlement, un appel a été lancé lundi en France pour la libération des deux journalistes français Didier François, grand reporter à la radio privée Europe 1, et Edouard Elias, un photographe indépendant missionné par la radio, enlevés début juin en Syrie.

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