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Culture - Design

S’asseoir sur des lingots ou des billets verts...

Pour tous ceux qui rêvent d’être « assis sur une fortune », comme on dit couramment en libanais, Wyssem Noshi a conçu des sièges qui valent leur pesant d’or et de dérision.

Un fauteuil en fausses liasses de 100 $ pour rois du monde.

Wyssem Noshi aime concevoir des «objets d’art qui ont une fonction, ce qui les intègre dans la catégorie design», soutient-il. Cela ne veut pas dire pour autant que cet architecte et designer (diplômé de la Parsons School of design de New York) privilégie la forme au fond. Au contraire, c’est toujours le concept, inspiré de ses réflexions scientifiques, idéologiques et intellectuelles, ou encore, de ses engagements écologiques et environnementaux, qui prévaut dans sa production d’objets et de meubles.


Partisan du «Raw Design», une tendance anticonformiste s’articulant autour de la création d’objets d’utilisation courante à partir de matières brutes, dénuées de sophistication inutile, Noshi s’amuse aussi souvent à délivrer dans ses pièces mobilières des messages contestataires, «crus» et piquants sur tout sujet qui le touche : le désarroi sociétal, la pollution environnementale, l’inertie politique...


Il y a quelques années, il avait, par exemple, présenté (dans son espace de création baptisé On-Off*) des prototypes de tables basses en tôle, pneus et pare-brises, clin d’œil ironisant aux voitures piégées extrêmement en vogue à cette période. Il avait aussi imaginé une boîte à savon en cuivre étamé, baptisée Soap Opera (feuilleton sirupeux) en référence au savon quotidien que nous passent nos politiques.
Cette fois, c’est la cupidité, la dévalorisation de l’humain face à l’appât du gain qui lui a inspiré, entre autres nouvelles pièces, deux sièges d’une railleuse fantaisie.

 

Banquette en similicuir doré pour amateurs de lingots d’or.

 


Une banquette, en similicuir doré, reproduction agrandie du lingot d’or (76 x 190 x 43cm), conçue en série limitée. Et, en pièce unique, un fauteuil érigé avec des liasses de faux billets de 100 $ frappés à l’effigie du crâne de Noshi et à son nom (en remplacement de ceux de Benjamin Franklin). «L’ensemble des faux billets de banque utilisés dans la composition de ce siège à accoudoirs, carré et entièrement recouvert d’une peau en polycarbonate transparente, ferait l’équivalent de 18 000 000 $», signale le designer. Qui cherche ainsi, dit-il, à «matérialiser les notions devenues virtuelles de valeur, de richesse et de possession». Et en les transmutant en banals objets de la vie quotidienne, sur lesquels on pose ses fesses sans autre forme de procès, «à provoquer une réflexion sur la vraie valeur des choses et des êtres».

 

S’asseoir sur des liasses de (faux) billets verts ou des (pseudo) lingots pour mieux réfléchir. Et pourquoi pas! Car, si le design, au-delà des notions d’utilité et d’esthétique, était aussi pourvoyeur de sens, il pourrait peut-être servir à désamorcer l’avidité de l’or et de l’argent en provoquant une salutaire prise de conscience de leur vanité. Ou pas.

*On-Off, Hamra, rue Nehmé Yafet. Tél. 01-342121.

Wyssem Noshi aime concevoir des «objets d’art qui ont une fonction, ce qui les intègre dans la catégorie design», soutient-il. Cela ne veut pas dire pour autant que cet architecte et designer (diplômé de la Parsons School of design de New York) privilégie la forme au fond. Au contraire, c’est toujours le concept, inspiré de ses réflexions scientifiques, idéologiques et...

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