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À La Une - Enseignement

Teaching in English in France ? Polémique dans l'Hexagone

La ministre de l'Enseignement supérieur veut augmenter la part des étudiants étrangers.

Photo AFP/Jacques Demarthon

L'Assemblée nationale française a entamé mercredi l'examen d'un projet de loi controversé sur l'enseignement supérieur, ce qui suscite un débat passionné de société dans un pays attaché à sa langue.

L'article 2 du projet de loi de la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, prévoit de développer des cours en langue étrangère, notamment en anglais, "en étendant les exceptions au principe qui fait du français la langue de l'enseignement, des examens, des concours et des thèses".

Objectif : augmenter la part des étudiants étrangers de 12 à 15% "à l'horizon 2020", selon Geneviève Fioraso, pour qui "moins de 1% des cours" seront dispensés en langue étrangère à l'université.

"Nous n'avons que 5.500 étudiants coréens, 3.000 étudiants indiens et trop peu d'étudiants russes", déplore la ministre, ajoutant que ces étudiants des pays émergents "se heurtent à l'obstacle de la langue. C'est pour cette seule raison qu'ils se dirigent massivement, à qualité universitaire égale, vers les pays anglo-saxons".


Revenant sur une fracture très française entre l'enseignement de masse à l'université et la formation des élites dans de "grandes écoles", elle dénonce une "hypocrisie" : "Ces grandes écoles dispensent depuis longtemps des formations en anglais de spécialité", en contravention de la législation en vigueur depuis 1994.

Un raisonnement "fallacieux" pour les défenseurs du français tels que le réalisateur français Dominique Gallet et l'historien québécois Jean-Louis Roy, initiateurs en 2012 d'un appel sur une politique linguistique rejetant le dogme du "tout-anglais".

"Qui peut sérieusement prétendre qu'un jeune (...) non francophone viendrait étudier en France parce que l'enseignement y serait dispensé dans une langue autre que le français ?", écrivent-ils dans un courrier aux parlementaires.

 

La disposition linguistique du projet de loi a relégué au second rang les autres aspects du texte (spécialisation progressive des étudiants, regroupement des universités...) auquel s'opposent des syndicats d'enseignement. Ces derniers avaient appelé pour mercredi à une grève nationale.

(Pour mémoire : "My tailor is rich" à l'Elysée)

 

"If Anglais est allowé..."

Le débat passionné sur l'enseignement en anglais a dépassé les frontières françaises. Dans une tribune titrée "Français, gardez votre langue à l'université", publiée mercredi dans le quotidien Libération, des universitaires étrangers affirment que "la raison pour laquelle nous vous envoyons (nos étudiants), c'est justement une autre façon de penser (...) un modèle culturel alternatif aux modèles anglo-saxons dominants".


En Grande-Bretagne, le journal Daily Telegraph a pris le parti d'en rire mercredi avec un éditorial en franglais : "If Anglais est allowé dans les rooms de classe, Français will become une +dead language+, pensent les grandes fromages. Sacré bleu!".


En France, l'Académie Francaise, établie en 1635 pour veiller à la pureté de la langue, s'est jointe aux adversaires de cette disposition.

 

En pleine polémique, une enquête sur l'usage des langues vivantes dans la recherche publique française révèle que pour 77% des chercheurs français, "le choix de la langue ne se pose plus", tant l'anglais est devenu courant dans la recherche.

Le projet de loi du gouvernement socialiste est soutenu par les deux principales organisations étudiantes, l'Union nationale des étudiants de France (Unef) et la Fage.
L'Unef déplore que "cette seule question linguistique, qui ne concernera qu'une très petite minorité d'étudiants et de formations, masque les problèmes cruciaux de notre enseignement supérieur : l'échec massif des étudiants, l'explosion des inégalités face au diplôme, l'élitisme et l'hégémonie des classements internationaux".

La Fage estime pour sa part que le texte va permettre à "la jeunesse de disposer de toutes les armes pour faire la promotion de la francophonie tout en permettant une meilleure insertion professionnelle".

 

 

Pour mémoire

Les étudiants étrangers font leur rentrée, libérés du poids de la circulaire Guéant


Voir aussi, notre dossier : Libanismes à découvrir et à enrichir

L'Assemblée nationale française a entamé mercredi l'examen d'un projet de loi controversé sur l'enseignement supérieur, ce qui suscite un débat passionné de société dans un pays attaché à sa langue.
L'article 2 du projet de loi de la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, prévoit de développer des cours en langue étrangère, notamment en anglais, "en étendant...

commentaires (1)

Nous au Liban on s'en bat les flancs d'apprendre l'anglais à l'école puisque pour les langues on a un gêne génial. Il n'existe pas de langue qu'un libanais ne sait parler, même le mandarin, le wolof ou le toucouleur, just ask me!

Jaber Kamel

18 h 53, le 22 mai 2013

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Commentaires (1)

  • Nous au Liban on s'en bat les flancs d'apprendre l'anglais à l'école puisque pour les langues on a un gêne génial. Il n'existe pas de langue qu'un libanais ne sait parler, même le mandarin, le wolof ou le toucouleur, just ask me!

    Jaber Kamel

    18 h 53, le 22 mai 2013

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