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Si Louis XV m’était conté

À hue et à dia, ainsi se règlent les affaires du pays, ainsi se prennent les décisions au sein des hautes instances de l’État : les uns tirent à droite, les autres à gauche, l’attelage ne sait plus où donner de la tête... Les citoyens déboussolés aussi.
Le chef de l’État donne des directives, tape du poing sur la table, le Premier ministre lance des oukases, avertit qu’il entend bien se faire obéir... Les ministres, eux, s’en balancent, n’en font qu’à leur guise et ouvrent, chacun dans sa chasse gardée, des enchères juteuses supposées leur rapporter les plus gros dividendes.
Voilà ce que les principaux concernés appellent une équipe homogène, un gouvernement blindé face à l’adversité, aux tempêtes qui soufflent du Nord et du Sud. Le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a brillamment asséné la preuve de cette solidarité lors de la dernière réunion ministérielle arabe au Caire, pulvérisant, en deux temps trois mouvements, la politique de distanciation adoptée par l’État face à la crise syrienne. S’est-il attiré, pour autant, les foudres de la République ? Nenni ! Juste une réprimande timide alors que dans toute démocratie qui se respecte c’est la révocation pure et simple qui aurait été prononcée...
Mais, bon, on est au Liban et il faut bien ménager la chèvre et le chou, ne pas indisposer le Hezbollah, tenir compte des remarques berrystes d’Amal, éviter la colère du PSP, sauver la face de ceux qui prennent des décisions qui ne sont jamais respectées... Et maintenir en vie un gouvernement qui ne tient que par le mensonge et l’intimidation.
Un gouvernement miné de l’intérieur, contesté de l’extérieur et qui entend, contre toute logique, contre toute décence, mener à terme une opération électorale entachée de mille et un défauts, mille et un vices, un gouvernement qui s’entête à louvoyer, à vouloir gagner du temps, face à la grogne sociale, à des instances syndicales qui s’adressent obstinément au mauvais interlocuteur. Des instances, elles aussi fourvoyées dans un labyrinthe sans fin qui ne peut mener qu’à davantage de crises, à une plus grande détresse sociale.
Et en arrière-plan, en une toile de fond couleur sang, le spectre de la discorde civile, de la guerre intercommunautaire, celle que la crise syrienne attise, entretient au fil des jours. Une tache d’huile qui s’étend, qui se transforme dans les zones à risque en une véritable traînée de poudre.
L’interrogation qui fait mal, qu’on n’ose pas trop ébruiter, s’impose alors à tout le monde : d’où viendra l’étincelle ? De Saïda que cheikh el-Assir veut transformer en citadelle de la résistance à la Résistance de Hassan Nasrallah enlisée dans les bas-fonds baassistes ou de Tripoli que les salafistes veulent installer à l’avant-garde du combat contre les « alaouites usurpateurs » ? Des régions frontalières avec la Syrie où sunnites et chiites s’observent en chiens de faïence ou des zones mixtes où les barricades sont déjà dans les âmes avant d’être dressées dans les rues ?
Interrogation à laquelle le gouvernement Mikati n’a pas de réponse, comme il n’a de réponse ni aux exigences des grévistes qui paralysent la fonction publique depuis des semaines ni au questionnement des citoyens au sujet de la loi électorale censée leur assurer un droit légitime.
J’y suis, j’y reste, voilà la seule « assurance » royale qui nous est servie par le gouvernement en ces temps troubles. L’expression prêtée, il y a des siècles, à Louis XV était certainement plus cavalière : « Après moi le déluge », aurait-il dit anticipant son inévitable départ. Les Libanais, eux, risquent d’avoir et le déluge et les mêmes dirigeants incompétents.
À hue et à dia, ainsi se règlent les affaires du pays, ainsi se prennent les décisions au sein des hautes instances de l’État : les uns tirent à droite, les autres à gauche, l’attelage ne sait plus où donner de la tête... Les citoyens déboussolés aussi.Le chef de l’État donne des directives, tape du poing sur la table, le Premier ministre lance des oukases, avertit qu’il...
commentaires (3)

Nos nouveaux Louis XV sont certainement plus cavaliers pour affirmer inconscients Après moi non le déluge mais la guerre civile de nouveau . Vrais criminels . Nazira.A.Sabbagha

Sabbagha A. Nazira

14 h 19, le 11 mars 2013

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Commentaires (3)

  • Nos nouveaux Louis XV sont certainement plus cavaliers pour affirmer inconscients Après moi non le déluge mais la guerre civile de nouveau . Vrais criminels . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A. Nazira

    14 h 19, le 11 mars 2013

  • Il y a pourtant quelqu'un au Liban dont la devise est : Après moi le déluge !

    SAKR LEBNAN

    12 h 54, le 11 mars 2013

  • Au Liban c'est différent : On est déjà dans "le déluge" et on y "reste" !

    Halim Abou Chacra

    03 h 55, le 11 mars 2013

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