Liban : "Votez aujourd’hui", crient les manifestants avant le Conseil des ministres

Des centaines de fonctionnaires et d'enseignants des écoles privées et publiques, plus de 10.000 selon le Comité de coordination syndicale (CCS), ont manifesté jeudi sur la route menant au palais présidentiel de Baabda, au nord de Beyrouth, pour réclamer le transfert de la grille des salaires du secteur public au Parlement.

Le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Nehmé Mahfoud, a appelé le gouvernement, au 31e jour de la grève ouverte des syndicats, à "transférer aujourd’hui et sans délai la grille des salaires au Parlement".

"Nous remercions le chef de l’Etat (Michel Sleiman) et le président du Parlement (Nabih Berry) pour les efforts qu’ils déploient pour le transfert de la grille des salaires", a-t-il ajouté, soulignant que les syndicats rejetteront "toute atteinte aux acquis des enseignants". Le syndicaliste a par ailleurs mis en garde contre l’imposition de nouvelles taxes aux pauvres.

Le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Nehmé Mahfoud. Photo Michel Sayegh

Le chef du CCS, Hanna Gharib, qui avait prédi mardi que cette journée témoignera d’un "printemps syndical", a, pour sa part, salué la mobilisation des fonctionnaires malgré "toutes les pressions".

"Vous êtes aujourd’hui la fierté du Liban et de son unité. Lorsque nous demandons le transfert de la grille des salaires, nous demandons à tous les ministres, à tous les responsables et en premier lieu au chef de l’Etat, au président du Parlement et au Premier ministre, d'assumer leurs responsabilités", a-t-il dit. "Votez aujourd’hui pour que l’on sache qui nous soutient et qui ne le fait pas", a ajouté M. Gharib.

Jusque tard dans la soirée de jeudi, les concertations se poursuivaient au sein du Conseil des ministres afin de trouver les moyens de financer la nouvelle grille des salaires, selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).
Cette réunion décisive a été précédée par des discussions à huis-clos entre le président de la République Michel Sleiman et le Premier ministre Nagib Mikati.

Lors de la séance ministérielle, M. Sleiman a estimé "que le transfert de la nouvelle grille des salaires au Parlement serait le plus beau cadeau que l’on pourrait offrir à l’occasion de la fête des mères".

"Faites votre choix aujourd'hui : le peuple ou les commerçants?" Photo Michel Sayegh

Accusant le gouvernement de vouloir notamment réduire la grille des salaires de 5%, d’échelonner les paiements jusqu’en 2017, d'imposer des taxes sur les salaires des retraités, d'augmenter les horaires de travail et d'arrêter des embauches dans le secteur public, M. Gharib a appelé à la poursuite de la grève si le gouvernement venait à adopter ces dispositions. "Personne ne permettra qu'il soit porté atteinte à nos acquis", a-t-il martelé.

Les aiguilleurs du ciel sont aussi entrés en grève jeudi, en signe de solidarité, et le trafic aérien a été paralysé entre 10h et 14h.

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