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À La Une - Russie

Les reliques des tsars éclipsées par Staline aux ventes d'antiquités à Moscou

L'autographe du dictateur russe a été vendu à 16.000 euros.

Le dictateur Joseph Staline a volé la vedette à la famille impériale sur le marché des antiquités russes, au cours d'enchères organisées cette semaine pour les 400 ans de la dynastie Romanov. Reuters

Le dictateur Joseph Staline a volé la vedette à la famille impériale sur le marché des antiquités russes, au cours d'enchères organisées cette semaine pour les 400 ans de la dynastie Romanov, chassée du pouvoir en 1917.

 

La salle était pleine à craquer dans la petite librairie pour bibliophiles "v Nikitskom", dans le centre de Moscou, qui avait choisi les Romanov comme thème principal d'une vente de documents et ouvrages anciens. Le thème de la Russie tsariste a fait en effet le bonheur des antiquaires depuis la chute du régime communiste en 1991.

 

Mais c'est autour d'un ouvrage de Staline, dédicacé par l'auteur, que les passions se sont déchaînées.

L'autographe de Staline "a été vendu de façon tout à fait inattendue très cher", pour 650.000 roubles (16.000 euros), a expliqué à l'AFP le commissaire-priseur Sergueï Bourmistrov, à l'issue de la vente.

Le prix de départ avait été fixé à 90.000 roubles (2.250 euros).

 

Trois brochures dont un réquisitoire d'Andreï Vychinski, le procureur général des fameux procès staliniens de 1937, et, du même auteur, "Quelques méthodes du sabotage des agents trotskistes et fascistes", ou encore "Méthodes pour lutter contre l'activité d'espionnage, de sabotage et de terrorisme des services des pays capitalistes et de leurs agents trotskistes", sont, elles, parties rapidement, pour 4.000 roubles (100 euros), adjugées sous des rires entendus de l'assistance.

 

A l'inverse, nombre de documents de l'époque tsariste, comme des oukazes (décrets) de l'empereur, n'ont pas suscité d'enchères dans la salle.

"L'accent se déplace de manière évidente vers le 20e siècle lors de nos enchères. Autrefois, les 18e et 19e siècles étaient les plus recherchés", a relevé le commissaire-priseur.

 

Le sociologue Lev Goudkov, du centre indépendant Levada, y voit le reflet d'un engouement pour Staline et son époque en Russie, deux décennies après la chute du régime communiste en 1991.

"L'an dernier, il a été numéro un sur une liste des plus grandes personnalités de l'histoire alors qu'il y a 20 ans il ne figurait même pas parmi les 10 premiers", explique-t-il.

"Il y a là une fascination pour le mal, et Staline est très présent dans les batailles idéologiques", poursuit le sociologue.

Malgré la dénonciation officielle de ses crimes, Staline fait en effet toujours l'objet d'une attitude ambiguë en Russie, et est même présenté dans des manuels d'histoire moins comme un dictateur que comme l'artisan de la puissance soviétique et de la victoire sur les nazis.

 

La Russie célèbrait samedi les 70 ans de la victoire soviétique dans la bataille de Stalingrad, tournant stratégique dans la Seconde Guerre Mondiale. Au contraire, les Romanov ne suscitent plus qu'un intérêt restreint parmi les historiens et les spécialistes de l'art, selon M. Goudkov.

 

Pourtant, a rappelé Elena Gorskaïa, experte de la Fédération internationale des antiquaires et des marchands d'art, la cinquantaine de décrets, lettres et manifestes tsaristes présentés à la vente étaient dignes d'une bibliothèque d'Etat.

"En URSS, tout ce qui était lié aux Romanov était interdit", a-t-elle rappelé.

 

La pièce maîtresse de la vente a toute de même été une lettre secrète signée de la main de l'empereur Alexandre I, vainqueur de Napoléon en 1812, adressée au gouverneur de Toula et concernant le traitement à réserver au tsarevitch géorgien Ioulon, capturé et envoyé en exil dans cette région située au sud de Moscou.

Le document datant de 1805 et dont le prix du départ était de 90-120.000 roubles a été vendu 340.000 roubles (8.500 euros).

 

Alexandre Snopkov, bibliophile, éditeur et collectionneur, s'est indigné que ce type de document puisse être vendu aux enchères et acheté par un particulier.

 

Sergueï Bourmistrov, le commissaire-priseur, a expliqué que lors de ce type de ventes, 99% des lots allaient à des collectionneurs privés. "Les bibliothèques et les musées sont obligés de suivre des procédures d'achat compliquées et d'habitude ne participent pas aux enchères", a-t-il expliqué.

Le dictateur Joseph Staline a volé la vedette à la famille impériale sur le marché des antiquités russes, au cours d'enchères organisées cette semaine pour les 400 ans de la dynastie Romanov, chassée du pouvoir en 1917.
 
La salle était pleine à craquer dans la petite librairie pour bibliophiles "v Nikitskom", dans le centre de Moscou, qui avait choisi les Romanov comme thème...
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