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À La Une - Conflit

L’avancée inexorable vers le Nord des soldats français et maliens

Les islamistes dynamitent un pont stratégique sur le fleuve Niger ; le but est désormais Tombouctou.

Un adolescent rebelle âgé de 16 ans a été capturé par les soldats français et maliens. Hier, il était interrogé par la presse. Adama Diarra/Reuters

Soldats français et maliens ont repris hier une localité sur la route de Gao, bastion des islamistes dans le nord-est du Mali. Les militaires progressent ainsi inexorablement en direction du nord du pays, vers les métropoles de Gao et Tombouctou. « Les militaires maliens et français sont à Hombori. Ils y assurent la sécurité. Il n’y a plus d’islamistes sur place », a témoigné un enseignant de la localité. Une source malienne de sécurité a précisé que les soldats français et maliens allaient poursuivre leur progression vers Gao. Cette dernière ville et ses environs ont été la cible de frappes aériennes de l’armée française dès le début de son intervention le 11 janvier pour neutraliser les islamistes armés liés à el-Qaëda. Parallèlement, les soldats français et maliens qui ont repris la ville de Diabali vont se diriger vers Léré, plus au nord-est, dans le but de « prendre le contrôle de Tombouctou », selon la même source de sécurité.
Dans la région de Gao, les groupes islamistes ont vivement riposté à l’avance des soldats en sabotant le pont de Tassiga, sur le fleuve Niger. De ce fait, ils ont paralysé une des deux routes que pourraient emprunter les soldats tchadiens et nigériens en cours de déploiement au Niger, pour, à partir de ce pays, remonter vers Gao, proche de la frontière. « Les islamistes ont dynamité le pont de Tassiga. Personne ne peut plus passer pour aller au Niger ou venir vers Gao », a indiqué Abdou Maïga, propriétaire de camions de transport, dont le témoignage a été confirmé par une source de sécurité nigérienne. Tassiga est une localité située à 60 kilomètres de la frontière nigérienne. Deux mille soldats tchadiens et 500 Nigériens pourraient, à partir du Niger, ouvrir une autre voie vers Gao pour aller chasser les groupes islamistes armés au Mali.

Malnutrition aiguë et exactions
À Gao même, la situation humanitaire se dégrade, selon Action contre la faim (ACF), qui évoque « des cas de malnutrition aiguë ». La situation est également critique à Tombouctou, selon des habitants qui indiquent être privés d’eau et d’électricité depuis trois jours. « Il n’y a vraiment plus d’eau. Les populations ont fui. Les islamistes aussi. C’est une ville fantôme », a indiqué Moctar Ould Kery, conseiller municipal de la région de Tombouctou. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus de 9 000 Maliens ont fui dans les pays voisins depuis le début des opérations militaires françaises. Le nombre total de réfugiés dans la région dépasse désormais les 150 000 personnes et il y a environ 230 000 déplacés à l’intérieur du Mali.
Et à la situation humanitaire qui s’aggrave, s’ajoutent les accusations des organisations de défense des droits de l’homme et de nombreux témoins contre l’armée malienne qui se serait rendue coupable d’exactions, particulièrement à l’encontre des Arabes et des Touareg, assimilés aux « terroristes » islamistes. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a répliqué en assurant que Paris sera « vigilant » pour éviter d’éventuelles exactions de l’armée malienne.
Face à cette situation, les chefs d’état-major ouest-africains doivent se rencontrer aujourd’hui en urgence à Abidjan afin de discuter des opérations au Mali, a annoncé la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest. Des soldats de la force africaine, mandatée par l’ONU, ont de leur côté commencé à se déployer au Mali, où 2 500 soldats français sont déjà positionnés. Ainsi, 160 militaires du Burkina Faso sont arrivés à Markala pour prendre la relève des Français, qui tenaient un pont stratégique sur le fleuve Niger. Quelque 6 000 soldats africains devraient à terme être présents au Mali. En outre, l’intervention militaire au Mali devrait dominer le sommet des chefs d’État de l’Union africaine, demain et lundi à Addis-Abeba.

Pas de risque d’enlisement
De son côté, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a affirmé qu’il n’y avait « pas de risque d’enlisement » de la France au Mali, ajoutant que « les objectifs » fixés par Paris dans ce pays étaient « atteints et respectés ». « La mission internationale interafricaine se met en place peu à peu, elle a vocation à se substituer aux troupes françaises », a-t-il précisé. La France a toutefois demandé à ses partenaires occidentaux un renforcement de leur soutien logistique à l’opération Serval, notamment en avions ravitailleurs, a-t-on appris auprès du ministère de la Défense. Il s’agit pour l’instant « de discussions », souligne-t-on, en précisant que la demande a été adressée « aux pays dont on sait qu’ils ont la capacité ». Une dizaine de pays, principalement occidentaux, fournissent déjà un soutien, notamment en moyens de transport, à l’opération française au Mali. La Grande-Bretagne, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, la Belgique, mais aussi les États-Unis et le Canada, ont notamment répondu aux demandes françaises avec des avions C17, C130 ou C160 pour transporter des troupes et du matériel. Et encore hier, la Grande-Bretagne a annoncé avoir également envoyé un avion de surveillance « en soutien aux opérations militaires françaises ». En outre, le ministre marocain de l’Intérieur, Mohand Laenser, a exprimé hier pour la première fois l’appui « sans réserve » du Maroc à l’intervention française.

Trévidic
Enfin, le juge antiterroriste Marc Trévidic a estimé que la progression des islamistes au Mali a créé un « appel d’air » pour de nombreux candidats au jihad en France, mais que les départs se raréfient depuis le début de l’intervention militaire française. Trois à quatre informations judiciaires ont été ouvertes en France au sujet d’individus soupçonnés d’être liés à des cellules combattantes au Mali, a-t-il indiqué.
(Source : agences)

 

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