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Seuls les maronites sont autorisés à lire cet article

Une illustration condamnant la loi orthodoxe, tirée de la page Facebook "Take Back Parliament"

Sarcasme, ironie, déception... À peine approuvé par les commissions parlementaires conjointes, le projet de loi électorale du Rassemblement orthodoxe a déclenché une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. La plupart des internautes y ont vu un « grand pas en arrière » pour le Liban.
Ce projet de loi controversé prévoit notamment l’élection par chaque communauté de ses députés. Pour être officiellement adopté, il doit encore être soumis au vote au Parlement libanais.

« Nous venons d’inventer la machine à explorer le temps », ironise Dona-Maria Souhaid sur Twitter. « Imaginez si, aux États-Unis, les Noirs ne pouvaient voter que pour les Noirs et les Blancs ne pouvaient élire que des Blancs ! » s’insurge pour sa part Abdallah Fawzy. « Comment se fait-il qu’à Beyrouth, où est née la première école de droit dans l’histoire, ils n’ont pu trouver une meilleure loi que la loi dite orthodoxe ? », demande de son côté le blogueur Imad Bazzi. « Ils vont devoir effectuer des tests d’ADN maintenant pour vérifier les confessions, plaisante quant à lui Karl Sharro. J’espère qu’ils ne trouveront pas de traces de cheval chez certains de nos candidats. »

D’autres internautes ont déploré la « schizophrénie rampante » au Liban, une semaine à peine après la reconnaissance par la haute instance consultative du ministère de la Justice de la légalité du premier mariage civil contracté dans le pays. Pour sceller leur union civile, Khouloud et Nidal Darwiche ont dû rayer la mention de leur confession de leur état civil, une initiative désormais encouragée par plusieurs jeunes Libanais (sur le Web, du moins...). « Si tous les Libanais décident de rayer la mention de leur communauté, il ne restera plus personne pour voter », remarque Carol Malouf sur Twitter. « Cette loi me donne envie de devenir athée », lance pour sa part Ramzi Komati.

 

Illustration tirée de la page Facebook de Said Francis.


Certains internautes ont également appelé leurs compatriotes à se convertir au judaïsme, étant donné que selon la loi orthodoxe, les juifs sont les seuls autorisés à voter pour le candidat de leur choix – qu’il soit chrétien ou musulman – faute de sièges juifs au Parlement libanais...

Utilisant le hashtag (ou mot-dièse) #AgainstOrthodoxLaw (« Contre la loi orthodoxe »), beaucoup de Libanais en ont profité pour rappeler le fameux serment du journaliste assassiné Gebran Tuéni en faveur de l’unité des Libanais : « Nous jurons par Dieu tout-puissant de rester unifiés, chrétiens et musulmans, pour la défense du Liban. » « Tous nos martyrs qui se sont sacrifiés pour l’unité dans ce pays sont morts pour rien », se désole Hasan Shami sur son compte Twitter. « Gebran Tuéni doit se retourner dans sa tombe », écrit de son côté le blogueur Mustapha Hamoui.

Approuvé par la plupart des partis chrétiens, dont le Courant patriotique libre, les Kataëb et les Forces libanaises, ainsi que par le Hezbollah, le projet de loi controversé n’avait pas que des détracteurs sur les réseaux sociaux. « La loi orthodoxe est la seule loi qui respecte les droits des chrétiens », affirme Anthony Bou Abboud. Cette loi « empêche Saad Hariri et Walid Joumblatt de nommer les députés de leur choix, peu représentatifs du peuple, et c’est ce qui explique leur opposition », analyse pour sa part Jean Assy.

 

Un dessin de Maya Zankoul : "Le Liban, année 2113 : Nous avons décidé que vous ne pouvez voter que pour les candidats qui portent le même nom de famille que vous et qui aiment la couleur rouge. Sinon, vous ne pouvez pas voter."



Dans un billet publié mardi sur le blog « Beirut Spring », Mustapha Hamoui affirme que, contrairement à l’opinion généralement répandue, « les chrétiens ne représentent pas la seule minorité qui soit persécutée dans la région ». Selon lui, l’adoption de la loi « orthodoxe » met sous les feux des projecteurs une autre minorité tout aussi persécutée et privée de ses droits civils : « Je parle ici des laïcs, des athées, des agnostiques, et des personnes qui n’aiment pas être réduits à leur croyance religieuse, mais qui sont souvent forcés de s’enfermer dans un moule religieux qui ne les représente pas. » « Imposer le confessionnalisme aux laïcs et aux athées serait comme imposer la loi islamique aux chrétiens », souligne encore le blogueur libanais. L’opposition à la loi « orthodoxe » n’a rien à voir avec la politique (...). Il est grand temps que cette minorité persécutée s’émancipe pour faire entendre sa voix au Liban...

Et dire qu’il y a quelques jours les Libanais se délectaient d’un billet de l’ambassadeur britannique Tom Fletcher, dans lequel il rêve un Liban « nouveau », exempt de partis confessionnels, vivant en harmonie avec ses voisins et redevenu l’épicentre de la renaissance culturelle arabe. Ce Liban moderne et prospère serait dirigé par une femme et compterait une majorité de députés de moins de 40 ans, dont la plupart seraient d’anciens émigrés rentrés au pays pour remettre le Liban sur pied... Ce Liban-là, l’ambassadeur l’avait imaginé pour 2020.

 

Tom Fletcher (et les Libanais) peuvent encore rêver...

 

 

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