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À La Une - Portrait

ElBaradei, "voix" de l'opposition, désormais chef du gouvernement

Ce diplomate de formation, ancien chef de l'AIEA, est réputé intègre et animé de fortes convictions démocratiques.

Mohamed ElBaradei. AFP PHOTO / STRINGER

Mohamed ElBaradei, désigné samedi pour diriger le gouvernement égyptien, est populaire parmi les militants pro-démocratie pour ses combats contre Hosni Moubarak, puis Mohammed Morsi, mais aussi pour ses prises de position passées contre l'armée.


Il a été choisi en début de semaine par l'opposition pour être sa "voix" et la représenter dans les discussions sur la transition politique qui s'est ouverte avec la chute de M. Morsi, renversé mercredi par les militaires.
A ce titre, M. ElBaradei a été associé à l'annonce de la "feuille de route" présentée par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, et qui prévoit des élections législatives et présidentielle anticipées, à une date encore inconnue.


Ce diplomate de formation, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), âgé de 71 ans, est réputé intègre et animé de fortes convictions démocratiques mais aussi austère et médiocre orateur.
Directeur de l'AIEA de 1997 à 2009, il a reçu le prix Nobel de la Paix en 2005 pour son travail et celui de l'organisation contre la prolifération des armes nucléaires. Cette période le voit s'opposer à Washington sur l'Irak, puis l'Iran.


Il a fait son retour en Egypte en 2010, accueilli triomphalement par des centaines de partisans à l'aéroport du Caire, pour se lancer dans l'opposition à M. Moubarak.
Très vite, il tente de fédérer l'opposition autour d'un projet de réformes. Il séduit dans les milieux de la jeunesse éduquée, des intellectuels et des classes moyennes urbaines, qui formeront l'avant-garde de la révolte contre Moubarak.
Il souffre toutefois d'un manque de visibilité dans l'Egypte profonde et le pouvoir lance à l'époque une virulente campagne contre lui, qui laisse des traces durables, le présentant comme déconnecté de la réalité égyptienne, voire comme un agent de l'étranger.
Des photos de sa fille Laïla en maillot de bain et lors de son mariage où du vin est servi, de nature à choquer la société musulmane conservatrice, paraissent dans la presse.


Dès le début de la révolte anti-Moubarak, il se rend place Tahrir haranguer la foule et promettre "le début d'une ère nouvelle".
A l'automne 2011, alors que Le Caire traverse de nouvelles manifestations contre le pouvoir désormais aux mains de l'armée, il se dit prêt à prendre la tête d'un "gouvernement de salut national". Tahrir, où il se rend parmi les manifestants, lui fait un nouveau triomphe, mais son appel reste sans suite.


En 2012, il déclare forfait pour la course à la présidence égyptienne, accusant le pouvoir militaire de transition, à l'époque dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, de perpétuer le système répressif d'autrefois.
Le scrutin est remporté par le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, dont il devient l'un des détracteurs les plus déterminés, le qualifiant notamment de "nouveau pharaon".
Il a fondé un parti, al-Dostour (parti de la Constitution), qui fait partie d'une coalition de formations laïques, libérales et de gauche anti-islamistes.


Mohamed ElBaradei est né le 17 juin 1942 au Caire d'un père avocat et chef du barreau national. "Mon père m'a appris qu'il fallait s'accrocher à ses principes. Il (...) prônait les libertés civiques et les droits de l'Homme".
Après son diplôme en droit obtenu à l'Université du Caire, il entre en 1964 dans la diplomatie et est dépêché à Genève et New York. Il participe ensuite à l'équipe de négociations ayant abouti, à Camp David, au traité de paix avec Israël.


En 1980, il commence sa carrière à l'ONU et est envoyé en Irak après la première guerre du Golfe pour démanteler le programme nucléaire irakien.
En 1997, il prend la tête de l'AIEA, un poste qui lui vaut une notoriété internationale en même temps qu'un statut d'adversaire à Washington, à propos de l'Irak, puis de l'Iran.
Avant l'invasion américaine de 2003 en Irak, il met en doute le fait que Saddam Hussein mène un programme nucléaire secret, ce qui exaspère les Etats-Unis mais lui confère une certaine aura dans d'autres pays. Les faits lui ont ensuite donné raison.


Marié et père de deux enfants, il a reçu en 2006 la "médaille du Nil", la plus haute distinction en Egypte.

Mohamed ElBaradei, désigné samedi pour diriger le gouvernement égyptien, est populaire parmi les militants pro-démocratie pour ses combats contre Hosni Moubarak, puis Mohammed Morsi, mais aussi pour ses prises de position passées contre l'armée.
Il a été choisi en début de semaine par l'opposition pour être sa "voix" et la représenter dans les discussions sur la transition politique...
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