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À La Une - Événement

Une visite pastorale sous des projecteurs politiques

Raï à Damas pour l’intronisation  du patriarche Jean X Yazigi.

Des temps difficiles attendent les patriarches Béchara Raï et Jean X Yazigi.

Au risque d’être désapprouvé par une partie de l’opinion chrétienne, inquiète de l’exploitation que pourrait en faire le régime du président Bachar el-Assad, le patriarche maronite s’est rendu samedi en Syrie pour assister à la cérémonie d’intronisation, hier, du nouveau patriarche des grecs-orthodoxes, Jean (Youhanna) X Yazigi


Le départ à Damas du chef de l’Église maronite n’avait été annoncé qu’à la dernière minute. Sa présence dans la capitale syrienne a presque éclipsé la cérémonie elle-même, par son retentissement politique et humain. Le patriarche a été accueilli avec une joie évidente par les maronites de Damas, au nombre d’environ 20 000. Mais dans la nef, il a annoncé qu’il transmettait ses vœux au nom de tous les patriarches catholiques d’Orient.


Les discours tenus par le nouveau patriarche et par le chef de l’Église maronite étaient convergents, notamment sur le rôle de l’Église comme facteur de réconciliation et de paix, par-delà les divergences politiques.
Dans une allocution qu’il a prononcée durant la cérémonie, le patriarche Raï a condamné sans nuances toute justification de la violence au nom de la lutte pour les réformes et la démocratie. « La vie humaine est une valeur qui n’a pas de prix, tout ce qu’on appelle réformes, droits de l’homme et démocratie ne valent pas le sang d’un seul homme innocent », a dit le patriarche.
Pour sa part, le nouveau patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Jean X Yazigi, a appelé au dialogue pour mettre fin à la guerre en Syrie, sur fond de crépitement des armes automatiques, a indiqué une dépêche de l’AFP datée de Damas. 


La cérémonie s’est tenue à l’église de la Croix sacrée, à Qassar, au cœur de la capitale syrienne. Pour l’occasion, des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été prises : tireurs d’élite sur les toits, stationnement interdit, fouilles et portails magnétiques. Des invités triés sur le volet assistaient à la cérémonie alors que les autres fidèles pouvaient regarder la liturgie à l’extérieur sur un écran géant.
Au premier rang des personnalités politiques et civiles venues assister à l’office figurait le ministre pour les Affaires de la présidence, Mansour Azzam, considéré comme un conseiller très écouté de M. Assad, représentant le chef de l’État syrien. Il y avait aussi Fayçal Mekdad, vice-ministre des Affaires étrangères, et d’autres ministres syriens. Le mufti de Damas était également au nombre des personnalités officielles.
M. Azzam a embrassé Mgr Raï en le saluant, tandis que M. Mekdad s’attardait en sa compagnie, pour bien s’assurer que les caméras avaient saisi l’instant. Un secrétaire d’État chrétien du président syrien, Joseph Soueid, assistait également à la messe.
Côté libanais figuraient dans les rangées l’ancien député Élie Ferzli et le secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, Nasri Khoury. 

 

(Lire aussi: Sleiman exprime son appui à la visite de Raï en Syrie)


« Nous avons la conviction que la Syrie – gouvernement et peuple – trouvera la porte du salut à travers le dialogue et une solution politique pacifique pour que s’écarte le nuage de violence et que le pays retrouve stabilité, tranquillité et paix », a déclaré le patriarche Jean X Yazigi dans son allocution.
Mais dehors le langage des armes était entendu, l’église se trouvant non loin du quartier de Jobar où les combats opposent l’armée et les rebelles.
« Dieu n’accepte pas que se brise la vie que nous partageons avec les non-chrétiens pour des causes politiques et parce que chez nous comme chez eux il y a des gens qui adhèrent à des tendances fondamentalistes n’ayant rien à voir avec la religion », a-t-il ajouté.


Né il y a 57 ans à Lattaquié et élu en décembre au monastère de Balamand au Liban, le patriarche Yazigi est originaire de Mar Marita, la plus grande vallée chrétienne de Syrie. Il était le métropolite grec-orthodoxe de l’Europe de l’Ouest et centrale.

La Saint-Maron à Damas
Le patriarche Raï était arrivé samedi dans la capitale syrienne par la route. Il avait célébré la messe de la Saint-Maron à la cathédrale maronite de l’Assomption, au siège de l’archevêché maronite, dans le quartier chrétien de Bab Touma, situé dans la vieille ville de Damas. Sa visite est la première depuis celle que le patriarche Arida avait effectuée, sous le mandat français, avant l’indépendance de 1943. Dans son homélie, il avait appelé à des réformes, en prônant le dialogue. « Les réformes sont nécessaires mais elles ne doivent pas être imposées de l’extérieur, elles doivent venir de l’intérieur par le dialogue et l’accord », a dit dans son homélie le patriarche maronite.
Répondant aux critiques ou aux réserves exprimées par certaines personnalités politiques, le cardinal Raï avait indiqué être venu pour « rencontrer les chrétiens et notamment les 60 000 maronites » vivant en Syrie et a souligné que l’Église « est toujours contre la guerre et pour le dialogue ».

 

Fin janvier, le cardinal Raï avait vivement dénoncé les États qui fournissent argent, armes et moyens divers au régime du président Bachar el-Assad et à l’opposition en Syrie, affirmant qu’ils auraient à répondre de « crimes devant le tribunal de l’histoire ».

 

(Lire aussi: La Saint-Maron à Paris : dîner à l’Hôtel de Ville et messe solennelle à la rue d’Ulm)


« Je suis content d’être ici à Damas (...). C’est une occasion pour prier tous ensemble pour la paix, la tranquillité, le retour des réfugiés et pour que soient trouvées des solutions pacifiques et diplomatiques aux problèmes en cours », a dit le patriarche à l’AFP en arrivant à la cathédrale. Il a ajouté que sa visite avait commencé par la célébration de la Saint-Maron.


Prêtre et ermite, saint Maron est mort au début du Ve siècle, a-t-il dit. Il a vécu en Syrie, mais en raison de vexations de la part des monophysites, ses partisans se réfugièrent au VIIe siècle vers ce qui allait devenir bien plus tard le Liban.
« Nous prions chaque jour pour que la guerre et les violences prennent fin et qu’à travers l’accord et la coopération la paix se réalise », dans ce pays, a-t-il ajouté.


De nombreux dignitaires chrétiens venus des pays de tradition orthodoxe comme la Grèce et la Bulgarie, ainsi que le nonce apostolique à Damas, ont assisté à la cérémonie d’intronisation. Parmi les dignitaires des Églises d’Orient figurait le patriarche des grecs-catholiques Grégoire III. En soirée, un communiqué a annoncé que le patriarche était de retour à Bkerké.

 

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