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À La Une - Tension

Egypte : démonstrations de force entre partisans et opposants de Morsi

Un mort et 70 blessés dans les heurts à Alexandrie en Egypte.

Des partisans du président égyptien Mohammed Morsi lors d'une manifestation au Caire. AFP / KHALED DESOUKI

Des dizaines de milliers de personnes manifestaient vendredi en Egypte, les uns pour soutenir le président islamiste Mohamed Morsi et les autres pour réclamer son départ, témoignant des clivages croissants dans le pays.

Redoutant une plus grande détérioration du climat politique un an après l'arrivée de M. Morsi au pouvoir, l'armée a déployé des renforts dans les villes clés pour protéger les établissements vitaux, alors que des heurts ont éclaté entre pro et anti-Morsi à Alexandrie (nord).


Devant la mosquée Rabaa al-Adawiya de Nasr City, un faubourg du Caire, des dizaines de milliers de partisans de M. Morsi ont entamé un rassemblement à durée illimitée sous le slogan "la légitimité (de l'élection de M. Morsi) est une ligne rouge".

S'adressant à la foule, un orateur les a exhortés à "donner tout ce qu'(ils avaient) pour défendre la légitimité et l'Egypte".

"Vous devez prouver au monde qu'il y a des hommes qui défendront la charia (loi islamique) et la légitimité", a-t-il ajouté, appelant à conserver le caractère pacifique du rassemblement.


Sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, et ailleurs dans la capitale, des milliers de manifestants anti-Morsi défilaient de leur côté, arborant des drapeaux égyptiens et criant "Dégage".

Les anti-Morsi manifestaient aussi dans le delta du Nil (nord), à Port-Saïd et à Alexandrie où des heurts ont fait 10 blessés et où le siège du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans dont est issu le président, a été incendié.

(Pour mémoire : L’opposition égyptienne veut retrouver le souffle de la révolution)


Profonde division
Ces démonstrations de force font encore monter la tension dans le pays où des affrontements entre partisans et opposants de M. Morsi ont déjà fait quatre morts et des centaines de blessés dans le Delta du Nil ces derniers jours.

L'Egypte est profondément divisée entre les partisans de M. Morsi, qui estiment qu'il épure les institutions après des décennies de corruption, et ses détracteurs qui l'accusent de concentrer le pouvoir entre les mains des Frères musulmans.
Le 21 juin, des dizaines de milliers d'islamistes s'étaient rassemblés en soutien à M. Morsi, premier président civil d'Egypte.


L'opposition, quant à elle, a appelé à manifester en masse dimanche, date anniversaire de l'investiture de M. Morsi, pour réclamer une présidentielle anticipée.

Voyant dans ces développements une "épreuve cruciale", l'Allemagne a appelé à ce que "la violence ne (devienne) pas un moyen d'action dans le débat politique".

Amnesty International a, elle, appelé les autorités préserver le droit des Egyptiens à se rassembler pacifiquement.

En prévision de la mobilisation, des entreprises ont annoncé qu'elles seraient fermées dimanche, journée qui marque le début de la semaine en Egypte.

 
Tensions croissantes

Au Caire, des habitants retiraient de l'argent et stockaient de la nourriture, tandis que de longues files d'attente se formaient devant les stations d'essence.

Face à ces tensions croissantes, le ministre de la Défense Abdel Fattah Al-Sissi a prévenu il y a quelques jours que l'armée interviendrait en cas de violences.

L'armée avait pris les rênes de l'exécutif à l'issue de la révolte de janvier/février 2011, qui avait chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak, et jusqu'à la prise de fonctions de M. Morsi le 30 juin 2012.


Alors que la légitimité de M. Morsi est au coeur des tensions, le mouvement populaire Tamarrod (rébellion, en arabe), a dit avoir réuni 15 millions de signatures pour une présidentielle anticipée.


Les détracteurs de M. Morsi l'accusent de ne pas s'atteler aux revendications démocratiques qui avaient déclenché la révolte de 2011 et de ne pas résoudre une situation économique marquée par le chômage et l'inflation croissants.

Les pro-Morsi mettent, eux, en avant son statut de premier président élu démocratiquement en Egypte et arguent que difficultés économiques et tensions religieuses affectaient déjà le pays avant son arrivée au pouvoir.


Cette semaine, M. Morsi a appelé à la réforme et au dialogue, tout en prévenant que les divisions risquaient de précipiter le pays dans la "paralysie" et le "chaos".

Il a annoncé qu'un comité examinerait la possibilité d'amender la Constitution, accusée d'ouvrir la voie à une islamisation de la législation.

Mais l'opposition a rejeté le dialogue, jugeant que M. Morsi aurait mieux fait de "reconnaître son échec à administrer les affaires du pays".

Pour mémoire

L'aide de l'UE à l'Egypte : "bien intentionnée mais inefficace"

 

Morsi renforce l'emprise des islamistes en Egypte
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