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À La Une - Exécutif

Le gouvernement charge Mansour de « suivre » avec Damas les bombardements syriens du territoire libanais

Conseil des ministres ordinaire hier au Sérail, à la veille d’une réunion gouvernementale cruciale, aujourd’hui, consacrée à l’échelle des salaires dans le secteur public.

Le Conseil des ministres s’est tenu hier au Sérail sous la présidence de Nagib Mikati. Photo Dalati et Nohra

Deux éléments marquants sont à relever dans la réunion ordinaire du Conseil des ministres qui s’est tenue hier sous la présidence du chef du gouvernement, Nagib Mikati, au Sérail : le premier concerne l’affaire du bombardement syrien du jurd de Ersal, lundi, et le deuxième se rapporte, ironiquement, au déficit du budget consacré au paiement des salaires des fonctionnaires.


Pour ce qui est du bombardement de la région de Ersal, on sait que le président Michel Sleiman avait expressément demandé au ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, qui l’accompagnait dans sa tournée africaine, d’adresser à Damas une lettre officielle de protestation. Il avait jugé le raid syrien « inacceptable ». Non seulement le palais Bustros n’a toujours pas adressé cette lettre, mais le Conseil des ministres a en quelque sorte fait fi de la décision du chef de l’État, en demandant évasivement à M. Mansour de « suivre l’affaire avec les autorités syriennes, afin de prendre les mesures nécessaires pour préserver les droits du Liban, surtout que l’armée libanaise entreprend les démarches adéquates pour contrôler la frontière et empêcher toute tentative d’atteinte à la sécurité ». C’est le ministre de l’Information, Walid Daouk, qui a donné lecture des résolutions officielles du gouvernement, en précisant que c’est M. Mikati qui a abordé entre autres la question au cours de la réunion. À la question du journaliste qui lui demandait si le gouvernement a demandé au chef de la diplomatie de protester contre les violations syriennes de la souveraineté libanaise, il a répondu : « Ces violations ont été discutées mais le ministre n’a été chargé de rien. » Deux questions se posent sur cette base : laquelle de la position du Sérail ou de Baabda représente la position officielle du Liban et pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas tenu compte des instructions du président qui représente la plus haute autorité officielle ?

 

(Pour mémoire : Les menaces syriennes contre le Liban, rhétorique guerrière ou démarche politique ?)


Pourtant, selon les précisions de M. Daouk, le chef du gouvernement a reconnu que « des régions frontalières libanaises au nord et à l’est du pays ont été bombardées il y a deux jours par la Syrie », en indiquant que « le pilonnage a été confirmé par les rapports des services libanais de sécurité ». Celui-ci n’a même pas été condamné – sachant que des salves d’obus sont tombés aujourd’hui aussi dans les secteurs frontaliers du Hermel et de la Békaa – ce qui n’est pas le cas des « violations israéliennes répétées de l’espace aérien libanais » qui ont été stigmatisées par le Conseil des ministres.


Toujours en ce qui concerne la guerre en Syrie, M. Daouk a indiqué que son impact économique a été examiné au cours de la réunion et plus particulièrement le volet relatif au transit. « Au cours des derniers jours, les difficultés d’exporter des marchandises vers les pays arabes, à travers la Syrie, se sont accentuées. Le problème s’est surtout posé pour les camions frigorifiques transportant des produits agricoles », a expliqué M. Daouk, en soulignant qu’il a été demandé au ministre de l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan, de proposer de nouvelles alternatives à l’exportation.

Un déficit
Côté salaires, à la veille de la réunion qu’il doit tenir aujourd’hui à Baabda pour examiner – et peut-être approuver – les sources de financement de la nouvelle grille des salaires dans le secteur public, le gouvernement a approuvé un projet de loi portant ouverture d’un crédit supplémentaire dans le budget 2005 et les budgets suivants afin de couvrir le déficit au niveau du compte consacré aux salaires des fonctionnaires. Répondant aux questions de la presse, M. Daouk a précisé que le déficit s’élève à près de 765 milliards de livres et que les salaires des fonctionnaires n’en seront pas affectés. « Cela s’est déjà produit dans le passé et le problème s’est de nouveau posé aujourd’hui, mais nous demanderons au Parlement le déblocage d’une avance du Trésor et nous continuerons de payer les salaires des fonctionnaires ainsi que les pensions de retraite », a-t-il dit.


M. Daouk a par ailleurs indiqué que le chef du gouvernement s’est aussi arrêté sur les deux attaques contre des cheikhs sunnites dimanche, « les situant dans le cadre de tentatives de provoquer une discorde communautaire au Liban ». Il s’est dit consterné par ce qui s’était passé et a salué la sagesse des cheikhs ainsi que les positions des différentes parties libanaises « qui ont lancé des appels à la retenue ». M. Mikati a jugé que ces incidents « ont mis en relief la nécessité de mettre fin aux provocations ainsi qu’aux discours enflammés et de retourner à la conférence nationale de dialogue, sans condition, pour désamorcer la tension qui prévaut dans la rue et barrer la voie aux fauteurs de troubles », toujours selon les explications de M. Daouk, qui a par ailleurs indiqué que le chef du gouvernement a également abordé la participation libanaise à la cérémonie d’intronisation du pape François au Vatican. M. Mikati, a-t-il dit, a exprimé l’espoir que le nouveau souverain pontife suivra l’exemple de ses prédécesseurs en accordant au Liban une attention particulière « pour son rôle et sa mission en tant que creuset fédérateur des religions ».


Des questions de routine ont été également évoquées au cours de la réunion, qui a été en outre marquée par une altercation entre le ministre Alaëddine Terro et ses collègues aounistes, à cause des propos que le chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme , Michel Aoun, avait tenus la veille au sujet de l’accord de Taëf qu’il avait désigné comme étant un « ramassis d’ordures ».

 

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