Les principaux pays soutenant l'opposition syrienne ont décidé samedi d'intensifier leur aide à la rébellion pour renverser l'équilibre sur le terrain en sa faveur avant la tenue d'une conférence de paix à Genève, sans parvenir à un consensus sur la fourniture d'armes.
Réunis à Doha, les onze pays amis de la Syrie, dont les États-Unis, la France ou la Grande-Bretagne, ont annoncé avoir décidé "une aide urgente en matériel et en équipements" à la rébellion afin de lui permettre de faire face aux "attaques brutales du régime". Ils indiquent dans un communiqué à l'issue de leur réunion, que "toute aide militaire sera canalisée" par le Haut conseil militaire syrien relevant de l'Armée syrienne libre (ASL), principale faction de l'opposition armée.
Les Amis de la Syrie ont néanmoins "exigé" dans leur résolution finale que l'Iran et le Hezbollah libanais "cessent d'intervenir dans le conflit" syrien, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
"Le Hezbollah a joué un rôle terriblement négatif notamment dans l'attaque de Qousseir. Nous ne sommes absolument pas d'accord pour l'internationalisation du conflit", a dit le chef de la diplomatie française lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion.
"Nous voulons que le Liban soit à l'écart du conflit syrien mais nous ne voulons pas qu'il y ait des actions terroristes de la part du Hezbollah. C'est la raison pour laquelle la France a pris position avec d'autres pays d'Europe pour inscrire la branche militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes", a expliqué M. Fabius.
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Le chef de la diplomatie du Qatar, soutenant activement l'opposition, cheikh Hamad ben Jassem al-Thani, a en outre affirmé que les participants à la réunion avaient pris "des décisions secrètes" pour renverser l'équilibre sur le terrain.
Cheikh Hamad a indiqué que neuf des pays participants étaient d'accord sur l'apport d'aide militaire à l'ASL, ne précisant pas quels étaient les deux États réservés sur la question.
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague avait déclaré aux journalistes avant l'ouverture de la réunion que son pays n'avait "pas pris la décision" d'armer la rébellion syrienne.
Les Amis de la Syrie vont "chacun à sa façon, chacun choisissant son approche, augmenter la portée et l'ampleur de leur assistance à l'opposition politique et militaire", a déclaré le secrétaire d’État John Kerry, sans préciser si son pays allait apporter une assistance militaire à la rébellion. Mais il a estimé que les rebelles avaient besoin d'un soutien accru "afin de se rendre à Genève" et de pouvoir renverser "le déséquilibre sur le terrain", où le régime a récemment enregistré des progrès.
Des traitements anti gaz sarin à l'opposition
Il a souligné que son pays continuait d'appuyer une solution pacifique et la tenue de la conférence internationale Genève 2 visant à trouver une solution politique au conflit qui a fait en plus de deux ans quelque 93.000 morts selon l'ONU. Les États-Unis soutiennent "la mise en place d'un gouvernement de transition" prévue par l'accord de Genève "qui serait choisi par consentement mutuel par le régime d'Assad et l'opposition", a-t-il dit.
De son côté, cheikh Hamad a estimé qu'un règlement politique "ne peut être réalisé qu'en établissant un équilibre sur le terrain pour que le régime accepte de négocier".
La rébellion syrienne avait affirmé fonder beaucoup d'espoirs sur cette réunion.
Une source diplomatique occidentale a indiqué de son côté que le chef d'état-major de l'ASL, le général Sélim Idriss, "a présenté une liste de demandes sur les armes". "Mais il ne faut pas attendre une annonce sur l'armement" à l'issue de la réunion, a estimé cette source.
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Le porte-parole de l'ASL, Louaï Moqdad, avait indiqué vendredi à l'AFP que l'ASL avait reçu récemment de l'étranger des quantités d'armes "modernes" susceptibles de "changer le cours de la bataille". Il avait précisé qu'il s'agissait d'armes antiaériennes et anti-chars, ainsi que de munitions.
Burhan Ghalioun, figure de l'opposition, a confirmé à l'AFP que l'ASL avait reçu "des armes sophistiquées", citant notamment "un système de défense antiaérien".
La rébellion réclame des armes lourdes pour protéger les zones civiles de la puissance de feu du régime, qui tente actuellement de reconquérir des poches rebelles à Damas et Alep (nord), après avoir repris début juin avec l'aide du Hezbollah la localité de Qousseir, bastion rebelle stratégique.
Mais les pays occidentaux se montrent réticents à l'idée de fournir des armes aux rebelles, de crainte qu'elles ne tombent aux mains d'extrémistes. Laurent Fabius avait exclu jeudi que la France livre à la rébellion syrienne des armes qui pourraient "se retourner" contre elle.
Alors que la France et les États-Unis ont affirmé que des armes chimiques avaient été employées en Syrie contre les rebelles, M. Fabius a par ailleurs annoncé que Paris avait envoyé dans ses livraisons à l'opposition syrienne "des traitements qui peuvent protéger un millier de personnes" du gaz sarin, un puissant neurotoxique.
"Ça en dit long sur les ravages que fait courir Bachar el-Assad à sa population", a-t-il indiqué.
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commentaires (8)
D'abord, ne jouons pas avec les appellations, c'est simplement ridicule... mais c'est bien connu, le ridicule ne tue pas! La Syrie reconnue dans toutes les institutions internationale, c'est la République Arabe Syrienne avec son drapeau qui flotte partout et avec à sa tête le Président Bachar Assad jusqu'à nouvel ordre. N'inversons pas le tableau comme on si mettrait un frigo la base en haut et vice versa. Eux, ce sont les amis des bandes armées et des terroristes djihadistes/takfiris, qu'ils sont libre d'appeler révolutionnaires tantôt et tantôt Syrie, au mépris du respect le plus élémentaire du droit international qui a été d'ailleurs construit et arrangé à leur large faveur (apparemment ça ne leur suffit pas, d'où le droit d'ingérence des pro sionistes couchner et b.h.levy ou encore pire: la raison du plus fort américains autoproclamé gendarme de la planète bleue.. mieux; sa conscience (lol)). Si être ami de la Syrie signifie armer des insurgés au mépris de la souveraineté INVIOLABLE d'un pays... au lecteur cultivé et intellectuel de se faire son opinion (!!!). Alors on serait en droit de se demander pourquoi ils ne seraient pas amis du Bahreïn ou de la Palestine par exemple, etc..
Ali Farhat
02 h 35, le 23 juin 2013