Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Mona Afeiche en guerre contre l’incarcération des jeunes

Dans son unique prison pour mineurs, le Liban voit passer jusqu’à 800 jeunes par an. Voleurs de mobylette ou petits dealers, ces enfants sont incarcérés dans des conditions parfois pires que celles des adultes. La Fondation du père Afif Osseiran, présidée par l’ancienne ministre Mona Afeiche, se bat pour les en sortir.

Mona Afeiche : « Tous ces jeunes incarcérés ne sont pas de grands délinquants. Le plus souvent, il s’agit de petits vols pour manger, qui leur coûtent plusieurs années derrière les barreaux. »

Comme tous les mardis au Centre de la jeunesse catholique à Achrafieh, une quinzaine de mamans se sont réunies pour parler éducation, société et politique. Cette semaine, le Club des mamans accueillait Mona Afeiche, ancienne ministre et présidente de la Fondation du père Afif Osseiran, venue sensibiliser au sort des enfants en prison.
«Tous ces jeunes incarcérés ne sont pas de grands délinquants, explique Mme Afeiche. Le plus souvent, il s’agit de petits vols pour manger, qui leur coûtent plusieurs années derrière les barreaux. Nous demandons à sortir ces jeunes des prisons.» La grande majorité de ces jeunes incarcérés est en effet bien loin du dangereux criminel. Près de 65% d’entre eux sont incarcérés pour vol, que ce soit de l’argent, une mobylette ou un paquet de gâteaux. «Quand j’étais ministre, j’ai eu vent d’un garçon emprisonné dans la Békaa. Il avait simplement volé deux cakes et un jus de fruits», se souvient-elle.


La Fondation du père Osseiran est là pour atténuer certaines décisions de justice dans des cas extrêmes. De la même manière, c’est elle qui fait en sorte de garder le casier judiciaire vierge pour les mineurs qui n’ont commis qu’un petit délit, «pour qu’ils puissent trouver du travail une fois sortis de prison». Comme une seconde chance, la fondation offre aux jeunes un projet, une formation et un travail. Quand la nation ou l’école les abandonne, c’est elle qui prend le relais.

«Une porcherie est mieux que l’endroit où ils vivent»
Au Liban, la prison de Roumieh est la seule à incarcérer les mineurs. Aujourd’hui, ils sont 115 détenus, répartis dans seulement douze chambres. Les dealers côtoient les petits voleurs, si bien que s’ils ne sont pas criminels en entrant en prison, ils le deviennent à coup sûr à leur sortie. «La surpopulation carcérale dans cette prison est un énorme problème. Mais le pire, ce sont leurs conditions de vie misérables», explique Mona Afeiche.


À Roumieh, le repas n’est servi qu’une fois par jour. Les détenus doivent se débrouiller pour le conserver jusqu’au lendemain. Il n’y a pas non plus de médecin, ni de dentiste. Seulement un psychologue, qui se charge de toute la prison. Les jeunes vivent entassés et ont à peine de quoi se laver. Certains vont jusqu’à vendre leurs chaussures pour s’acheter un paquet de cigarettes. La fondation intervient pour leur fournir un réfrigérateur, un lit, des vêtements... Mais pour la présidente, cela ne suffit pas. «Il faut les sortir de là. La plupart de ces jeunes sont là parce que leur famille n’a pas pu leur donner la chance de s’en sortir. Ce sont eux, les vraies victimes», insiste-t-elle.

Le combat pour la réinsertion
Lorsqu’on se sent abandonné par la société, il est normal de se révolter. Mais pour ces jeunes, Mona Afeiche préfère de loin les centres de réhabilitation aux prisons. «Nous en avons ouvert quatre pour les jeunes au Liban: à Beyrouth, Saïda, Tripoli et au Akkar». Une fois libérés, ils sont suivis par ces centres et construisent ensemble un projet de vie, que le jeune choisit lui-même. La fondation redonne la chance d’une formation professionnelle rapide à ces enfants souvent rejetés par l’école. «On trouve ce qui lui plaît et on l’aide dans sa démarche. Il a à nouveau un but dans la vie», souligne-t-elle.


Pour les dealers ou jeunes drogués, même combat. On ne veut pas d’eux en cure de désintoxication, alors ils intègrent un des centres pour suivre des mesures de réinsertion. «Ces jeunes sont une bombe à retardement. Si la famille ou le gouvernement ne fait rien pour eux, ils finiront mal», constate Mme Afeiche. Parler avec eux, en parler entre mamans, c’est un premier pas. Comme elles le disent si bien, «nos sociétés ont plus besoin de futures mamans que d’experts».

Club des mamans, Cercle de la jeunesse catholique (CJC), Achrafieh, rue du Liban, près de la faculté de droit de l’USJ. Contact: Nada Wehbé 03/044767.



Pour mémoire

Le CLDH accuse : Des migrantes sont détenues « dans des cages » au Palais de justice à Jdeidé


En 37 ans, l’AFEL est devenue une référence nationale dans la protection de l’enfance


La belle leçon de Badinter



Comme tous les mardis au Centre de la jeunesse catholique à Achrafieh, une quinzaine de mamans se sont réunies pour parler éducation, société et politique. Cette semaine, le Club des mamans accueillait Mona Afeiche, ancienne ministre et présidente de la Fondation du père Afif Osseiran, venue sensibiliser au sort des enfants en prison.«Tous ces jeunes incarcérés ne sont pas de grands...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut