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Liban - L’éclairage

Les menaces syriennes contre le Liban, rhétorique guerrière ou démarche politique ?

Pour quelles raisons la Syrie a-t-elle haussé dernièrement les enchères à la frontière avec le Liban ? Pourquoi a-t-elle adressé une lettre de protestation comportant une menace de bombarder de présumés groupes armés sur le territoire libanais avant qu’ils ne pénètrent sur le sol syrien pour aider les rebelles ? Pourquoi cette menace a-t-elle été lancée en ce moment précis, sachant que selon des sources des services de sécurité, il n’y a rien de vraiment nouveau dans la zone frontalière qui serait de nature à susciter une telle escalade de la part de Damas.
Ces questions revêtent d’autant plus d’acuité que l’on se demande aussi pourquoi les autorités syriennes se sont abstenues de présenter des éléments de preuve de ce qu’elles avancent avec la lettre de protestation. Puisque les groupes armés en question sont prétendument visibles à l’œil nu, pourquoi donc la Syrie n’a-t-elle pas jugé bon d’adjoindre des photos à sa missive ou de faire une présentation médiatique de l’affaire ?
En réalité, pour un certain nombre de milieux politiques, l’escalade syrienne et son timing sont imputables à une série de facteurs politico-diplomatiques. En premier lieu, il s’agit d’un message de Damas avant la visite du président américain Barack Obama dans la région, notamment en Israël et Jordanie, à partir de demain mercredi.
Ainsi, la Syrie menace de provoquer une explosion au Liban à l’heure où la communauté internationale, et en particulier les États-Unis et l’Occident, exercent de grandes pressions pour tenter de préserver la stabilité du pays du Cèdre et l’empêcher d’être entraîné dans le sillage de la guerre syrienne. Le régime syrien veut donc par ce moyen faire parvenir un message à l’administration américaine pour lui signifier qu’il dispose encore d’une capacité de nuisance hors de ses frontières.
De même, le régime de Bachar el-Assad cherche à répliquer à l’initiative de la France et du Royaume-Uni en faveur de l’armement des rebelles. La Syrie tente ainsi de faire savoir qu’en échange de la livraison d’armes à l’opposition syrienne, elle n’hésiterait pas à déstabiliser le Liban. Elle espère par ce moyen dissuader les deux puissances européennes, qui sont soucieuses de préserver l’intégrité et la stabilité du Liban, d’aller de l’avant dans leur projet.
De façon plus générale, le régime syrien s’efforce de détourner l’attention de ce qui se passe chez lui et aussi de dissimuler l’implication du Hezbollah et des pasdaran iraniens dans les affrontements. Il cherche surtout à améliorer ses positions en vue d’une solution négociée de la crise.
Mais, à ce stade, la question qui se pose est de savoir si la Syrie va mettre ses menaces à exécution. Un membre du gouvernement actuel semble exclure cette éventualité. Il doute que la Syrie soit en mesure aujourd’hui de violer la souveraineté libanaise. Cela d’autant plus que ses allégations ne sont pas véridiques, dans la mesure où elle s’est abstenue jusqu’ici d’avancer la moindre preuve à l’appui de ses accusations, et qu’en revanche, des membres du Hezbollah participent, eux, aux combats sur le sol syrien, selon les aveux mêmes du secrétaire général du Hezb, Hassan Nasrallah.
Un autre ministre fait valoir qu’il existe une commission militaire conjointe libano-syrienne chargée de traiter les dossiers en suspens et les litiges entre les deux pays. Pourquoi donc la Syrie n’a-t-elle pas soumis ses allégations à cette commission plutôt que d’adopter la voie de la lettre de protestation adressée au ministère des Affaires étrangères ?
Pour un député de l’opposition, la Syrie récolte aujourd’hui ce qu’elle a toujours semé, dans la mesure où c’est elle qui avait refusé à plusieurs reprises de délimiter la frontière et de la placer sous contrôle onusien, comme le proposait le contingent allemand de la Finul, et cela pour des raisons qui lui sont propres.
Il semble donc que les menaces syriennes vont rester confinées dans un cadre politico-diplomatique, et ce d’autant plus que le Liban pourrait répliquer par un contre-mémorandum exposant ses propres griefs à l’égard de ce qui se passe à la frontière dans le Nord et la Békaa. On sait déjà qu’un haut responsable a demandé aux services de sécurité des rapports détaillés sur la situation aux frontières.
Pour quelles raisons la Syrie a-t-elle haussé dernièrement les enchères à la frontière avec le Liban ? Pourquoi a-t-elle adressé une lettre de protestation comportant une menace de bombarder de présumés groupes armés sur le territoire libanais avant qu’ils ne pénètrent sur le sol syrien pour aider les rebelles ? Pourquoi cette menace a-t-elle été lancée en ce moment précis,...

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