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À La Une - Reportage

Les artistes syriens exorcisent les démons de la guerre

"Je voulais chanter la souffrance de mon pays"

Le Syrien Abdel Karim Hamdane. Photo Facebook

"Alep, flot de souffrance, combien de sang versé dans mon pays!": le Syrien Abdel Karim Hamdane a fait pleurer des millions de téléspectateurs arabes en interprétant sa chanson au concours Arab Idol.

 

"Je voulais chanter la souffrance de mon pays", affirme à l'AFP, entre deux répétitions, cet Alépin de 25 ans dans le grand studio de la chaîne panarabe MBC à Beyrouth, où sont filmés les épisodes du concours à succès copié sur l'émission britannique Pop Idol.

"Le coeur déchiré je pleure mon pays et les enfants devenus étrangers dans leur propre patrie", avait-il chanté devant un public bouleversé.

 

"C'est ça la voix qu'on veut entendre dans le monde arabe, pas le bruit des canons!", s'était écriée Nancy Ajram, star de la chanson arabe et membre du jury, tandis que l'autre concurrente syrienne, Farah, s'était effondrée en larmes.

 

"J'ai voulu chanter une cause qui concerne le monde entier", raconte Abdel Karim, qui a étudié le chant lyrique à l'Institut de musique de Homs, dans le centre de la Syrie et écrit les paroles de ses chansons.

 

 

Le conflit déchaînant les passions, la controverse a aussitôt éclaté, certains accusant Abdel Karim d'être un opposant, d'autres le qualifiant de pro-régime, avec des rumeurs de menaces de mort.

Le jeune chanteur à la barbe bien taillée dit avoir "rien à voir avec la politique" et vouloir "chanter pour la Syrie, un point c'est tout".

Le public d'ailleurs accueille chacune de ses prestations en scandant "Syrie! Syrie!".

 

Mais loin des émissions hyper-médiatisées, une multitude de jeunes artistes, chassés par le conflit, se produisent à Beyrouth.

En marge du festival libanais BIPOD pour la danse contemporaine, onze chorégraphes syriens ont présenté en avril des projets profondément marqués par la guerre.

 

"Mon frère, la guerre et moi" montre un danseur rampant sur scène, les mains liées, face à des ombres représentant des soldats. "Pour moi, le plus important est de montrer la souffrance de l'être humain", explique à l'AFP Ayass Moqdad.

Agé de 32 ans, il a pris des cours de ballet à l'Institut supérieur des arts scéniques de Deraa, berceau de la révolte de mars 2011. Il a quitté sa ville pour la Belgique cinq mois après le soulèvement.

 

Un autre participant, Hussein Khdour, résidant toujours à Damas, affirme avoir dansé une fois sur les débris de verre après une explosion ayant touché son institut. "La guerre nous incite à la création", dit-il.

 

(Reportage : À Damas, la vie continue pour l’élite pro-Bachar)

 

Mais pour la plupart, il reste difficile de se démarquer d'une guerre qui a bouleversé leur vie à jamais.

La chorégraphie de Mithqal Alzghair, 32 ans, qui a fait ses études à l'Institut supérieur des arts dramatiques de Damas, est un travail singulier. Dans "Entre révolte et mort", deux danseurs, suspendus par des câbles et un harnais au niveau de la taille, se lancent dans une lente et silencieuse chorégraphie dans l'air. Soudain, des bruits de tirs résonnent puis, comme une litanie, des voix de militants annonçant la date de vidéos filmées sur le terrain. Les corps se recroquevillent, s'étreignent, avant que l'un ne s'effondre lourdement sur scène.

 

"Je me suis interrogé comment la danse, qui traite du corps, peut évoquer la mort, ces corps inertes qu'on voit défiler à la télévision. C'est ma manière de participer à ce qui se passe dans mon pays", explique le jeune homme qui prépare un master au Centre chorégraphique national de Montpellier.

 

"Ce qui est beau, c'est que malgré les difficultés, ils tiennent à produire quelque chose", confie Omar Rajeh, organisateur libanais du BIPOD. "C'est très important qu'on leur permette de s'exprimer sur scène".

 

Beaucoup de jeunes artistes sont devenus serveurs dans les cafés de la rue animée de Hamra pour subvenir à leurs besoins. D'autres utilisent leur art comme gagne-pain, à l'instar de Bassem el-Sayyed qui depuis un an dessine au fusain des portraits des passants à Saïda, la grande ville du sud du Liban.

"Le portrait est à 14 dollars. Avec ça, j'aide ma famille restée à Alep", dit cet homme fumant cigarette après cigarette.

"Dessiner me fait oublier que je suis exilé".

 

 

Pour mémoire

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"Alep, flot de souffrance, combien de sang versé dans mon pays!": le Syrien Abdel Karim Hamdane a fait pleurer des millions de téléspectateurs arabes en interprétant sa chanson au concours Arab Idol.
 
"Je voulais chanter la souffrance de mon pays", affirme à l'AFP, entre deux répétitions, cet Alépin de 25 ans dans le grand studio de la chaîne panarabe MBC à Beyrouth, où sont filmés...

commentaires (2)

Veuillez lire la parenthèse : -par malheur je viens d'en recevoir une-

Halim Abou Chacra

03 h 36, le 02 mai 2013

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Commentaires (2)

  • Veuillez lire la parenthèse : -par malheur je viens d'en recevoir une-

    Halim Abou Chacra

    03 h 36, le 02 mai 2013

  • De par leur sensibilité artistique, les artistes syriens souffrent plus que n'importe qui des crimes commis contre leur pays et contre l'humanité par un régime au comportement le plus macabre qui soit. Des vidéos extrêmement choquants, dont il est impossible de voir plus de quelques secondes -par malheur je viens d'en recevoir un- montrent des crimes monstres, affreux, contre l'humanité, commis également de l'autre côté par des rebelles, comme des égorgements de chabbiha attrapés !!!! Trop, trop révoltant !!! C'est à vous faire désespérer de l'homme, en particulier de l'homme arabe, littéralement un animal sauvage crasseux et dangereux !!! Et on est devant une communauté internationale de merde qui n'actionne pas le Tribunal pénal international (TPI) contre les deux parties et ne fait absolument rien pour arrêter la barbarie.

    Halim Abou Chacra

    03 h 31, le 02 mai 2013

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