Le Premier ministre désigné Tammam Salam s’en tient toujours à sa position de base, à savoir qu’il est déterminé à poursuivre ses efforts en vue de mettre sur pied son équipe ministérielle loin des feux de la rampe, de manière à ne pas se laisser entraîner dans le bazar politicien traditionnel qui marque généralement la formation des gouvernements. Mais à en juger par les déclarations faites çà et là par les pôles politiques du moment, et à la lumière des quelques indiscrétions filtrées à la presse, il est possible de déduire que M. Salam est confronté présentement à deux problèmes essentiels, nés tous deux des manœuvres auxquelles se livre ouvertement le 8 Mars.
La coalition formée autour du Hezbollah, en l’occurrence les alliés de l’axe Téhéran-Damas, cherche, d’abord, à amener le pouvoir, et donc M. Salam, à accorder la priorité à l’approbation d’une nouvelle loi électorale avant la formation du gouvernement. Réuni hier, le commandement du parti Baas pro-Assad a été particulièrement explicite sur ce plan, affirmant sans détours que « la priorité, aujourd’hui, est l’approbation d’une loi électorale équitable qui assurerait une juste représentation de toutes les composantes politiques » du pays. Le ministre sortant du Tourisme, Fady Abboud (bloc aouniste), s’est fait l’écho de cette position baassiste en déclarant lui aussi que « la priorité doit être accordée à l’approbation d’une nouvelle loi électorale avant la formation d’un gouvernement qui superviserait alors les élections législatives ».
Une telle option implique que le cabinet Salam pourrait ne pas voir le jour avant un mois, puisque le Parlement a suspendu jusqu’au 19 mai prochain les délais constitutionnels relatifs au scrutin parlementaire. Certes, la commission ad hoc chargée de plancher sur un projet de loi électorale reprendra ses travaux aujourd’hui même, place de l’Étoile. Mais encore faut-il qu’un consensus se dégage sur ce plan, au plus tôt, entre les principales factions politiques du 14 et du 8 Mars. La séance que la commission tiendra ce matin devrait permettre de déceler dans quelle direction le vent souffle à ce propos.
Dans un tel contexte, deux petites phrases lancées hier par deux pôles du bloc de M. Nabih Berry mettent en relief des nuances dans la position du leader d’Amal par rapport à l’attitude de ses deux alliés du 8 Mars. Le député Michel Moussa a ainsi mis l’accent sur la nécessité de former un gouvernement d’union nationale qui « encadrerait l’élaboration de la loi électorale ». Cela signifie que la naissance du cabinet devrait précéder l’accord sur la loi électorale. Quant au député Yassine Jaber, il a estimé que la mise sur pied de la nouvelle équipe ministérielle interviendrait vers la fin du mois en cours. Là aussi, aucune allusion à un ordre de priorité.
Mais bien au-delà de ces considérations, somme toute d’ordre politicien, le second problème auquel est confronté M. Salam est beaucoup plus sérieux, dans la mesure où il a des implications à caractère constitutionnel en rapport avec les prérogatives du chef de l’État et du président du Conseil. Le Premier ministre désigné estime en effet que c’est à lui, en coordination avec le président de la République, de définir la nature de son gouvernement (de technocrates ou d’union nationale) et c’est à lui aussi de choisir ses ministres et de répartir entre eux les portefeuilles, toujours en coordination avec le chef de l’État. Cette approche est toutefois contestée par le Hezbollah et ses alliés qui insistent pour désigner eux-mêmes leurs représentants au sein du gouvernement et déterminer, par la même occasion, les ministères qui devraient leur revenir.
Cette question s’était déjà posée lors de la formation des gouvernements de l’ère post-syrienne, plus particulièrement après le scrutin de 2009. Elle se pose aujourd’hui avec d’autant plus d’acuité qu’elle reflète en filigrane, une fois de plus, un important débat sur le partage des prérogatives constitutionnelles entre les principales composantes sociocommunautaires du tissu social libanais. Ce qui, par ricochet – et c’est là le plus grave – revient à remettre en cause les fondements de la Constitution de Taëf.
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15 h 29, le 19 avril 2013