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À La Une - Quatre questions à...

« Je comprends les contraintes libanaises et les accepte »

Olivier Gasnier Duparc, cocréateur avec Youssef Harati du festival d’été Decks on the Beach, organisé au Sporting Club de Raouché

Olivier Gasnier Duparc (à gauche) et Youssef Harati, copropriétaires de la boîte de nuit Behind the Green Dooret co-instigateurs du festival Decks on the Beach.

Pour la deuxième année consécutive, vous organisez de manière hebdomadaire des soirées, les fameuses Decks on the Beach, avec votre partenaire Youssef Harati. La situation politique et sécuritaire ne vous inquiète pas ?
L’organisation des soirées s’est faite il y a longtemps, quand la situation sécuritaire était stable. De plus, les études de faisabilité se fondent sur une base de clientèle locale, la clientèle touristique étant un plus. Les soubresauts sécuritaires représentent donc plus un risque artistique qu’économique. L’investissement sur ce type de soirée est léger et hebdomadaire. On peut arrêter et reprendre très facilement. Nous n’en sommes pas encore à réfléchir sur l’opportunité de maintenir ou d’arrêter le festival. Aucun des artistes « bookés » n’a émis le souhait d’annuler, nous sommes donc en situation de confiance.

Quel est le montant global de l’investissement ? Avez-vous le soutien de partenaires/sponsors qui continuent de croire en la nightlife beyrouthine malgré une inquiétude latente ? Est-ce que vous souscrivez des polices d’assurances des fois qu’un DJ vous lâcherait à la dernière minute ?
Notre investissement a surtout été fait l’année dernière sous forme de mobilier, d’éléments de décoration et de marketing. En fait il n’y a pas d’investissement lourd mais des coûts fixes élevés (loyer, frais des DJ, frais de personnel). Les trois gros postes budgétaires sont le loyer, les coûts (déco + son + éclairage) et les frais du DJ qui incluent billet d’avion, procédures d’obtention de visa et frais d’accommodation). Localement, les sponsors habituels de la nightlife sont toujours intéressés. Pour les sponsors « extérieurs », ils ont plus de mal à s’engager sur tous les événements et réfléchissent plutôt au coup par coup. On ne constate pourtant pas de défection ni de baisse de budget.
Concernant les DJ, nous ne souscrivons pas de polices d’assurances. Nous préparons des contrats « adaptés » à la situation libanaise, qui sont des contrats plus souples. Les DJ que nous faisons venir sont plus flexibles et compréhensifs ; leur venue à Beyrouth est souvent plus dictée par le plaisir que par la course au cachet. De plus, nous avons établi des relations de confiance avec les agences de booking. C’est pour cela que les annulations trouvent donc souvent des solutions commerciales plus que légales, reprogrammation ou remboursement.

 

Ces dernières années, une tendance de « soirées en plein air » se développe. Positionnées un peu comme les antisoirées des rooftops version bling-bling, il y en a presque tous les week-ends. À votre avis, c’est une tendance en pleine expansion ? Si oui, pourquoi ? Et dans l’affirmative, est-ce que Beyrouth peut se positionner comme exportatrice de ce modèle de soirées dans la région ?
L’expansion des soirées en plein air a été effective entre l’été 2012 et l’été 2013. Nous sommes passés de 1 ou 2 soirées par week-end à 6 ou 7 au cœur de l’été 2013. C’est le marché qui dictera le verdict. A priori, et parce que les structures sont légères, nous pensons que tout le monde s’en sortira. Il faut pour les organisateurs se positionner clairement pour attirer la clientèle voulue. Ce qui a l’air d’être le cas.
Les soirées sont-elles exportables ? Je ne pense pas pour le moment. C’est un phénomène local récent et la concurrence existe déjà à l’étranger avec des modèles économiques plus solides, des budgets plus importants. Il faudrait avoir des marques puissantes et établies pour s’exporter et le phénomène est encore jeune à Beyrouth. Ce sont les soirées d’Ibiza qui sont leader sur le marché pour l’instant, certaines essayent même de percer sur le marché libanais.

Un Français à Beyrouth... Et qui plus est, prend le risque d’investir alors que les investissements se font porter pâles. Pourquoi ? Des projets d’avenir ?
Le marché de la restauration au Liban est un marché hyperconcurrentiel mais lucratif. En 10 ans de présence, j’ai réussi à établir de sublimes relations de confiance, de compréhension, de complémentarité et d’amitié avec mes partenaires. Nous maîtrisons la création, l’économie et les cycles de nos investissements pour l’instant avec succès. Nous avons fermé le Behind the Green Door après 5 ans de succès pour ouvrir un nouveau projet différent à la rentrée. Nous avons également un projet de restaurant pour cet été et nous travaillons évidemment à l’amélioration et à la réussite de Decks on the Beach cet été.
La situation en France, mon pays d’origine, ne me paraît pas propice à m’y faire et y retourner. Les perspectives n’y sont pas encourageantes... Chaque pays a ses contraintes, les contraintes libanaises actuelles ne me paraissent pas de nature à me pousser à m’exiler a nouveau. Je les comprends et les accepte.

 

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