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Moyen Orient et Monde - Révolte

« Avis aux Syriens : n’allez pas manger à chaque fois que vous entendez le son du canon »

En ce triste ramadan, on se réfugie dans l’humour noir.

Des Syriens préparent des douceurs traditionnelles pour le ramadan, à Damas.  Louai Beshara/AFP

En ce troisième ramadan sous les bombes, les Syriens se réfugient dans l’humour noir pour lutter contre la déprime et font jouer la solidarité pour aider les plus démunis.


« Avis aux Syriens : n’allez pas manger à chaque fois que vous entendez le son du canon », indique une des blagues les plus célèbres qui circulent à Damas. Le début de l’iftar est en effet annoncé dans la plupart des villes musulmanes par le bruit du canon, mais en Syrie, le son de l’artillerie est désormais omniprésent depuis plus d’un an. Dans les régions moins affectées par la guerre, les habitants peuvent encore entendre le moussaharati, le célèbre tambourineur qui parcourt les rues chaque nuit pour les réveiller afin qu’ils prennent leur repas avant l’aube. Mais ailleurs, dans les quartiers infestés de tireurs embusqués et cibles de bombardements, cette tradition ne peut plus être perpétuée.
Pour railler l’absurdité de la guerre, un montage photo, diffusé via sms, montre un char coiffé du tarbouche traditionnel sur lequel est écrit : « Le moussaharati syrien, version 2013 ».


À Homs, les assauts des forces loyales au président Bachar el-Assad contre les insurgés retranchés dans quelques quartiers n’ont pas entamé l’humour des habitants des secteurs rebelles. « Urgent : après avoir tapé pendant des heures sur son tambourin sans réussir à réveiller le quartier, un moussaharati s’est fait exploser. Sans plus de résultat », indique un sms sous la forme des informations urgentes que les médias ont l’habitude de diffuser sur le conflit.


D’autres anecdotes sont plus amères en cette période de pénurie alimentaire. « Ce n’est pas dur d’observer le jeûne, la difficulté c’est de trouver de la nourriture pour l’iftar », lance un jeune sur Facebook. Ceux qui ne sont pas directement touchés par la violence sont toutefois victimes d’une inflation galopante dopée par la monnaie qui a perdu les trois quarts de sa valeur par rapport au dollar.

 

(Pour mémoire : Un mois de ramadan de plus en Syrie... et au Liban)


Alors, au lieu de se ravitailler en douceurs dans les pâtisseries comme elles le faisaient avant le conflit, les ménagères ont ressorti les recettes de leur mère ou grand-mère, qu’elles avaient presque oubliées. « La crise ne va pas m’empêcher de maintenir vivantes les traditions », assure Oum Mazen, une mère de famille damascène.
Damas est connue au Moyen-Orient comme la capitale de la gourmandise avec ses gâteaux à base de pistaches, pignons, miel, citron et eau de rose, très prisés durant le ramadan. Mais en raison de la hausse vertigineuse des prix, Abou Adnane, qui vend des boissons à la réglisse et du jus de tamarin, accuse le coup. « La situation empire. Beaucoup de mes clients préfèrent maintenant préparer ces breuvages chez eux. »


En raison des pénuries, le gouvernement a approuvé cette semaine un projet de loi sanctionnant les commerçants faisant des stocks de nourriture. Il a en outre décidé d’interdire les exportations de nourriture, menaçant de poursuivre les contrevenants. Face à cette situation, certains ont décidé d’aider les milliers de familles nécessiteuses, et des appels en ce sens ont été lancés sur les réseaux sociaux. Les militants du groupe Aide ont ainsi organisé une campagne intitulée « Infligeons une défaite à la faim ». Des restaurateurs et des commerçants ont pour leur part lancé « Repas à prix coûtant » pour les personnes dans le besoin.


Après plus de deux ans d’un conflit qui a détruit leur pays et l’a transformé en un immense cimetière, beaucoup de Syriens prient pour que cette tragédie prenne fin. « Il ne s’agit plus d’être pour ou contre le régime, le peuple désire seulement vivre », confie Abdallah, un comptable de 32 ans.

 

 

Reportage

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