L'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion luttant contre le régime de Bachar el-Assad, a rejeté mercredi l'appel au jihad (guerre sainte) lancé par des cheikhs salafistes libanais.
"En tant que commandement militaire suprême de l'ASL, nous les remercions mais nous rejetons tout appel au jihad en Syrie et nous rejetons toute présence de combattants étrangers, quelle que soit leur provenance", a affirmé Louaï Moqdad, coordinateur politique et pour les médias de l'ASL.
"Nous avons dit à plusieurs reprises que nous manquons en Syrie d'armes et non d'hommes", a-t-il ajouté.
L’imam salafiste de la mosquée Bilal ben Rabah, cheikh Ahmad el-Assir et le cheikh radical Salem Raféi ont appelé mardi au jihad en Syrie pour défendre les habitants sunnites de la région centrale de Homs, affirmant réagir à l'implication du Hezbollah chiite qui combat aux côtés de l'armée de Bachar al-Assad selon l'opposition.
"Nous annonçons la création des 'brigades de la résistance libre'" pour aller combattre en Syrie, a affirmé Ahmad el-Assir, sous les applaudissements de ses partisans dans la ville de Saïda dans le sud du Liban.
Il a émis une fatwa (décret religieux) "qui impose à tout musulman à l'intérieur et à l'extérieur du Liban (...) d'aller en Syrie et de défendre ses habitants et ses mosquées notamment à Qousseir et à Homs".
C'est "un devoir religieux pour tous ceux qui peuvent le faire", a-t-il souligné.
Ce dignitaire, connu pour ses positions hostiles au Hezbollah, a affirmé que l'appel au jihad avait été lancé après que le chef du Hezbollah Hassan "Nasrallah et ses chabbihas ont pris la décision d'entrer dans ces régions pour y massacrer les opprimés". "Chabbihas" est le terme utilisé par les opposants syriens pour désigner les miliciens pro-régime.
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Parallèlement, le président libanais Michel Sleiman a de son côté appelé mercredi à empêcher le transfert d'armes ou de combattants (libanais) en Syrie, dans un communiqué diffusé par le bureau de presse de la présidence.
Le chef de l'Etat a également appelé à "empêcher la mise en place de camps d'entraînements à l'intérieur du Liban, afin de respecter la déclaration de Baabda et la politique de distanciation du Liban envers la crise syrienne et pour renforcer l'unité nationale et éviter de déstabiliser la coexistence", indique le texte.
Dans la journée de mardi, la bataille a été ainsi particulièrement acharnée dans la région de Qousseir, entre les rebelles syriens et l’armée pro-Assad soutenue par les combattants du Hezbollah. « L’armée est en train de mener la bataille sur les fronts nord et est de la région de Qousseir et le Hezbollah est sur les fronts sud et ouest », plus proches de la frontière libanaise, a indiqué dans ce cadre Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), cité par l’AFP.
Une source militaire syrienne a affirmé à l’AFP que l’armée pro-Assad poursuivait « son avancée » dans cette région, soutenant que la prise de la ville de Qousseir, place forte de la rébellion depuis plus d’un an, « n’est plus qu’une question de jours ». Néanmoins, selon M. Abdel Rahmane, la prise de la ville pourrait s’avérer compliquée en raison « de la farouche résistance des rebelles ». « Ils sont prêts à mourir pour défendre leur ville et l’armée ne pourra reprendre la ville de Qousseir que si elle la détruit complètement », dit-il.
Mardi, et comme ils le font depuis plus d’une semaine, les rebelles ont tiré plusieurs obus en direction du Hermel, en guise de riposte à la participation du Hezbollah dans les combats.
Cette implication du Hezbollah est violemment dénoncée par l'opposition syrienne, qui y a vu une « déclaration de guerre », mais aussi par plusieurs pôles du 14 Mars. Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, s’est ainsi élevé hier, au cours d’une conférence de presse, contre la présence des miliciens du Hezb sur les lignes de front en territoire syrien.
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De son côté, le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a souligné que la participation du Hezbollah aux combats « entraînera le Liban dans le conflit que le président Bachar el-Assad a promis d’étendre à toute la région ».
« Les agissements du Hezbollah en Syrie sont un crime contre le Liban, les Libanais, la Syrie et les Syriens, a déclaré M. Hariri dans un communiqué de son bureau de presse. L’engagement du Hezbollah dans la guerre syrienne vise à défendre le régime et n’a nullement pour objectif de défendre une communauté donnée », a-t-il ajouté.
« Qui a chargé le Hezbollah de défendre une tranche des Libanais qui vivent en Syrie ? » s’est demandé l’ancien Premier ministre. « Pousser des jeunes Libanais à la mort en Syrie est un crime, défendre un régime criminel est un crime, et ces crimes participent d’un crime encore plus grand qui est d’entraîner le Liban dans un conflit régional sanglant », a déclaré M. Hariri.
Le chef du courant du Futur a par ailleurs rejeté les appels au jihad pour défendre les sunnites en Syrie, lancés par des cheikhs islamistes.
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commentaires (7)
Ils sont bien CLAIRS d'esprit, ces "rebelles?" de Syrie ! A contrario bien sûûûr des "ILLUMINES" hezébbollahi d'Ici !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
09 h 32, le 25 avril 2013