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Grève des enseignants de l’UL : ce qu’en pensent les étudiants

En grève, les enseignants de l’UL menacent de recourir à l’escalade et appellent les étudiants à soutenir leur cause en assurant qu’ils ne revendiquent pas uniquement leurs droits, mais qu’ils défendent aussi l’enseignement public au Liban. Comment les étudiants perçoivent-ils cette grève ? Éléments de réponse.

Manuela Assaker et Roxane Aoun, à la faculté de traduction, à Rawda.

« C’est une cause qui touche l’existence même de l’Université libanaise », assure Hala Noufaily, étudiante en presse, qui a participé à la manifestation organisée par la ligue des enseignants de l’UL le 17 janvier. « Est-il permis que les formateurs des futures générations soient privés de leurs droits les plus évidents ? » s’écrit-elle.
Roudy Abou Jreige, 18 ans, étudiant à la faculté des sciences, est du même avis : « Les conditions économiques, sociales et académiques inéquitables dont souffrent nos enseignants rendent leur cause juste. » Et concernant la suspension des cours, il ajoute, catégorique : « Je soutiens la grève. Je préfère ne pas assister à des cours donnés par des enseignants spoliés de leurs droits les plus élémentaires tels que des salaires payés mensuellement. Notre soutien aidera les enseignants à obtenir gain de cause dans leurs demandes. »
Roxane Aoun, elle aussi, défend les revendications des grévistes. La jeune fille de 20 ans, étudiante en traduction à l’UL, soutient les professeurs « qui n’ont plus d’autre choix que la grève ». Suzanne el-Haber, étudiante à la faculté de pédagogie, elle, va plus loin dans ses critiques. « L’injustice que vivent les enseignants n’est pas le seul malheur dont nous souffrons à l’UL. Les conditions dans lesquelles nous poursuivons nos études sont parfois inacceptables. L’état des locaux et des laboratoires laisse à désirer. Et il arrive parfois que des équipements technologiques manquent », se plaint-elle.

Soutien et inquiétude
« En tant qu’étudiantes en première année, nous ne sommes pas encore habituées à la vie universitaire », confient Rana Tanos et Nada Semaha, avant d’ajouter : « Et avec les grèves qui se poursuivent, tout est perturbé. Alors, malgré notre conviction de la justesse des demandes des professeurs, nous sommes inquiètes. Nous avons des examens finaux à présenter, et nous ne voulons pas que cette grève affecte notre avenir. »
Cybelle Abboud, étudiante en deuxième année de biochimie, quant à elle, n’est pas inquiète. Elle affirme avec confiance : « Nos profs ont été des étudiants, ils sont donc conscients de notre droit à nous instruire. D’ailleurs, ils nous ont affirmé qu’ils sont prêts à compenser les heures perdues. » Elle, elle confie qu’elle profite de ce temps d’arrêt des cours pour réviser les leçons qu’elle a déjà apprises et pour faire des recherches sur les prochaines notions à apprendre. Bassel Kteich, étudiant à la faculté de gestion, lui aussi essaye de tirer profit des interruptions des cours. Le jeune homme a augmenté ses heures de travail, ce qui lui permet « d’arrondir ses fins de mois bien plus que ces conflits qui ne (le) concernent pas ».

D’autres moyens de pression
Élissa Merhi, étudiante en master de physique, propose une solution au conflit : « Un simple concours permettrait de choisir les enseignants les plus méritants. Cela pourrait représenter un compromis entre le gouvernement et les grévistes. » Toutefois, la jeune étudiante se reprend vite : « Tout cela n’est valable qu’au cas où ce dossier serait académique, mais s’il est de nature politique, alors on n’y peut rien. »
Or, pour certains étudiants – qui ont préféré ne pas s’exprimer sur la grève –, il n’y a pas de doute que la nature de ce conflit, « très ancien et qui peut encore durer longtemps », est politique et non pas académique. « En tant qu’étudiants, nous ne pouvons rien faire ; et notre appui ou notre refus de cette cause n’a aucune influence sur les décisions du gouvernement », affirme Ward Hadchiti, étudiante à la faculté de pédagogie.
Lamia*, étudiante à la faculté de génie, proteste : « Les étudiants sont victimes du conflit qui oppose les enseignants au gouvernement. Nous avons le droit d’assister aux cours. D’ailleurs, nous sommes là pour cela. Il faut que les enseignants trouvent un autre moyen de pression sur l’État pour atteindre leur but. »
Une demande qui devrait être prise en considération si les revendications des grévistes ne sont pas satisfaites prochainement.

Arzé NAKHLÉ

* Nom fictif.
« C’est une cause qui touche l’existence même de l’Université libanaise », assure Hala Noufaily, étudiante en presse, qui a participé à la manifestation organisée par la ligue des enseignants de l’UL le 17 janvier. « Est-il permis que les formateurs des futures générations soient privés de leurs droits les plus évidents ? » s’écrit-elle. Roudy Abou Jreige, 18 ans,...
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