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À La Une - Quatre questions à...

« Sans problèmes sécuritaires majeurs en 2013, 80 % des restaurants et cafés ne devraient pas fermer »

...Paul Ariss, président du syndicat des restaurateurs.

Paul Ariss, président du syndicat des restaurateurs libanais.

Question. Quel bilan faites-vous de 2012 ?
Réponse. Il y a l’avant-mai 2012 et l’après-septembre. La crise a véritablement commencé à se faire ssentir en mai quand les touristes arabes ont décidé de boycotter le Liban. Personne ne s’attendait à des conséquences aussi difficiles sur le secteur. Sur la période 2011-mai 2012, le chiffre d’affaires de la restauration avait déjà diminué d’entre 20 et 25 %, mais il y avait encore très peu de fermetures d’établissements. Il est important de souligner que depuis 2005, malgré tous les événements qu’a connus le Liban et même la guerre de juillet 2006, les ouvertures de restaurants florissaient. On a relevé entre 300 et 400 nouveaux restaurants depuis 2005. Mais en mai 2012, les Arabes et expatriés ayant déserté le pays, cela a conduit à une situation où l’offre était nettement supérieure à la demande, cette dernière ne se limitant désormais plus qu’aux résidents dans un contexte de pouvoir d’achat en berne et de crise économique. Même le secteur de la livraison à domicile a été affecté, accusant une perte de 20 à 30 % des ventes depuis le mois de mai, tandis que beaucoup d’établissements réalisent plus de 60 % de leur chiffre d’affaires grâce au « delivery ». Par ailleurs, il y a « l’après-septembre 2012 » après l’entrée en vigueur de la loi antitabac.

(Pour mémoire : IndyACT appelle à respecter la loi antitabac)

Nous souhaitons rappeler que la loi antitabac a été appuyée dès le premier jour par notre syndicat. Nous avons cependant présenté une étude au Parlement démontrant que les restaurants de gastronomie étrangère n’avaient pas subi de perte suite à cette nouvelle législation, mais qu’il fallait prendre en compte le caractère particulier des établissements libanais, cafés à chicha et boîtes de nuit. Nous souhaitions prendre exemple sur ce qui se fait à l’étranger, notamment à Dubaï et en Europe, sur ce sujet. Résultat : nous avons eu la législation la plus dure au monde ! Un mois après l’entrée en vigueur de la loi antitabac, les restaurants à caractère libanais et boîtes de nuit ont accusé une perte de 75 % de leur chiffre d’affaires. Aujourd’hui, 70 % des restaurants appliquent la loi, même si certains cafés préfèrent écoper d’une contravention plutôt que de mettre la clef sous la porte.

(Pour mémoire : Nahas n'écarte pas un amendement de la loi antitabac)


Pourquoi les prix n’ont pas diminué ?
Avant 2010, les prix des loyers avaient augmenté de façon faramineuse sans avoir diminué depuis la crise en 2011, ni en 2012. Un restaurant d’Achrafieh doit ainsi débourser 200 000 dollars de loyer par an pour une surface de 200 m2 !
À Zaituna Bay, le moindre loyer grimpe à 400 000 dollars par an. Par ailleurs, les charges sont doubles (électricité, eau...) et les prix des matières premières augmentent, tandis que le pays importe plus de 90 % de ces dernières. ! La logique serait d’augmenter nos prix, mais les restaurateurs n’ont pas voulu toucher à ces derniers. Ils ont cependant diminué le personnel de 10 à 15 % tout en s’efforçant de garder la main-d’œuvre qualifiée. En effet, depuis 2006, on assiste à l’exode du personnel qualifié libanais vers les pays arabes. Plus de 7 000 professionnels ont quitté le Liban depuis cette période et il est très difficile pour les établissements de réussir à remplacer ce type de main-d’œuvre. Jusqu’à présent, on pâtit encore de ce phénomène.


Qui est parvenu à tirer son épingle du jeu ?
Certains établissements ont réussi à se faire une place et travaillent bien malgré le contexte économique. Il s’agit surtout de jeunes entrepreneurs ayant étudié en Europe et ouvrant à Beyrouth des concepts originaux et de petite taille. Le quartier de Mar Mikhaël a ainsi vu fleurir ce type d’établissements. Par ailleurs, il y a les établissements très haut de gamme qui ont pu tirer leur épingle du jeu : les 5 étoiles et restaurants de grande qualité. Ce sont les restaurants sans âme et sans concept bien définis qui ont subi de plein fouet la désertion des touristes.


Comment s’annonce 2013 ?
Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles. Finalement, on a enregistré une baisse de 30 % de notre activité en 2012 en comparaison avec 2010. Les Libanais ne manquent pas à leur réputation, ils adorent sortir, faire la fête et continuent même s’ils dépensent moins. Par ailleurs, cette récession a poussé beaucoup de propriétaires de restaurants libanais à vendre leur concept de franchise à des pays arabes. On a ensuite noté un phénomène de mouvement de l’activité nocturne vers les quartiers comme Hamra, Jounieh, Verdun, Antélias ou Jal el-Dib, mais cela au détriment de Gemmayzé, du centre-ville. 80 % des pubs de Gemmayzé ont fermé. Ceux qui restent ont migré vers Mar Mikhaël. La seule région qui n’a que très peu été affectée par la crise est celle de Hamra.
S’il n’y a pas de problèmes sécuritaires en 2013, 80 % des établissements ne devraient pas fermer, c’est un sentiment basé sur le nombre de nouvelles demandes de permis d’ouverture auprès du ministère du Tourisme. Cependant, il ne faut pas se leurrer, il n’y aura plus d’été comme ceux d’avant-2011 tant que les touristes arabes ne reviendront pas.

 

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