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À La Une - violences

Egypte : les Ikhwane appellent au "soulèvement", l'armée met en garde

Le grand imam d'al-Azhar se place "en retraite" jusqu'à la fin des violences.

Des partisans du président déchu Mohamed Morsi brandissent le drapeau égyptien et des portraits de M. Morsi lors d'une manifestation, le 8 juillet 2013, au Caire. AFP PHOTO / MAHMUD HAMS

Plus de 51 personnes ont été tuées lundi au Caire et 435 blessées lors d'une manifestation pro-Morsi, les Frères musulmans appelant au "soulèvement" à la suite de ce "massacre" qui aggrave le climat d'extrême tension qui prévaut en Égypte depuis la destitution par l'armée du président islamiste.

 

A l'aube, la foule des partisans du président déchu Mohamed Morsi priait devant les locaux de la Garde républicaine quand "des soldats" et "des policiers" ont ouvert le feu, ont rapporté les Frères musulmans dans un communiqué. Des manifestants ont fait état de tirs à balles réelles et de grenades lacrymogènes, dans des circonstances qui restent confuses. D'autres témoins ont raconté que les forces de l'ordre avaient tiré en l'air et que les tirs directs venaient "d'hommes de main" en civil.

 

L'armée a expliqué de son côté que des "terroristes armés" avaient attaqué le siège de la Garde républicaine, tuant un officier et laissant six conscrits dans un état critique, selon un communiqué militaire cité par le journal gouvernemental al-Ahram.

Un photographe de l'AFP a vu une vingtaine de corps alignés au sol dans un hôpital de fortune. Le quartier, survolé par des hélicoptères, était bouclé par des barrages des forces de l'ordre.

Dans la matinée, des islamistes ont par ailleurs brièvement capturé deux soldats et les ont obligés, en frappant violemment l'un d'eux, à prononcer une déclaration hostile à l'armée, a rapporté un haut responsable militaire.

 

Plus tard en soirée, l'armée a mis en garde les partisans de Mohamed Morsi. "Nous ne permettrons aucune menace contre la sécurité nationale égyptienne quelles que soient les circonstances", a ainsi déclaré le porte-parole de l'armée, Ahmed Ali, en appelant les manifestants qui campent toujours sur plusieurs places du Caire à lever les sit-in tout en leur promettant qu'il n'y aurait "pas de poursuites" engagées contre eux.

 

Mais les Frères musulmans ont de nouveau appelé lundi soir à manifester mardi dans toute l'Égypte "en réaction au coup d'État militaire suivi par des actions répressives, culminant par le massacre de la Garde républicaine qui s'est produit à l'aube".

Depuis la destitution et l'arrestation de Mohamed Morsi mercredi dernier par l'armée, la tension ne cesse de monter en Égypte entre ses partisans et ses opposants et des heurts sanglants ont fait une centaine de morts.

 

 

Des partisans de Mohamed Morsi, face à l'armée, le 8 juillet 2013, au Caire. AFP/MAHMUD HAMS

 


Fermeture du siège de la PLJ

A la suite des violences de lundi matin, le parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans dont est issu M. Morsi, a appelé au "soulèvement du grand peuple d’Égypte contre ceux qui sont en train d'essayer de lui voler sa révolution avec des chars", et mis en garde contre "l'apparition d'une nouvelle Syrie".

 

Quelques heures après cette déclaration, les autorités ont décidé de fermer le siège du PLJ au Caire en raison de la découverte "de liquides inflammables, de couteaux et d'armes", a annoncé à l'AFP un haut responsable de sécurité.

Le président par intérim, Adly Mansour, a, pour sa part, ordonné l'ouverture d'une enquête sur ces violences.

 

La présidence a assuré que les efforts pour former un gouvernement se poursuivraient malgré les affrontements. "Ce qui s'est passé ne mettra pas fin aux initiatives pour former un gouvernement ou définir une feuille de route", a dit à Reuters Ahmed Elmoslmany, porte-parole de la présidence.

Le chef de file de la gauche, Hamdine Sabah, a estimé que le président par intérim devait doter le pays d'un gouvernement le plus vite possible. Le prochain Premier ministre aura la lourde tâche de redresser une économie au bord de la banqueroute et de mener la réconciliation nationale dans un pays fortement polarisé.

 

 

(Portrait : Morsi, du "président de tous les Égyptiens" à l'homme qui divise)

 

 

Al-Nour se retire des discussions

Dénonçant, comme les Frères musulmans, un "massacre", le principal parti salafiste, al-Nour, qui a soutenu au sein d'une coalition majoritairement laïque le coup d’État militaire contre Morsi, a toutefois annoncé son retrait des discussions sur le choix d'un Premier ministre et d'un gouvernement de transition.

 

Le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, un temps pressenti pour prendre la tête du gouvernement de transition, a, de son côté, condamné "avec fermeté" les violences de l'aube, et réclamé une enquête indépendante. La nomination de M. ElBaradei s'était heurtée à l'opposition d'al-Nour, qui a également émis des réserves sur le choix d'un économiste de centre-gauche, Ziad Bahaa Eldin, estimant que ces hommes n'étaient pas assez consensuels.

 

Le grand imam Ahmed Al-Tayeb d'al-Azhar, la principale autorité sunnite d’Égypte, a, quant à lui, annoncé lundi à la télévision qu'il se "plaçait en retraite" jusqu'à la fin des violences. Il avait apporté jeudi sa caution à la mise en place d'une "feuille de route" négociée avec l'armée et l'opposition pour mener la transition après le coup militaire.

 

(Portrait : Adly Mansour, un juge peu connu du public à la tête de l’Égypte)

 

 

"Nous ne négocions pas avec les terroristes, nous les finançons", peut-on lire à côté du visage de Barack Obama sur ce poster tenu par un manifestant anti-Morsi, place Tahrir, le 7 juillet. AFP PHOTO / KHALED DESOUKI


 

Réactions internationales

A l'étranger, Washington a condamné l'appel à la violence des Frères musulmans et demandé aux militaires le "maximum de retenue", affirmant néanmoins ne pas envisager de couper son aide financière à l'armée, alors que Barack Obama avait fait peser cette menace.

L'Union européenne a également appelé toutes les parties à "éviter les provocations", pressant les nouvelles autorités à "avancer rapidement vers la réconciliation". La Turquie, "au nom des valeurs fondamentales de l'humanité", l'Iran, le Qatar et le mouvement islamiste palestinien Hamas ont condamné les nouvelles violences, tandis que l'Allemagne exprimait sa "grande inquiétude".

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a pour sa part réclamé la fin des "actions arbitraires" contre les Frères musulmans et les médias qui leur sont proches.

 

Dimanche soir, des centaines de milliers de personnes ont manifesté à travers l’Égypte dans le but de montrer que le renversement de M. Morsi était le fruit d'une volonté populaire, une semaine après des manifestations monstres sur lesquelles l'armée s'était appuyée pour déposer mercredi le président islamiste. Au Caire, la place Tahrir était bondée pour une mobilisation anti-Morsi qui se voulait pacifique, après des heurts d'une rare violence vendredi entre pro et anti-Morsi.

Les partisans de M. Morsi s'étaient quant à eux rassemblés par milliers dans différents endroits de la capitale pour réclamer le retour du premier président démocratiquement élu du pays et dénoncer un "coup d'Etat militaire".

Vendredi, les violences avaient déjà fait 37 morts en marge de rassemblements de sympathisants des Frères musulmans, ainsi que dans la région du Sinaï (nord-est).

 

 

Voir aussi notre dossier spécial : Égypte : le défi de l’opposition, transformer la mobilisation en effet politique

 

Analyse

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La situation en Égypte renforce les islamistes radicaux en Syrie


Plus de 51 personnes ont été tuées lundi au Caire et 435 blessées lors d'une manifestation pro-Morsi, les Frères musulmans appelant au "soulèvement" à la suite de ce "massacre" qui aggrave le climat d'extrême tension qui prévaut en Égypte depuis la destitution par l'armée du président islamiste.
 
A l'aube, la foule des partisans du président déchu Mohamed Morsi priait...

commentaires (8)

La position yanky n'est pas claire , ils décident de reconduire le don de 1.3 milliard à l'armée malgré le coup d'état , se disent pour la démocratie , expression populaire du vote des peuples et financent le terrorisme à travers le monde, leur politique PERICLITE et prend l'eau de toute part, résultat d'une panique hystérique d'une défaite annoncée avec perte et fracas au M.O , chez nous, grace à une résistance bien de chez nous, qui vole de succès en succès..

Jaber Kamel

16 h 35, le 09 juillet 2013

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Commentaires (8)

  • La position yanky n'est pas claire , ils décident de reconduire le don de 1.3 milliard à l'armée malgré le coup d'état , se disent pour la démocratie , expression populaire du vote des peuples et financent le terrorisme à travers le monde, leur politique PERICLITE et prend l'eau de toute part, résultat d'une panique hystérique d'une défaite annoncée avec perte et fracas au M.O , chez nous, grace à une résistance bien de chez nous, qui vole de succès en succès..

    Jaber Kamel

    16 h 35, le 09 juillet 2013

  • la vision géopolitique américaine "islamiste" du MO est en train de tomber en quenouille...tout simplement parceque les peuples n'en veulent pas...les peuples arabes,voilà les grands oubliés de la "pensée" occidentale...non,ils ne sont pas cette masse informe et panurgique rêvée par les stratèges de Washington ou d'ailleurs. Non,ils n'accepteront pas de voir des dictatures se substituer à d'autres dictatures...quel casse-tête,hein? des arabes qui pensent...et même qui veulent vivre librement...un vrai scandale...n'est ce pas?

    GEDEON Christian

    10 h 31, le 09 juillet 2013

  • Les Révolutionnaires Égyptiens, Syriens, Libanais et Arabes et Printaniers, vont définitivement balayer de la mappe de ce Croissant? fertile! toutes ces espèces d'ékhwânes Sunnitiques, mollâhhhs Chïïtiques Per(s)cés, Chabbîhhhâhs et/ou Moukhabarâtes soi-disant déguisés en "armées".... Yâ wâïyléhhh ! Oh miséréré, quelle Saleté.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    08 h 47, le 09 juillet 2013

  • L'analyse! Ce sont là des messages à l'armée Egyptienne et ils vont certainement continuer surtout dans des moments clé comme celui de ces jours pour le choix du new gouvernement. Le message en morse(i) américano-sioniste dit ceci: Ceux d'en face sont des furieux comme an-noussra et sont prêts à mourir pour leurs idéaux.. ils viennent même de se doter d'un bon mobile (!!) et nous avons les moyens de les couvrir, voire les inciter politiquement directement et indirectement par "arabies démocratiques" interposé, de les armer comme en Syrie indirectement en niant tout, of course sir... et on transforme simplement l'Egypte en boule de feu!!! Alors nos conditions sont les suivantes: 1- pas touche aux accords de camp david et surtout pas d'armée égyptienne dans le sinai (... mais c'est négociable juste un tantinet). 2 - Restez loin de l'Iran et de la Russie et de la Syrie. 3 - Pas d'armement en dehors des eua. Top-là et nous déclarons les ikhwan du monde entier Terroristes et diaboliques, nous les pendons sur toutes nos listes noirs.

    Ali Farhat

    17 h 38, le 08 juillet 2013

  • Bon alors , vous vous décidez ou quoi ! on vous envoie le hezb résistant ou pas ?? faites vite il a d'autres chats à fouetter en ce moment , zavez pas vu et entendu le nombre de catastrophe qui nous tombe sur la tête ?? on va finir par l'impliquer dans la chute de l'avion , dans le déraillement des trains du canada , dans le nombre effroyable des morts en Egypte et même dans l'échec des opposants à istanbul et le refus d'armer les mercenaires à Homs la libérée ..

    Jaber Kamel

    15 h 41, le 08 juillet 2013

  • Je suis sidéré ! je ne savais pas que les frères musulmans étaient prêt à mourir pour la démocratie....!

    M.V.

    15 h 32, le 08 juillet 2013

  • OUF de soulagement on passe à 42 morts et toujours pas d'implication du hezb résistant , Al Hamdellihahiii ..

    Jaber Kamel

    13 h 51, le 08 juillet 2013

  • Un grand ouf de soulagement , on ne dit nulle part que c'est le hezb résistant qui les aurait tué ou manigancé cette tuerie..

    Jaber Kamel

    11 h 58, le 08 juillet 2013

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