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À La Une - crise

Tunisie : Jebali refuse d'être reconduit à la tête du gouvernement

Arrestation de suspects dans l'assassinat de Chokri Belaïd.

Le Premier ministre démissionnaire, Hamadi Jebali. REUTERS/Anis Mili/Files

Le parti islamiste Ennahda, au pouvoir en Tunisie, a réuni jeudi soir des assises pour désigner un successeur au Premier ministre Hamadi Jebali, son numéro deux, qui a refusé d'être reconduit à la tête du gouvernement faute d'un accord sur un cabinet apolitique. 

 

La réunion du Majlis al-Choura d'Ennahda, l'instance consultative de 130 membres, s'est ouverte en début de soirée dans un hôtel en banlieue de Tunis, où la presse était tenue à l'écart.
"Il y a quatre candidats au poste de Premier ministre, Ali Larayedh (actuel ministre de l'Intérieur), Mohamed Ben Salem (Agriculture), Noureddine Bhiri (Justice) et Abdellatif Mekki (Santé)", a déclaré dans la matinée le porte-parole d'Ennahda, Mongi Gharbi.


Le parti a ensuite annoncé que M. Jebali s'était "excusé de ne pouvoir accepter son offre d'être le candidat au poste de chef du gouvernement". Ennahda a expliqué être "en train de procéder à des consultations en interne et avec ses partenaires pour présenter au président de la République le nom d'un successeur de M. Jebali avant la fin de la semaine".


M. Jebali avait annoncé mardi sa démission, après le rejet par son parti de son initiative en faveur d'un cabinet apolitique, lancée le 6 février, au soir de l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, qui a exacerbé la crise politique latente depuis des mois en Tunisie.
Cette idée a été bien acceptée par une large partie de l'opposition et de l'opinion publique et par l'un des deux alliés d'Ennahda, Ettakatol, parti laïque du chef de l'Assemblée nationale constituante (ANC) Mustapha Ben Jaafar.
Elle a été en revanche combattue par les durs d'Ennahda et par le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki, autre parti associé au pouvoir, ainsi que par des dissidents de ce parti réunis au sein du mouvement Wafa.

"Attiser les tensions"
Le quotidien "Le Temps" a mis en garde jeudi contre le choix d'un dur d'Ennahda comme Premier ministre, estimant qu'une telle décision risquait "d'attiser les tensions et d'enfoncer encore le pays dans la crise".


Avec 89 députés à l'ANC, Ennahda peut réunir 109 votes sur 217 pour faire passer le cabinet, mais le parti tente de trouver un consensus politique le plus large possible. Il peut déjà compter sur le CPR qui a affirmé jeudi, par la voix de l'un de ses cadres, Hédi Bel Abbas, être prêt à participer au prochain gouvernement.


Dans l'opposition, le camp favorable à une reconduction de M. Jebali n'avait cessé de se renforcer, son idée de cabinet apolitique trouvant un écho favorable chez ceux qui cherchent depuis des mois à retirer à Ennahda les ministères régaliens, en particulier celui de l'Intérieur, dans la perspective des futures élections.
En refusant de céder ces ministères à des indépendants, Ennahda "pratique la fuite en avant", a estimé Issam Chebbi, dirigeant du Parti républicain, en assurant que son mouvement ne laisserait "pas Ennahda faire ce qu'il voulait du pays".


Deux ans après la révolution, l'ANC n'est toujours pas parvenue à élaborer une Constitution, un préalable indispensable à la tenue d'élections, et les problèmes du chômage et de la pauvreté dans les régions défavorisées, à l'origine de la révolte qui a chassé l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, n'ont pas trouvé un début de solution.
La montée des salafistes, responsables de plusieurs coups d'éclat, fait aussi craindre une explosion de violences, comme l'a rappelé jeudi l'annonce de la découverte d'une cache d'armes et de l'arrestation de treize suspects de la mouvance salafiste.


Alors que la famille de Chokri Belaïd accuse Ennahda d'être impliqué dans son assassinat, le ministre tunisien de l'Intérieur, Ali Larayedh, a annoncé jeudi l'arrestation de suspects, mais sans donner d'autres détails en raison du secret de l'instruction. "L'enquête n'a pas abouti encore à l'identification du tueur, de ceux qui sont derrière cet assassinat et de ses mobiles", a-t-il indiqué.

 

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