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Moyen Orient et Monde - Ex-voto

Merci Monsieur Cahuzac

Jean-Marc Ayrault, un long moment resté sans voix après votre aveu, vous l’avait bien dit : « On va être durs avec toi. » Et durs, ils l’ont été, à quelques rares exceptions près dont l’admirable Anne Hommel. Ils étaient à la curée, il fallait donc jouer le jeu et, comme toujours en pareil cas, en mettre à pleines louches. D’autant plus, n’est-ce pas, qu’ils étaient bien mal armés pour jouer les Saint-Just. La fidélité en politique est dans la constance que l’on met à changer son fusil d’épaule.
Alors, faute d’en voir quelques-uns le faire, allons-y de nos remerciements pour votre geste salvateur.
Merci de nous avoir évité d’autres scandales qui n’auraient pas manqué d’éclater un jour ou l’autre si vous aviez continué à camper, « les yeux dans les yeux » et droit dans vos bottes, sur vos dénégations.
Merci de nous avoir apporté la preuve de ce que nous soupçonnions fortement, à savoir que, désolé pour vous, cher Monsieur Rousseau, non l’homme ne naît pas bon et c’est la société qui le corrompt. C’est plutôt l’inverse qui est vrai : il lutte contre ses mauvais penchants par crainte de la punition que les codes ont prévue. Et que celui qui n’a pas succombé à la tentation s’abstienne de lever le doigt car ce serait, pour lui, reconnaître qu’il n’a pas été approché par le démon parce que relevant du menu fretin et donc indigne de recevoir une partie de la manne.
On nous disait, mais nous étions quelques-uns obstinés à ne pas le croire, qu’il existe sous tous les cieux une certaine classe politique qui ment comme elle respire, qui soustrait son butin aux yeux du dieu Fisc comme Harpagon cachait sa précieuse cassette et prétend malgré tout jouer les « assainisseurs ». Nous voilà rassurés grâce à vous : elle existe bel et bien, cette caste de faux brahmanes.
Ceux qui s’acharnent sur vous devraient éprouver à votre égard de la gratitude. La bonne conscience que vous leur avez donnée ! Sachez encore que la virulence de leur propos est à la mesure de leur frayeur rétrospective à l’idée qu’ils auraient pu, plutôt que vous ou mieux encore en même temps que vous, être condamnés au banc de l’infamie.
Imaginez un peu ce qui serait advenu si vous n’y étiez pas allé de votre mea culpa. Les tripatouillages de toute sorte se seraient poursuivis en toute impunité et le monde n’aurait pas eu droit au rassurant spectacle du bûcher aujourd’hui dressé.
Merci encore au nom de tous les pisse-copies, tous les écrits-vains qui recommencent à frétiller de la plume après avoir craint l’étiage, maintenant que le soufflé DSK est retombé.
Merci, au nom d’un État dont, vous allez, nolens volens, contribuer à renflouer les caisses et au nom d’un lampiste qui n’en peut mais et qui s’imagine, le pauvre, que dorénavant il pourrait faire l’économie d’une livre de chair.
À Jérôme Cahuzac, la patrie universelle des victimes de la crise systémique reconnaissante. Car sans le savoir peut-être et certainement sans l’avoir voulu, vous avez très certainement aidé – par votre apport modeste mais combien emblématique – à remettre en marche, si les dieux Dollar et Yuan le veulent, une machine poussive qui s’apprêtait à rendre l’âme.
Pour tout cela, et pour bien d’autres raisons tout aussi éminemment valables, le jour viendra, n’en doutez point, où l’on vous ôtera cette horrible cloche des lépreux du Moyen Âge dont on vous a affublé et où l’on reconnaîtra vos mérites. Alors ce sont vos tombeurs d’aujourd’hui qui porteront au front le signe du Malin.

 

Christian MERVILLE


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