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À La Une - Reportage

Des filles afghanes se libèrent dans un concert rock très particulier

"Moi ce n'est pas la liberté que je veux, mais la sécurité".

La rappeuse afghane, Ramika Khabiri, 18 ans, lors du festival de rock de Kaboul organisé au centre culturel français de la capitale afghane. AFP PHOTO/ SHAH Marai

Guitares survoltées, batteries déchaînées, quelques centaines de filles afghanes hurlent de bonheur lors d'un concert très particulier, mélangeant rap, rock, défilé de mode et courts-métrage très sérieux sur le harcèlement dont sont victimes les Afghanes.

 

Placée sous haute surveillance pour l'occasion, l'enceinte du lycée français Istiqlal s'est transformée pour quelques heures en un havre de liberté pour des collégiennes venues assister en uniforme au Festival de rock de Kaboul qui depuis trois ans cherche à briser les stéréotypes sur l'Afghanistan.

Ce festival qui réserve une journée exclusive aux dames a de quoi surprendre dans un pays où il y a un peu plus de dix ans, la musique était interdite et les femmes devaient rester à la maison avec leurs filles, condamnées à l'ignorance par le régime intégriste des talibans. Un régime chassé du pouvoir en 2001 sans que soit tombé le mur de la peur et des discriminations pour les femmes afghanes.

 

L'événement n'avait pas été annoncé dans les médias pour des raisons de sécurité et c'est sur invitation des organisateurs que les collégiennes ont assisté, comme Aryane, à leur "premier concert !".

C'était l'occasion pour elles non seulement d'entendre le groupe d'expatriés de Kaboul White city punk band, composé notamment de la chanteuse britannique Ruth Owen et du guitariste australien Travis Beard à l'origine de ce Festival, et la rappeuse afghane Kamika, 18 ans, mais aussi de s'exprimer dans une joute de poésie où elles récitaient des vers de leur cru parlant d'amitié et de paix.

 

Lina, 13 ans, a lu un court poème en français : "Qui peut faire de la voile sans vent ? Qui peut ramer sans rames ? Qui peut quitter son amie sans verser de larmes?"

Kamila, 19 ans, a elle été longuement applaudie pour son poème "Où est la paix qui dort dans mes rêves ? La paix c'est un monde vert. Des enfants heureux dans une allée, des jacquots blancs dans la jungle, des mères heureuses avec un visage souriant. Où est la paix ? Les voix des enfants se sont tues, la jungle brûle, les mères guettent aux portes tous les jours. Où est la paix? Un jour peut-être serons-nous ensemble".

 

On leur présentait entre deux séances musicales des courts-métrage qui les ont fait souvent réagir. Le premier racontait le parcours du combattant d'une jeune afghane pour obtenir son permis de conduire. "Les femmes sont des êtres humains au même titre que les hommes", dit-elle après avoir été sermonnée par un homme lui disant que les femmes n'ont pas à apprendre à conduire une voiture puisqu'elles doivent rester à la maison.

Le second court-métrage évoquait le harcèlement constant que subissent les femmes dans la rue. "Si les hommes font des remarques aux femmes dans la rue, c'est qu'elles ne se comportent pas bien, qu'elles sont mal habillées", dit un garçon dans le film, suscitant des réactions outrées dans la salle.

 

Mariam, 17 ans, pense que "le problème est que les hommes ne respectent pas les femmes". "S'ils les respectaient, le prophète n'aurait pas eu à dire aux femmes de se voiler", dit-elle. "Moi ce n'est pas la liberté que je veux, mais la sécurité".

Hassina, 15 ans, pense la même chose. "Plus tard? Je ne veux pas travailler, c'est trop dangereux de sortir, je veux rester à la maison et élever deux enfants, pas plus". "Mon rêve? C'est d'aller au Canada. Oui je sais je devrais travailler. Mais là-bas, tu comprends, je pourrais travailler en sécurité, ce ne sera pas un problème comme en Afghanistan".

 

Le concert terminé, les portes blindées du lycée se sont ouverte et les collégiennes sont retournées, main dans la main, dans la dure réalité de leur quotidien.

 

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