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À La Une - Liban

L'agression contre 4 cheikhs à Beyrouth et dans la banlieue-sud : cas isolés ou actes prémédités ?

Deux cheikhs de Dar el-Fatwa agressés à Khandak el-Ghamik ; deux autres à Chiyah...

L’un des deux cheikhs a été gravement agressé, l’autre a vu sa barbe rasée de force. Photo tirée du site électronique des Forces libanaises.

La guerre indirecte que sunnites et chiites libanais se livrent en Syrie et pour les Syriens a-t-elle désormais pris un tournant d’une gravité inégalée, où tout, aujourd’hui, est dramatisé à outrance ? Les attaques (quasi simultanées) contre des cheikhs sunnites dans la capitale et dans la banlieue sud par des « voyous chiites drogués » ont-elles été préméditées, organisées, ou ne sont-elles qu’incidents isolés et sans conséquence(s) ?
Hier en milieu de soirée, Mazen Hariri et Ahmad Fakhran, deux cheikhs de Dar el-Fatwa, ont été agressés, peu après avoir quitté la mosquée Mohammad el-Amine au centre-ville de Beyrouth, par trois individus au niveau de Khandak el-Ghamik et de Basta el-Tahta. L’un des cheikhs a même vu sa barbe rasée de force. Ils ont été transportés à l’hôpital Makassed autour duquel, quelques minutes plus tard, un attroupement s’est formé. La tension était palpable, selon plusieurs riverains interrogés par L’Orient-Le Jour.


Plus encore : des jeunes de la communauté sunnite n’ont pas tardé à couper de nombreux axes routiers, tant au niveau de la corniche de Mazraa qu’à Tarik Jdidé et Kaskas, ainsi que sur les voies menant à la Cité sportive, pour protester contre ces agressions. Une reporter de la chaîne de télévision al-Jadeed a même indiqué avoir été, avec ses collègues, victime de la colère des jeunes sunnites, « à tel point que l’un d’entre nous a juré appartenir à la MTV pour ne pas être frappé »...

 

L’un des deux cheikhs agressés, de son lit d’hôpital, a raconté qu’il était sur une mobylette avec son collègue et qu’à deux reprises, notamment au niveau de la montée de l’hôtel Phoenicia, l’armée, qui avait multiplié les barrages en raison de la commémoration du huitième anniversaire du 14 Mars au BIEL, leur a conseillé de changer d’itinéraire et de se rendre à destination via Khandak el-Ghamik.


Une tension et une colère qui ont décuplé avec l’arrivée, vers minuit, de cheikh Ahmad el-Assir à l’hôpital Makassed. Il s’est adressé aux personnes présentes et a demandé aux jeunes de rouvrir les routes qu’ils avaient bloquées et de « laisser l’État faire son travail ».

Notons à ce sujet qu’aucun officiel ou aucun député de Beyrouth, à l’exception de Nohad Machnouk, ne s’est rendu à l’hôpital auprès des deux cheikhs. Et, naturellement, de hauts cadres de Dar el-Fatwa, dont l’un d’eux, cheikh Hicham Khalifé, ont appelé les pouvoirs politiques, qu’il n’ont pas hésité à incriminer, à assumer leurs responsabilités et à tenir une réunion de grande urgence.



Sanctions
En attendant, le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a vivement condamné ces actes et appelé à un « maximum de calme », tout en reconnaissant que les agresseurs « sont arrivés aux portes de Dar el-Fatwa ». Il a cependant exhorté les Beyrouthins à « tout faire pour éviter la guerre civile » et à attendre les résultats de l’enquête.


Quant au Hezbollah et à Amal, ils ont publié un communiqué conjoint condamnant très fermement ce qui s’est passé et assurant que les fautifs, « quelle que soit leur appartenance, doivent être sanctionnés ». Leurs milieux assuraient avec force que ces voyous n’avaient rien à voir avec leurs formations respectives et que c’étaient des « voyous drogués ». Une explication relayée sur les écrans de télévision par l’imam chiite de Khandak el-Ghamik, qui a appelé au calme avec beaucoup de véhémence.


À tel point que les sources proches d’Amal ont répété à plusieurs reprises que le mouvement de Nabih Berry a tout fait pour aider l’armée à arrêter les voyous. L’armée a publié un communiqué peu avant minuit annonçant l'arrestation des trois agresseurs de Khandak el-Ghamik : Hassan Hammoud, Hassan Kaakour et Hassan Baalbacki. Le ministre de l’Intérieur a confirmé ces arrestations et les enquêtes immédiates qui ont été diligentées, assurant que le Hezb et Amal ont effectivement redoublé d’efforts pour aider les forces de sécurité.


Quelques minutes à peine après l’incident de Khandak el-Ghamik, l’uléma Chahhal de Tripoli annonçait que deux autres cheikhs qui se rendaient à Majdel Anjar ont été agressés au niveau de Chiyah. L’armée et le ministre Charbel ont assuré que leurs agresseurs, au nombre de deux, ont également été arrêtés.

Cette deuxième affaire restait toutefois floue hier soir : alors que les premières rumeurs indiquaient que les deux cheikhs avaient été agressés dans la Békaa, il a été précisé plus tard que c'est après avoir été malmenés, que les hommes de religion ont été emmenés dans la Békaa.


A l’heure de mettre sous presse, l’armée multipliait ses patrouilles dans le très grand périmètre incriminé, pendant qu’autour de l’hôpital des Makassed, la foule ne désemplissait pas.

La guerre indirecte que sunnites et chiites libanais se livrent en Syrie et pour les Syriens a-t-elle désormais pris un tournant d’une gravité inégalée, où tout, aujourd’hui, est dramatisé à outrance ? Les attaques (quasi simultanées) contre des cheikhs sunnites dans la capitale et dans la banlieue sud par des « voyous chiites drogués » ont-elles été préméditées,...
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