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À La Une - Transition

L’Égypte a un Premier ministre de 76 ans : Hazem Beblawi

El-Baradei nommé vice-président chargé des Relations internationales ; Washington « prudemment encouragé » par le calendrier électoral ; Le Caire proteste auprès d’Ankara à cause de ses « ingérences ».

Hazem Beblawi a été vice-Premier ministre et ministre des Finances en 2011. Photo Reuters

L’économiste Hazem Beblawi a été chargé hier de diriger le gouvernement de transition en Égypte, six jours après la déposition par l’armée du président islamiste Mohammad Morsi. Le nouveau Premier ministre est un économiste de tendance libérale, âgé de 76 ans, qui a fait une longue carrière dans des institutions économiques, égyptiennes et internationales. Hazem Beblawi a été vice-Premier ministre et ministre des Finances en 2011, durant la période de transition sous la direction militaire ayant suivi la chute de Hosni Moubarak. Il aura la lourde tâche de redresser une économie en proie à une chute du tourisme, un effondrement des investissements étrangers et une chute de ses réserves de devises notamment. Un temps pressenti pour devenir Premier ministre, le prix Nobel de la paix Mohammad el-Baradei, figure de l’opposition laïque, devient lui vice-président en charge des Relations internationales, a précisé le porte-parole de la présidence.


Peu après ces nominations, l’armée a mis en garde contre toute perturbation dans le « délicat et complexe » processus de transition, dans une déclaration publique. Le choix de M. Beblawi intervient après plusieurs jours de discussions et le retrait du principal parti salafiste, al-Nour, qui avait soutenu le coup militaire aux côtés de mouvements majoritairement laïques, en raison des violences ayant tué des dizaines de pro-Morsi au Caire.

 

(Portrait : Morsi, du "président de tous les Égyptiens" à l'homme qui divise)



650 personnes interrogées
Dans une tentative de relance de la transition, le président par intérim, Adly Mansour, a émis dans la nuit de lundi à mardi une déclaration prévoyant une réforme de la Constitution de 2012. Le texte amendé devra être validé par référendum avant la tenue d’élections législatives d’ici au début 2014. Mais un haut responsable des Frères musulmans a rejeté cette déclaration : « Un décret constitutionnel par un homme nommé par des putschistes... ramène le pays à la case départ », a ainsi lancé Essam al-Erian, sur son compte Facebook.


Le groupe Tamarrod, à l’origine de la contestation contre M. Morsi, a de son côté exprimé des réserves et déclaré préparer avec des experts une série d’améliorations.


Ces annonces sont survenues alors que les Frères musulmans enterraient hier les dizaines de manifestants tués la veille lors d’un rassemblement pro-Morsi au Caire. Si les Frères ont appelé au « soulèvement » après ce « massacre », aucun incident n’a été rapporté.
Les Frères musulmans ont publié une liste de leurs 42 partisans tués, tandis que police et armée ont fait état de trois morts dans leurs rangs. Selon la confrérie, des soldats et des policiers ont ouvert le feu sans raison contre les manifestants. « Cela n’était pas une manifestation pacifique », les partisans de M. Morsi ont utilisé « des mitraillettes et des pistolets », a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty.

 

(Portrait : Adly Mansour, un juge peu connu du public à la tête de l’Égypte)



Vives inquiétudes
Le président par intérim a ordonné l’ouverture d’une enquête. Hier, une source judiciaire a indiqué que 650 personnes soupçonnées d’avoir voulu entrer de force dans le bâtiment de la garde républicaine étaient interrogées. Dès lundi, les autorités ont décidé de fermer le siège du PLJ au Caire en raison de la découverte « de liquides inflammables, de couteaux et d’armes », selon un haut responsable de sécurité.


Malgré un appel de l’armée à lever les sit-in, des islamistes ont manifesté lundi soir dans plusieurs villes et, hier matin, des milliers de pro-Morsi étaient encore devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, où le rassemblement dure depuis près de deux semaines.


Les capitales mondiales ont manifesté leur vive inquiétude après les dernières effusions de sang, alors qu’en moins d’une semaine les heurts à travers le pays ont fait une centaine de morts.
Hier, les États-Unis, qui avaient exprimé leurs craintes face aux violences, ont toutefois affirmé être « prudemment encouragés » par le calendrier des élections. Auparavant, Israël avait demandé aux États-Unis de ne pas geler l’aide militaire américaine à l’Égypte, ont indiqué des médias israéliens. Cette requête vise à empêcher l’application d’une loi américaine interdisant le versement d’une aide financière à un régime issu d’un coup d’État. Les responsables israéliens ont exprimé la crainte que la suspension de l’aide américaine puisse remettre en cause le traité de paix israélo-égyptien conclu en 1979.
La Russie de son côté a invité les autorités égyptiennes à assurer une transition politique pacifique en organisant des élections libres. La Belgique a pour sa part conseillé à ses ressortissants de quitter l’Égypte si leur présence n’y était pas indispensable.
L’Algérie, « profondément » préoccupée par les violences meurtrières, a quant à elle appelé à une transition pacifique.
Les Émirats arabes unis sont eux devenus le premier pays à apporter une aide financière, à hauteur de trois milliards de dollars, à l’Égypte. Juste après, l’Arabie saoudite a annoncé l’octroi d’une aide de 5 milliards de dollars pour soutenir l’économie de ce pays.

 

(Lire aussi : Éviter l’Algérie en Égypte, le commentaire d'Álvaro de Vasconcelos est directeur des projets pour l’Initiative de réforme arabe)


En fin de soirée, le ministère égyptien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de Turquie au Caire pour protester contre ce qu’il qualifie d’ingérence turque dans les affaires intérieures de l’Égypte, rapporte l’agence de presse égyptienne MENA.


Par ailleurs, l’Égypte a décidé de lancer une offensive diplomatique en direction de l’Union africaine (UA) pour la convaincre que le renversement du président Mohammad Morsi n’était pas un « coup d’État » et lui demander de revenir sur sa décision de la suspendre.


Enfin, les autorités égyptiennes vont rouvrir aujourd’hui le point de passage de Rafah, à la frontière avec la bande de Gaza, fermé depuis vendredi, dans le sens des entrées vers le territoire palestinien, a annoncé le gouvernement du Hamas.

 

 

Voir aussi notre dossier spécial : Egypte : le défi de l’opposition, transformer la mobilisation en effet politique

 

Analyse

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