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À La Une - Qatar

« Cheikh Hamad donne une leçon aux autres dirigeants arabes »

Les Qataris attristés par le départ de l’émir, mais rassurés sur la continuité.

Cheikh Tamim : le nouvel émir du Qatar entretiendrait d’excellentes relations avec les États-Unis et la France. Fadi el-Assaad / Reuters

Avant même le discours de l’émir du Qatar dans lequel il a annoncé hier son abdication, de longues files de Qataris en dishdasha blanche se sont formées devant le palais royal pour prêter allégeance au nouveau souverain, cheikh Tamim.
Les sentiments étaient mitigés. « Nous sommes tristes pour le départ du bâtisseur du Qatar moderne, mais heureux aussi de la continuité du pouvoir », affirme Hamad al-Hijji. Cet expert financier de 37 ans, accompagné de son frère, s’est résigné à revenir l’après-midi pour saluer le nouveau souverain, comme des centaines d’autres personnes qui ont dû rebrousser chemin tant l’affluence était grande devant le palais. Sous un soleil de plomb avec des températures frôlant les 47 degrés, d’autres Qataris patientaient devant l’imposante bâtisse blanche située près de la corniche du front de mer à Doha. La cérémonie d’allégeance, ouverte aux seuls hommes selon la tradition, se poursuivra aujourd’hui.


L’intronisation du jeune émir, âgé de 33 ans, marque « un précédent qui incitera les autres pays arabes à procéder au rajeunissement » de leurs classes politiques, estime M. Hijji.

 

(Eclairage : Un changement sans grande incidence sur la politique générale du Qatar...)


En renonçant au pouvoir à 61 ans, « cheikh Hamad, soucieux de l’intérêt national, donne une leçon aux autres dirigeants arabes qui se cramponnent au pouvoir, en léguant le pouvoir au jeune prince héritier », se félicite un père de famille. Ce douanier de 29 ans, qui ne veut pas donner son nom, dit « se fier à la sagesse de cheikh Hamad » qui a choisi de partir, selon d’autres Qataris, entre autres pour des raisons de santé car il souffre depuis des années d’insuffisance rénale. Une jeune fonctionnaire, en abaya noire, attablée dans un café d’un centre commercial de la banlieue de Doha, déclare être « triste en raison du départ du père de la nation pour avoir vécu et grandi sous son règne, mais rassurée sur l’avenir avec l’intronisation de cheikh Tamim, jeune et mûr ».


Mardi a été proclamé jour férié au Qatar et le palais a invité la population, quelque 200 000 autochtones sur un total d’à peine deux millions d’habitants, à venir prêter allégeance au nouvel émir.

 

(Lire aussi : L'ex-souverain du Qatar a placé son pays sur l'échiquier mondial)


Sur la corniche, une camionnette décorée de drapeaux qataris, bordeaux et blanc, diffuse des airs patriotiques par haut-parleur. Le reste de la ville est quasiment désert. « Ce changement donne une chance aux jeunes Qataris qui, comme cheikh Tamim, sont bien formés et assez compétents pour prendre la relève », relève Abdel Aziz Hassan al-Duhaimen, 34 ans, fonctionnaire du Comité olympique qatari que dirige le nouveau souverain. La télévision a montré les citoyens, dont des chefs de tribu, des officiers de l’armée et de nombreux notables, défilant pour saluer l’ex-émir et son fils.
Parmi les visiteurs, cheikh Youssef al-Qaradaoui, cet influent prédicateur qatari d’origine égyptienne, qui a longuement embrassé le nouvel émir.


Dans les milieux des expatriés, qui forment la majorité des habitants de l’émirat, l’indifférence domine. « Pour nous, cela ne change rien, c’est une affaire interne et c’est la même famille », affirme un chauffeur de taxi du Bangladesh.
Les quotidiens locaux, qui ont consacré la une à l’événement, vont s’adonner à partir d’aujourd’hui au rituel très rentable des encarts que publient les personnalités et les dignitaires des tribus pour féliciter le nouveau souverain et lui confirmer leur allégeance.

 

 

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