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« C’est la pire nouvelle possible pour les musulmans américains »

Des Tchétchènes... Une première en Occident

Les Tchétchènes ont fait parler d’eux pendant les deux guerres avec Moscou, via des actes terroristes à l’étranger, mais jamais ils n’avaient été soupçonnés d’un attentat aussi spectaculaire en Occident que celui qui a frappé le marathon de Boston. Les deux frères tchétchènes soupçonnés d’être derrière l’attaque de Boston qui a fait trois morts et près de 180 blessés semblent se réclamer de l’islamisme radical. Le plus âgé, Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, considéré par le FBI comme le « suspect numéro un » du double attentat de Boston et tué dans la nuit de jeudi à vendredi, aurait eu un compte YouTube contenant des liens à connotation fortement islamiste dont un lien vers un groupe intitulé « terroristes ». Son frère Djokhar, 19 ans, traqué vendredi par la police, a écrit sur sa page dans le réseau VKontakte que sa « conception du monde est l’islam ». « Il est bizarre que Tamerlan qui chargeait sur son compte de la propagande wahhabite n’ait pas attiré l’attention et que les frères ne soient pas dans la base de données du FBI », souligne une spécialiste des services secrets, Irina Bogoran, de l’agence agentura.ru. « On ne peut pas dire que les frères font partie d’el-Qaëda, mais il semble qu’on les ait utilisés. Les bombes ont été fabriquées de manière très professionnelle, de telles bombes sont utilisées en Afghanistan contre les patrouilles américaines », ajoute Mme Bogoran. Selon Alexandre Tcherkassov, spécialiste du Caucase à l’ONG Mémorial, « à l’époque d’Internet, il n’est pas nécessaire de participer à des congrès ou de recevoir des coursiers porteurs d’ordres de mission pour faire partie d’un réseau ». « Il est peu probable que le chef de la rébellion islamiste du Caucase russe, le Tchétchène Dokou Oumarov, leur ait donné des ordres », souligne M. Tcherkassov, tout en ajoutant que ce dernier « se considère comme faisant partie du jihad mondial ».
De même, selon de nombreux témoignages dans la presse occidentale, des Tchétchènes riches de leur expérience après les deux guerres avec Moscou ont combattu aux côtés des rebelles contre le gouvernement en Irak et sont aujourd’hui très actifs en Syrie. Le site islamiste tchétchène
Kavkazcenter.com a d’ailleurs rapporté en août que le fils d’un ancien chef rebelle des guerres de Tchétchénie, Roustam Guelaïev, avait été tué en Syrie en combattant aux côtés des forces rebelles.
Prises d’otages ou détournement d’un avion en Turquie, plusieurs actes terroristes ont été commis en 1996 et en 2001 au nom de la cause indépendantiste tchétchène. Mais après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996), la rébellion s’est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé en dehors de cette petite république du Caucase, puis hors la Russie. Le premier acte terroriste perpétré hors de Russie et lié à la Tchétchénie date de 1996. Le 16 janvier de cette année-là, un commando turc soutenant la cause tchétchène s’empare dans le port de Trabzon, sur la côte turque de la mer Noire, du ferry Avrasya qui s’apprêtait à appareiller pour le port russe de Sotchi. Le commando composé d’Abkhazes et de Tcherkesses, deux peuples du Caucase, prend en otage environ 150 passagers, en majorité des Russes, avant de les libérer sans violences trois jours plus tard. Le 15 mars 2001, pendant la deuxième guerre russo-tchétchène, un avion de ligne russe est détourné à partir de la Turquie vers l’aéroport saoudien de Medina par trois Tchétchènes qui réclament la fin de la guerre. Trois personnes – un pirate de l’air, une hôtesse de l’air et un ressortissant turc – sont tuées pendant l’assaut par les forces spéciales saoudiennes. En avril de la même année, un commando de treize hommes armés favorable à la cause tchétchène prend quelque 120 personnes dont de nombreux étrangers en otages dans un grand hôtel d’Istanbul pour protester contre les attaques « sanglantes » du pouvoir fédéral russe dans le Caucase. L’opération s’achève pacifiquement. Le 13 janvier 2009, le dissident tchétchène Oumar Israïlov devenu gênant pour le gouvernement tchétchène prorusse est tué en pleine rue à Vienne après une tentative d’enlèvement avortée en vue de le ramener en Tchétchénie. Le contre-espionnage autrichien soupçonne par ailleurs l’homme fort de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, d’être derrière l’affaire. Enfin, trois Tchétchènes ont été condamnés à des peines allant de 16 ans de prison à la perpétuité pour complicité de meurtre. L’auteur présumé des coups mortels, Letschka Bogatirov, serait en fuite en Tchétchénie.

(Source : AFP)
Les Tchétchènes ont fait parler d’eux pendant les deux guerres avec Moscou, via des actes terroristes à l’étranger, mais jamais ils n’avaient été soupçonnés d’un attentat aussi spectaculaire en Occident que celui qui a frappé le marathon de Boston. Les deux frères tchétchènes soupçonnés d’être derrière l’attaque de Boston qui a fait trois morts et près de 180 blessés...