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À La Une - France

Montebourg et Barroso s'accrochent verbalement

La spectaculaire progression du Front national avive les tensions avec Bruxelles.

En charge du Redressement industriel, Arnaud Montebourg a accusé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso d'être "le carburant du Front national".  REUTERS/Pascal Rossignol et REUTERS/Yves Herman

Un ministre français de haut rang a provoqué lundi la colère de Bruxelles en accusant le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, de favoriser la poussée du Front national, capable désormais de tenir tête seul contre tous aux partis traditionnels comme il l'a prouvé dimanche.

 

En charge du Redressement industriel, Arnaud Montebourg a accusé, dimanche, M. Barroso d'être "le carburant du Front national", alors que ce parti nationaliste, qui prône la sortie de la France de l'euro, échouait de peu au second tour d'une élection partielle dans le Sud-Ouest face à la droite, soutenue de fait par le Parti socialiste au pouvoir.

"Je crois que la principale cause de la montée du Front national est liée à la façon dont l'UE exerce aujourd'hui une pression considérable sur des gouvernements démocratiquement élus", a estimé M. Montebourg.

 

"Certains souverainistes de gauche ont exactement le même discours que l'extrême droite", a répondu M. Barroso, accusé il y a une semaine d'avoir qualifié de "réactionnaire" la conception française de "l'exception culturelle".

 

"J'en ai assez, je le dis avec une certaine colère, de voir dans mon propre pays des ministres comme M. Montebourg, des hommes et des femmes politiques de droite et de gauche dire que c'est la faute des autres, de se défausser, de chercher des boucs émissaires", a renchéri le commissaire européen français, Michel Barnier.

 

Avec délectation, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a pris part à la polémique : "Oui, José Manuel Barroso est une catastrophe pour notre pays et notre continent, mais il l'est d'abord et avant tout parce qu'il est l'homme d'un système européen devenu fou et soutenu par l'UMP (opposition de droite) et le PS (au pouvoir)".

 

Son parti, qui prône aussi dix à vingt fois moins d'immigration, a franchi dimanche un palier dans sa spectaculaire progression, en faisant de nouveau quasi jeu égal avec la droite dans l'ancienne ville de Jérôme Cahuzac, l'ancien ministre de gauche fraudeur présumé.

 

Son candidat inconnu, Etienne Bousquet-Cassagne, un étudiant de 23 ans, a parlé "de défaite au goût de victoire" à propos de son score de 46,24% face au candidat UMP, Jean-Louis Costes, à Villeneuve-sur-Lot (sud-ouest).

 

A la surprise générale, le FN s'implante donc dans cette région du rugby et du cassoulet, acquise au centre gauche, radical, socialiste et républicain, où le candidat socialiste avait éliminé dès le premier tour. En mars, le FN avait déjà terminé à 48,6% face à la droite dans une autre élection partielle dans l'Oise, au nord de Paris.

 

Il y a quelques années encore, le Front national stagnait entre les deux tours même en cas de duel, comme Jean-Marie Le Pen qui avait plafonné à 18% face à Jacques Chirac à la présidentielle de 2002.

A l'époque, les candidats Front national "avaient zéro réserve de voix pour le second tour", remarque un autre politologue Emmanuel Rivière (TNS Sofres). Dimanche, son jeune candidat a progressé de 7.000 voix entre les deux tours.

Pourquoi? Il y a évidemment le contexte local, et le dégoût d'une partie de l'électorat, après les confessions de Jérôme Cahuzac, l'ancien maire de Villeneuve-sur-Lot, qui a avoué le 2 avril avoir détenu pendant des années un compte à l'étranger, alors qu'il était en charge de la lutte contre la fraude fiscale au gouvernement.

 

"On peut faire l'hypothèse que beaucoup d'électeurs de gauche ont refusé de choisir entre l'UMP et le Front national", avance aussi le politologue Brice Teinturier, donnant raison à ceux qui veulent remettre en cause la stratégie du "Front républicain".

Avec sa présidente Marine Le Pen, 44 ans, le Front national voit l'avenir en rose, et notamment les élections municipales de 2014, où il se voit déjà à la tête de plusieurs villes.

 

 

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