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À La Une - Liban

Grille des salaires : Les enseignants du public en appellent à Sleiman

Hanna Gharib menace de "libérer" les biens-fonds maritimes.

Les enseignants du public se sont rassemblés le 5 mars à Baabda. Photo Anne Ilcinkas.

Au quinzième jour du mouvement de grève ouverte lancé par le Comité de coordination syndicale (CCS), quelque 2000 fonctionnaires et enseignants du public se sont rassemblés, mardi matin, sur la route du palais présidentiel de Baabda, au niveau du rond point Sayyad. Leur objectif, marcher vers le palais présidentiel pour appeler le chef de l’Etat Michel Sleiman à intervenir pour la transmission de la nouvelle grille des salaires au Parlement.

 

"Il est le père du peuple, il n’y a que lui qui peut nous aider", lance Wadad Aawar, enseignante à l’école publique de Hammana. "Il doit mettre un terme à ce retard, il doit faire pression sur le gouvernement", renchérit Maya, la quarantaine.

 

Alors que le gouvernement a avalisé la grille en septembre dernier, le Premier ministre Nagib Mikati refuse de la transférer au Parlement avant d’avoir déterminé les moyens de la financer.

 

Mais certains enseignants ne croient pas en une quelconque influence de Michel Sleiman sur ce dossier. "Je le remercie pour tout ce qu’il a fait", lance Hanna, sur un ton clairement ironique. "On ne sait plus avec qui parler, à qui demander de nous aider, personne ne nous écoute", ajoute cet enseignant venu du Chouf.

 

Sur les bannières brandies ce matin, on lit la colère des manifestants face aux promesses "creuses" du gouvernement : "Vos déclarations et vos promesses ne vont pas nous faire taire" ; "Le coût de la grille (des salaires) ne dépasse pas la somme d’argent que vous gaspillez" ; "Assez de promesses creuses".

 

Wadad Aawar, elle, regrette que les enseignants du public ne soient pas valorisés au Liban. "Nous sommes les seuls dans ce pays à donner des leçons de patriotisme. Le professeur et l’élève sont à la base de la nation. Nous sommes les seuls fonctionnaires qui n’acceptent pas les pots de vin", affirme l'enseignante.

 

Wadad Aawar, enseignante à l'école publique de Hammana. Photo Anne Ilcinkas
 

"La bataille continue"

 

La semaine dernière, les enseignants du public étaient épaulés par leurs collègues du privé. Mais dimanche, le syndicat des écoles privées a annoncé que les enseignants allaient reprendre les cours, tout en précisant qu'ils "font toujours partie du mouvement de contestation contre le gouvernement".

Au rond point Sayyad, ce matin, les enseignants du public refusaient de se laisser décourager par l'absence de leurs collègues du privé. "C'est la deuxième fois que je manifeste depuis le début du mouvement, explique Maya, venu du Liban-nord. Aujourd'hui, les enseignants du privé ne sont pas avec nous, mais nous sommes très nombreux, la bataille continue. On ne perd pas espoir".

 

"C’est ça être citoyen, il faut descendre dans la rue pour obtenir nos droits les plus basiques", ajoute, de son côté, Hanna.

 
Lors de ce rassemblement, le président du CCS, Hanna Gharib, a menacé de "libérer" les biens-fonds maritimes. "Les biens-fonds maritimes sont la propriété du peuple, nous allons les libérer et les distribuer au peuple si la grille des salaires n’est pas transférée au Parlement", a déclaré M. Gharib aux manifestants venus des quatre coins du Liban.

Les biens-fonds maritimes libanais sont confisqués au domaine public par des investisseurs privés qui ne versent pratiquement aucune redevance à l'Etat.



Sur les bannières brandies, on lit la colère des manifestants face aux promesses
"creuses" du gouvernement. Photo Anne Ilcinkas.
 

Alors que les manifestants protestaient sur la route de Baabda, les ministres étaient réunis au palais présidentiel. Au menu, un plat unique : la signature, lundi, par MM Sleiman et Mikati du décret pour la convocation du corps électoral en vue des législatives du 9 juin.

 

Le Premier ministre avait assuré samedi avoir l'intention d'inscrire le financement de la grille des salaires à l'ordre du jour du Conseil des ministres qui se tiendra sous la présidence de Michel Sleiman, après le 21 mars, soit après le retour du président Sleiman d'une tournée dans certains pays africains, qu'il débute mardi après-midi.

 

Mais Maya estime que cette décision n’est pas suffisante : "Ils auraient dû soumettre la grille le 21 mars 2012 ! Nous sommes fatigués, mais nous n’allons pas baisser les bras… Les dégâts sont déjà faits, je suis inquiète pour les examens officiels, pour les élèves".

 

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