Rechercher
Rechercher

À La Une - Crise de la dette

Le Parlement chypriote vote les premières mesures du « plan B »

Les députés ont approuvé un texte créant un fonds de solidarité et un autre limitant les mouvements de capitaux.

Devant le Parlement à Nicosie, une femme crie sa rage face à une situation qui ne peut plus durer. Yiannis Kourtoglou/AFP

Le Parlement chypriote, réuni en session extraordinaire, a entamé hier tard dans la nuit l’examen des premières des huit lois liées au plan de sauvetage que Nicosie doit conclure avant lundi avec ses partenaires européens pour éviter la banqueroute.
Dès l’ouverture de la session, les députés ont approuvé un texte créant un fonds de solidarité et un autre limitant les mouvements de capitaux pour éviter une trop forte pression sur les banques à leur réouverture, prévue mardi. Ces mesures font partie d’un « plan B » que le gouvernement peine à mettre en place après le rejet mardi par le Parlement d’un accord avec les bailleurs de fonds internationaux prévoyant une taxe exceptionnelle allant jusqu’à 9,9 % sur tous les dépôts bancaires en contrepartie d’une aide de 10 milliards d’euros.
Chypre doit trouver d’ici à lundi 7 milliards d’euros, plus du tiers de son PIB annuel, pour débloquer l’aide internationale et obtenir que la Banque centrale européenne (BCE) continue de fournir des liquidités d’urgence aux banques chypriotes. Les autorités ont prévenu vendredi qu’il allait falloir prendre des mesures difficiles et qu’une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires était nécessaire. Selon la télévision publique, elle pourrait être de 15 % sur les dépôts à partir de 100 000 euros.
Le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, a confirmé que le recours à cette taxe qui risque de faire fuir de l’île de nombreux capitaux étrangers était nécessaire. « Je pense que la question est clairement sur la table. Il faut en discuter pour voir quel type de taxe (...) fera partie du plan final », a précisé le ministre. « Nous sommes engagés dans les négociations les plus cruciales de notre histoire. Cela aura un coût pour tout le monde, mais cela va nous permettre de prendre un nouveau départ », a déclaré à la télévision le porte-parole du gouvernement, Christos Stylianides.
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle n’apporterait plus de liquidités d’urgences aux banques chypriotes non solvables à partir de lundi faute d’un accord acceptable sur le sauvetage de l’île, les condamnant de facto à la faillite. Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a dit attendre les nouvelles propositions de Nicosie. « La situation est très incertaine, nous attendons que Chypre propose des alternatives », a-t-il dit, selon l’agence de presse ANP.
Pour tenter d’éviter la faillite à leur pays, les autorités chypriotes avaient conclu le 16 mars à Bruxelles un accord sur un plan de sauvetage prévoyant une taxe inédite sur tous les comptes bancaires de l’île. Mais cette mesure avait provoqué un tollé et, malgré un amendement en vue d’épargner les petits épargnants, elle a été rejetée mardi par le Parlement. Une telle taxe aurait permis de mettre à contribution les fonds étrangers, notamment russes, déposés dans les banques chypriotes.
La mesure semble d’autant plus inévitable que l’option d’une aide russe caressée par Nicosie afin d’obtenir une partie de l’aide nécessaire s’est refermée. Après deux jours de discussions à Moscou avec M. Sarris, la Russie a indiqué ne pas être intéressée par les propositions de Nicosie. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a assuré cependant que la Russie « ne fermait pas la porte » à un soutien à Chypre, mais que Nicosie devait trouver avec l’UE une issue à la crise.

Il ne faut pas abuser de la patience
Du côté de l’Union européenne et de la zone euro, dont Chypre fait respectivement partie depuis 2004 et 2008, l’énervement grimpe, en particulier à Berlin. La chancelière allemande Angela Merkel a prévenu hier matin qu’il ne fallait « pas abuser de la patience des partenaires de la zone euro », selon des propos rapportés par des députés de sa coalition, à qui elle s’est adressée lors de réunions fermées à la presse.
Dans le cadre de son nouveau plan, Nicosie proposerait l’instauration d’un fonds de solidarité et une législation sur la limitation des mouvements de capitaux.
Le fonds de solidarité utiliserait en particulier les liquidités des fonds de retraites de la fonction publique et pourrait également être garanti sur les revenus à venir dégagés par l’exploitation, encore à l’étude, des importantes réserves de gaz naturel récemment découvertes au large des côtes de l’île.
Mais l’Allemagne refuse un alourdissement de la dette chypriote, de même qu’une implication des fonds de pension dans le plan d’aide. Selon un porte-parole du ministère allemand des Finances, la troïka avait déjà rejeté une telle proposition le week-end dernier.
Chypre a besoin de 17 milliards d’euros pour éviter la faillite, mais l’UE et le FMI refusent de prêter à Nicosie plus de 10 milliards d’euros, car ils tiennent à ce que la dette publique de l’île ne dépasse pas 100 % du PIB en 2020.
Sur l’île même, la situation devient critique en raison de la paralysie du système bancaire. Les virements sont interdits et les banques, fermées depuis le 16 mars, ne rouvriront au plus tôt que mardi. De nombreux cafés, restaurants ou stations-service refusent désormais les paiements par carte de crédit ou par chèque. « Durant ces trois derniers jours, j’ai constaté une baisse de 70 % de la fréquentation. Généralement, les réservations sont complètes le vendredi et durant le week-end. Mais je n’ai presque aucune réservation pour les jours à venir. Je ne sais pas si je vais ouvrir la semaine prochaine », a ainsi indiqué Demos Strouthos, le gérant d’un restaurant dans le centre de Nicosie.

(Source : AFP)

 

Pour mémoire

Plan de sauvetage pour Chypre : Pourquoi? Comment?

 

Plan de sauvetage de Chypre : les expatriés libanais mécontents mais résignés

Le Parlement chypriote, réuni en session extraordinaire, a entamé hier tard dans la nuit l’examen des premières des huit lois liées au plan de sauvetage que Nicosie doit conclure avant lundi avec ses partenaires européens pour éviter la banqueroute.Dès l’ouverture de la session, les députés ont approuvé un texte créant un fonds de solidarité et un autre limitant les mouvements de...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut