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À La Une - Portrait

L'ex-souverain du Qatar a placé son pays sur l'échiquier mondial

Confronté au début de son règne à des difficultés de trésorerie, cheikh Hamad a réussi en quelques années à jeter de solides bases au développement du Qatar.

Cheikh Hamad bin Khalifa al Thani en mars 2013. AFP/KARIM SAHIB

L'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, qui a accédé il y a 18 ans à la tête d'un pays quasiment inconnu sur la scène mondiale, lègue mardi à son fils un acteur incontournable sur l'échiquier régional et international.

 

Cheikh Hamad, 61 ans, a créé une première en abdiquant de son plein gré au profit de son fils, cheikh Tamim dans une région où les autocrates se maintiennent souvent au pouvoir jusqu'à leur dernier souffle.

 

L'ex-souverain, qui a déposé son père, cheikh Khalifa, le 27 juin 1995 lors d'une révolution de palais, a hérité d'un petit émirat marginal dont les caisses étaient presque vides.

 

Fidèle allié des Etats-Unis, il a réussi le pari de faire de son pays au cours des dernières années le pivot de la politique arabe, en jouant d'abord le rôle de médiateur dans plusieurs crises comme le Liban ou le Soudan.

Il s'est ensuite imposé comme le champion des soulèvements arabes, qu'il a appuyés par le biais de sa puissante chaîne de télévision Al-Jazeera, mais également via des fonds et des armes dans le cas de la Libye et de la Syrie.

 

"Quand il prend le pouvoir en 1995, cheikh Hamad a un objectif : placer le Qatar sur la carte du monde et pour cela, mettre en valeur les ressources gazières que son père, cheikh Khalifa, ne voulait pas développer de peur d'altérer la société de l'émirat", explique Olivier Da Lage, auteur de "Qatar, les nouveaux maîtres du jeu".

"Dix-huit ans plus tard, il a rempli son contrat : le Qatar a une force de frappe financière qui oblige les voisins et les pays occidentaux à le respecter; son rôle diplomatique, aidé par sa richesse, est reconnu, et le sens stratégique de cheikh Hamad lui a permis de ne pas être pris de court par le Printemps arabe, en soutenant les soulèvements en Libye, en Tunisie, en Egypte et en Syrie", ajoute-t-il.

 

Grand, le visage sévère, cheikh Hamad, quatrième souverain du Qatar, s'est surtout appuyé dans son projet sur deux personnes : sa deuxième épouse, la très influente et élégante cheikha Moza, mère du nouvel émir et le Premier ministre, le flamboyant cheikh Hamad ben Jassem Al Thani.

 

Confronté au début de son règne à des difficultés de trésorerie, les caisses de l'Etat étant quasiment vides, cheikh Hamad a réussi en quelques années à jeter de solides bases au développement du Qatar, un pays de 11.437 km2 qui détient les troisièmes réserves mondiales de gaz naturel.

Grâce à sa capacité à convaincre les grandes firmes internationales, il a rapidement obtenu d'importantes garanties financières, ainsi que des contrats à long terme pour la mise en place d'une industrie gazière.

Il s'est aussi hissé au premier rang mondial pour le revenu par tête d'habitant (86.440 dollars par tête d'habitant selon la Banque mondiale), dans un pays qui compte à peine deux millions d'habitants, en majorité étrangers.

 

Né en 1952, cheikh Hamad a suivi une formation militaire à la prestigieuse académie britannique, la Sandhurst Royal Military Academy, d'où il est sorti en 1971, avant d'être nommé en 1977 prince héritier et ministre de la Défense.

Il a d'abord établi de difficiles équilibres pour la diplomatie qatarie, basée sur une politique "de ponts ouverts à tous", devenant un proche allié de l'Occident tout en affichant publiquement sa sympathie envers l'Iran ou les mouvements de libération dans le monde, nouant des liens à la fois avec Israël et avec le mouvement radical palestinien Hamas.

Mais il a choisi son camp avec le début du Printemps arabe et notamment le soulèvement en Syrie, rompant avec l'Iran et le régime syrien.

 

Sur le plan intérieur, cheikh Hamad a introduit quelques réformes politiques, dont l'adoption par référendum en 2003 d'une Constitution qui prévoit une séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire mais qui maintient le pouvoir exécutif entre les mains de l'émir et de son cabinet.

En 1996, il a promulgué un code électoral en vertu duquel ont été organisées depuis 1999 des scrutins municipaux, mais les élections législatives promises n'ont toujours pas eu lieu.

 

Pour mémoire

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L'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, qui a accédé il y a 18 ans à la tête d'un pays quasiment inconnu sur la scène mondiale, lègue mardi à son fils un acteur incontournable sur l'échiquier régional et international.
 
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