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À La Une - Un peu plus de...

Je te l’avais dit

On est ami(e)s depuis l’enfance. On a tout fait ensemble. Notre entrée à l’école, d’immenses conneries, de petits mensonges, nos premières amours, nos premiers chagrins, l’acné, l’appareil dentaire qui nous quadrillait la bouche, les concerts, l’université, notre premier job. Et puis chacun(e) a rencontré un(e) autre. Une rencontre qui a sonné le glas d’une amitié fusionnelle. Oh, pas parce qu’un(e) autre a débarqué, mais parce que l’autre est un mufle. L’autre est un plouc, un crétin, un avare comme on n’en fait plus, une espèce de rat qui pille notre copine. Parce que l’autre est une social climber sans scrupules qui se sert de notre pote comme d’un tremplin. Parce que l’autre a plus le look d’une pute du Bois que le style de Coco Chanel. Parce que l’autre est tellement affligeant qu’à chaque fois qu’il vient dîner à la maison, le plancher tremble à cause du poids de sa lourdeur. Impossible de faire revenir à la raison celle qu’on appelait sa sœur de cœur. Désir utopique. Et lentement, on assiste à la mort de notre amitié. L’autopsie est dure. La cause du décès ? L’empoisonnement. Le plus triste c’est que dans des cas pareils, il n’y a rien à faire. On aura beau vouloir faire des efforts, prendre sur soi, se mordre la langue pour ne pas sortir une saloperie, le temps aura raison de notre indulgence. Résultat, on ne se voit que sporadiquement autour d’un café. Et ça va ? Oui. Et comment va Flén ? Flén va bien, égal à lui-même. Aha. Toujours aussi pénible donc. Eh oui, ma copine sort avec un égoïste, centré sur lui-même. Sur son fric, sur son propre plaisir sexuel, sur sa voiture, sur ses voyages, sur son boulot. Il ne sait pratiquement rien d’elle. Nous non plus finalement. Cette copine à qui on a tout raconté, on ne la reconnaît plus. On ne comprend pas son sourire béat de crétine satisfaite quand ce débile lui envoie un message d’excuse bidon, finissant par un je t’m. Même pas la force de tout rédiger. Certaines se plaignent souvent de l’attitude et nous, on écoute avec une lassitude non feinte parce que ces jérémiades iront grandissantes avec les années. Demain, je le quitte. Après-demain, je le quitte. Ouéhéhé. Elle l’épouse le mois prochain. Le constat est amer. Allez comprendre pourquoi et comment elle s’est amourachée de ce type. Allez comprendre. Allez comprendre pourquoi notre fils a succombé au charme de cette bimbo ersatz de Victoria Silvstedt de la Roue de la Fortune mais en taille 44. Cette blonde peroxydée et botoxée depuis l’âge de 25 ans, qui a le QI et l’énergie d’une limace, est navrante. Et on dit quoi à ce garçon qu’on a élevé avec amour, la musique de Gainsbourg comme bande-son de son enfance, les films de Kubrick en arrière-plan ? On lui dit quoi quand il la regarde avec son air de merlan frit, elle qui vient de vous postillonner à la figure les morceaux de crabe qu’elle n’a pas réussi à décortiquer. On lui dit quoi à notre bambin de fils ? Qu’il est tombé sur une pétasse qui ne rêve que de se caser. Sur une fille de bas étage qui n’a dans le cerveau qu’une french manucure bon marché. Qu’il se comporte comme un gamin de 12 ans et demi. On lui dit quoi ? On ne lui dit plus rien. On aura gaspillé temps et salive pour rien. Il est amoureux. Et malheureusement, ça, ça ne s’explique pas. On ne dit rien en espérant secrètement qu’il n’y a aucun transfert dans cette histoire, qu’il n’épouse pas une femme qui ressemble à sa mère. Sinon, on peut avaler trois boîtes de Xanax. On ne dit rien parce qu’en plus, il a l’air heureux. Et c’est ce qui compte. On ne fera quelque chose que si notre copain, si notre fille, whoever qui, n’en pleut plus. Qu’il souffre, qu’elle se fait bouffer toute crue, qu’il plonge dans un gouffre de vulgarité sans fond. Alors là, on fera tout ce qui est en notre pouvoir pour faire foirer la liaison. On racontera les pires vacheries, on plantera 153 aiguilles dans une poupée vaudoue, on jettera des sorts, on lui enverra une femme et on prendra des photos de ladite tromperie, on fera tomber le masque en obligeant le boyfriend à payer un putain de mégasolitaire, on fera sortir de ses gongs la demoiselle en montrant son vrai visage. Parce qu’on n’aura pas eu le choix. Parce qu’il est inimaginable qu’un jour notre petite-fille porte les gènes de cette poufiasse. On aura perdu plusieurs batailles, mais pas la guerre. Je t’avais bien dit que c’était un salaud.
On est ami(e)s depuis l’enfance. On a tout fait ensemble. Notre entrée à l’école, d’immenses conneries, de petits mensonges, nos premières amours, nos premiers chagrins, l’acné, l’appareil dentaire qui nous quadrillait la bouche, les concerts, l’université, notre premier job. Et puis chacun(e) a rencontré un(e) autre. Une rencontre qui a sonné le glas d’une amitié...
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