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À La Une - Révolte

Damas se déchaîne contre Doha

L’opposition syrienne ouvre sa première « ambassade » au Qatar ; Iran et Russie critiquent la décision de la Ligue.

L’opposition syrienne a ouvert hier sa première « ambassade » dans le monde au Qatar au lendemain de l’obtention du siège de la Syrie à la Ligue arabe. Karim Sahib/AFP

L’opposition syrienne a ouvert hier sa première « ambassade » dans le monde au Qatar au lendemain de l’obtention du siège de la Syrie à la Ligue arabe. Le chef démissionnaire de la coalition nationale syrienne, Ahmad Moaz el-Khatib, et le ministre d’État des Affaires étrangères du Qatar, Khaled el-Attiya, ont inauguré les locaux de cette « ambassade de la Coalition nationale syrienne », dont les bureaux ont été offerts par Doha.


Le drapeau de la révolution syrienne a été hissé sur le bâtiment, une villa dans le quartier diplomatique de Doha mise à la disposition de l’opposition par le Qatar, alors que l’hymne national syrien était joué. « C’est la première ambassade au nom du peuple syrien spolié de ses droits pendant cinquante ans », a déclaré M. Khatib dans un discours.
M. Nizar Haraki, nommé « ambassadeur » de la Coalition au Qatar en février, a indiqué qu’il devait présenter « bientôt » ses lettres de créance à l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa el-Thani.
La cérémonie d’ouverture intervient au lendemain de l’octroi à la Coalition du siège de la Syrie à la Ligue arabe, lors d’un sommet au Qatar. L’ambassade de Syrie à Doha est fermée.


Les autorités de Damas ont exprimé hier leur colère contre le Qatar, responsable selon eux de la décision de la Ligue arabe d’attribuer le siège syrien de l’organisation à l’opposition. « L’émir du Qatar, la plus grande banque de soutien au terrorisme de la région, a débuté sa présidence de la Ligue arabe en procédant à son détournement par de l’argent et du pétrole sales », écrit ainsi l’agence de presse officielle SANA. Pour l’agence, l’émir du Qatar « a commis une violation flagrante du pacte de la Ligue en invitant l’organisation difforme, la coalition de Doha, à usurper le siège de la Syrie à la Ligue. »
« La décision prise mardi par la Ligue arabe lui interdit définitivement de jouer un rôle dans la solution de la crise en Syrie, car elle est devenue une partie de la crise et non pas de sa solution », estime en outre le gouvernement dans un communiqué.

 

(Analyse : Les divisions de l’opposition, fruits des rivalités entre Doha et Riyad)

Russie et Iran
La Russie, alliée du régime, a également critiqué la Ligue. « À Doha, on a pris une nouvelle mesure antisyrienne », a ainsi déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. « Ce qui s’est passé au sommet de la Ligue arabe à Doha et les décisions prises là-bas, sans tenir compte des objections de certains États membres, suscitent la perplexité, pour ne pas dire plus. » Les décisions prises à Doha sont contraires au droit international et ne sont de ce fait pas valables, ajoute le ministère. Les critiques russes ont bien sûr été suivies d’une réaction iranienne, Téhéran dénonçant le « dangereux précédent » établi par la Ligue. « De telles erreurs vont seulement venir s’ajouter aux problèmes », a fustigé le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, sans autres précisions. « Ce geste marque dans les faits la fin du rôle de la Ligue (arabe) dans la région », a ajouté le ministre adjoint des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, cité par l’agence officielle IRNA.

« Surprise »
Ahmad Moaz el-Khatib s’est, quant à lui, dit mercredi « surpris » par le refus des États-Unis d’étendre leur bouclier antimissiles aux bastions rebelles. « Il y a une volonté internationale pour que la révolution ne triomphe pas », a ainsi accusé M. Khatib, ajoutant : « Mais le peuple qui a défié l’injustice et la tyrannie va poursuivre son chemin » jusqu’à la victoire.
Armer les adversaires du président Bachar el-Assad ne permettra pas de mettre fin au conflit, a estimé de son côté l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, acteur d’une médiation avortée l’an dernier. M. Annan appelle de ses vœux une solution politique et juge qu’il est trop tard pour une intervention militaire de la part de la communauté internationale.


Pendant ce temps, sur le terrain, les accrochages se poursuivaient en Syrie. L’aviation a bombardé Erbine, dans la province de Damas, et le quartier de Qaboun, dans le nord-est de la capitale, alors que les rebelles ont pris trois petites positions de l’armée à Quneitra, sur le plateau du Golan, non occupé par Israël, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les violences ont fait hier au moins 127 morts.
Enfin, l’ONU a annoncé l’envoi de nouveaux équipements blindés à ses représentants sur le plateau du Golan. Le Conseil de sécurité de l’ONU a pour sa part exprimé dans un communiqué sa « sérieuse inquiétude » face à la présence de forces gouvernementales syriennes et de rebelles de l’opposition sur le Golan, une zone de cessez-le-feu entre la Syrie et Israël contrôlée par l’ONU depuis 1974.
La Syrie n’a pas encore donné son feu vert pour accorder « l’accès sans entraves » à son territoire, demandé par les Nations unies pour y mener une enquête sur l’utilisation éventuelle d’armes chimiques, ont enfin déclaré des diplomates hier soir.

 

 

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